(Les usines de transformation patinent)
Le Bénin figure parmi les pays africains les mieux lotis en matière de production de mangues. Ainsi, pour cette campagne 2018, les villages, les villes et les marchés béninois sont déjà débordés des nouvelles sorties de mangues. Bien que cela constitue une richesse économique pour le Bénin, les mangues produites pourrissent et souffrent d’une transformation industrielle pour le pays.
La diversité des produits agricoles dont la production des fruits de mangue ou le Bénin est un atout pour le développement économique du pays mais hélas. En effet, pour cette campagne agricole 2018, les villages, les villes et les marchés béninois sont déjà débordés des nouvelles mangues produites. Une tournée du vendredi 10 au 15 mai 2018 nous a permis d’avoir un aperçu de l’abondance des mangues dans plusieurs localités. Une descente dans la ville de Kpomassè et à Ouidah et dans plusiuers communes du Zou montre que les mangues sont vendues à vil prix. La grande bassine de petites mangues est vendue entre 500 Fcfa et 1000 Fcfa. Dans la ville de Lokossa, le prix de la grande bassine de mangues est compris entre 300 et 700 Fcfa. Le prix de vente est encore plus bas dans la commune d’Abomey et de Bohicon. « Nous jetons les mangues à cause de la mévente et les mangues se gâtent », nous a expliqué Maman Joseph, une revendeuse de mangues. De Parakou en passant par Djougou et Natitingou, ce sont des tas de mangues qui souhaitent la bienvenue aux passagers. Tout le monde est devenu commerçant ou revendeur de mangues, à cause de l’abondance de ce fruit. Il faut noter que plusieurs tas de mangues pourrissent à même le sol dans les différentes localités que nous avons parcouru. Cette situation qui perdure depuis des lustres interpelle plus d’un notamment les autorités à divers niveaux. En effet, la mangue est une culture à forte valeur ajoutée échangée sur les marchés nationaux, régionaux et, de plus en plus, internationaux. Cette chaîne de valeur est considérée comme exemplaire concernant les questions sur le développement de différents modèles de chaînes de richesse. Et, le Bénin possède une économie côtière ouest-africaine fondée sur le secteur agricole qui emploie près de 80% de la population, une opportunité à exploiter mais négliger. Environ 65% de la population vivent dans les zones rurales et dépendent de l’agriculture à petite échelle pour leurs revenus. Les exploitants agricoles vivent dans un environnement difficile et les niveaux de revenu sont généralement insuffisants pour investir dans des intrants de qualité tels que des semences, des fertilisants ou des machines agricoles (PNUD, 2008).
Une politique de transformation des mangues et autres produits en jus de fruits s’impose
Au Bénin, d’importants volumes de mangues sont produits et sont principalement commercialisés sur le marché intérieur mais également régional, au Niger et au Nigeria. Des données fiables manquent mais la FAO estime la surface couverte par la mangue à 2 400 ha en 2008, avec une production annuelle de 13 000 tonnes (FAOSTAT). Les mangues sont produites par de petits producteurs qui ont généralement un mélange de variétés dans leurs vergers. La principale zone de production au Bénin se situe dans le septentrion notamment dans les villes de Tanguiéta, Natitingou et Parakou. En effet, dans les années 1990, le gouvernement du Bénin a créé une grande usine pour la fabrication de pulpe/jus de mangue et d’autres fruits et légumes. Après plusieurs années de production limitée, l’usine a été privatisée mais en raison d’un manque d’efficacité et de problèmes de gestion, elle a été fermée. Le gouvernement d’alors avait encouragé la plantation de vergers de manguiers afin de garantir l’approvisionnement en matière première. La situation actuelle de l’abondance de mangues dans toutes les localités nécessite une nouvelle politique de transformation des mangues. Si le Bénin postule son développement sur l’agriculture, la transformation industrielle des produits des mangues et autres va permettre de booster l’économie locale et par ricochet la croissance du Produit intérieur brut (Pib) du Bénin. Par ailleurs, des unités de transformation des produits agricoles peinent à fonctionner pour divers raisons. Au nombre de ces unités de transformation, on peut citer, l’usine d’Allada pour la production de jus d’ananas, l’usine de concentré de tomates à Kpomassè, l’usine de Zakpota pour la production de jus d’orange. Au nord-ouest du Bénin, deux usines, l’une d’alcool comestible de pomme de cajou à Bantè et l’autre de jus de mangues à Natitingou ; enfin, une usine d’amandes de cajou à Parakou au nord-Bénin.
Abdul Wahab ADO