Le Consommons local au Bénin comme partout dans l’Union économique et monétaire (Uemoa) est confronté à de nombreux défis. Ceci, en dépit de l’effort que font les responsables étatiques et les associations de consommateurs. Dans cette interview, Franck Robin Accrombessi, président de « La voix des consommateurs » dévoile quelques défis du consommons local et les attentes des consommateurs.
Pourquoi ‘’consommer local’’ et qu’est-ce qui motive votre engament pour ce combat ?
Pour nous, la promotion du consommons local, c’est notre cheval de bataille parce qu’aujourd’hui consommer local, c’est garantir pour le consommateur une bonne qualité de produit que ce soit au plan technologique ou parlant des produits alimentaires. C’est aussi vous offrir la chance de développer une économie plus résiliente et émergente parce qu’il n’est pas possible pour nos économies africaines et particulièrement béninoise de pouvoir atteindre un certain seuil de développement, si nous ne focalisons pas toutes nos ressources financières en termes de consommation sur la production locale. D’ailleurs, ça fait un élément essentiel de l’Objectif de développement durable 12 (ODD 12) qui parle de production et de consommation responsable. La responsabilité du consommateur passe par là. Contribuer au développement de notre économie pour que les jeunes puissent avoir accès enfin à l’emploi. Nous sommes donc venus, aujourd’hui, rappeler ces trois principes : une économie émergente, une économie qui fournit de l’emploi à la jeunesse et puis une économie de production qui garantit la qualité de produit sur le marché. Mais la protection du consommateur nous demande de veiller au grain. Nous voulons accompagner, oui ! Mais nous voulons nous assurer dans le même temps que l’État par ses institutions en charge du contrôle de la qualité telles que l’ABSA, l’AMCQ, l’ANM puissent faire des contrôles appropriés et nous certifier que les produits qui sont mis sur le marché, qui sont autorisés pour la mise en consommation sont des produits sains, c’est-à-dire des produits de bonne qualité.
Quelles sont concrètement les limites des produits béninois quant à la compétitivité sur le marché ?
Nos produits font face à des défis qu’ont connus aussi les produits occidentaux de par le passé même jusqu’aujourd’hui. La qualité n’est pas toujours l’apanage des jeunes entreprises. Parfois, on a la biotechnologie pour mieux que la nature mais en définitive, on fait très bien moins que la nature. Donc, pour nous, aujourd’hui, les produits ultra-raffinés, les produits très raffinés, ce n’est pas bon. Nous invitons les producteurs à ne pas aller dans ce sens. Ils n’ont qu’à tenter de maintenir les produits le plus naturel possible, utiliser des conservateurs les plus naturels possibles et ils verront que les consommateurs béninois adopteront davantage ces produits. Mais, l’autre problème, c’est le design ou du packaging. Lorsque vous prenez l’emballage d’un produit, il doit être attrayant. Par ailleurs, la communication a besoin d’être mieux structurée parce qu’en fait si vous donnez la responsabilité à un producteur de pouvoir communiquer, ce n’est pas son métier. Si vous donnez la possibilité à une entreprise commerciale de faire la communication, certes elle va le faire. Mais lorsqu’une organisation de consommateur comme la nôtre, active et crédible vient pour dire, nous recommandons tel produit parce que nous avons suivi le processus, nous garantissons la labellisation de ce produit là, vous verrez le consommateur est plus rassuré parce qu’il sait que nous nous battons rien que pour ses intérêts, non pas pour les intérêts de l’entreprise, non pas pour les intérêts de l’Etat mais rien que pour les intérêts du consommateur.
Qu’est-ce qui pourrait permettre la compétitivité des prix entre produits importés et locaux ?
Parlant de compétitivité des prix par rapport aux produits locaux, nous, nous n’avons simplement, qu’à attirer l’attention des fournisseurs pour qu’ils fassent attention aux prix proposés d’où nous leur recommandons, nous leur conseillons d’apprendre à travailler en coopérative. Le fait de regrouper les énergies et les ressources, ça leur permet d’être plus productifs et le coût de revient des produits est moindre. À force de vouloir produire tout seul, ce n’est pas évident pour chacun. En ce qui concerne la politique de prix aussi, on peut faire des plaidoyers en direction de l’Etat pour que l’État voit dans quelle mesure accompagner parce qu’il ne faut pas se leurrer. Lorsque vous prenez les produits agroalimentaires occidentaux, ce sont les États occidentaux qui financent, qui accompagnent. Donc il est normal que chez nous aussi, nos États puissent aller dans ce sens et peut-être que nos plaidoyers seront bien entendus un jour par nos gouverneurs.
Avez-vous un message à adresser aux consommateurs
Je voudrais inviter nos concitoyens consommateurs à rester toujours alerte, consommer en étant éveillé, en suivant objectivement ce qui leur est proposé mais à s’orienter beaucoup plus vers la consommation de proximité. S’assurer que les produits qui sont mis à votre disposition sont des produits qui ont été contrôlés. Nous n’allons pas certes paraître très exigeants par rapport aux autorisations du prix sur le marché mais tout au moins si les structures peuvent inscrire avec l’accompagnement de l’ABSSA par exemple, la démarche HACCP respectée dans la production, cela va encore mieux nous rassurer et donc les consommateurs pourraient y aller.
Réalisation : Bidossessi WANOU & Maribelle EKAGNON (Stag)