Premier producteur de l’or blanc dans la région ouest-africaine, les efforts fournis par les acteurs de la filière au Bénin ont porté leur fruit dans la chaine de production. Pour mieux s’imposer, le pays devrait révolutionner cette filière à travers la transformation et la culture d’autres variétés, notamment le coton naturellement coloré.
Félicienne HOUESSOU
Depuis l’année dernière, le Bénin se félicite de la renaissance de la filière coton. Car, la production a atteint son plus haut niveau jamais enregistré. Un envol marqué par la croissance des surfaces emblavées et du rendement à l’hectare qui a progressé de 4,6% pour s’établir à 1128 kg à l’hectare. Ce rebond a généré un revenu de 155 milliards de FCFA grâce aux réformes engagés dans le secteur et la formation des producteurs sur les technologies d’amélioration de fertilité des sols. Ainsi, le Bénin dispose actuellement de 19 usines d’égrenage avec une capacité annuelle de 600.000 tonnes. Malgré cette forte potentialité, le coton béninois n’apporte pas grand-chose en termes de valeur ajoutée. Cependant, il urge de passer à la vitesse supérieure.
Des variétés de coton rouge, vert, rose clair et bleu pourraient être cultivées sur le sol béninois afin de rendre la filière plus compétitive. Ces variétés de coton de couleur sont supérieures aux variétés locales en termes de qualité et de finesse des fibres. Selon les spécialistes, la culture du coton biologique coloré permet de ne pas utiliser de colorants chimiques pour la teinture des vêtements, mais de confectionner directement des vêtements de couleur. Ce qui donne plus de valeur à cette variété, comparativement aux variétés locales. Le coton organiquement coloré représente une véritable révolution à plus d’un titre. En conjuguant atout technique et avantage esthétique, il simplifie considérablement les étapes de transformation puisqu’elle ne requiert ni blanchissement ni teinture. D’où des économies de coût de production mais aussi une préservation de l’environnement dans la mesure où l’industrie textile courante utilise pour ces deux opérations de grandes quantités de produits toxiques hautement polluants. Il est aussi singulier de noter que les nuances du coton organiquement coloré s’intensifient avec les lavages, là où certaines teintures synthétiques, au contraire, perdent de leur force. L’«écoproductivité» n’est pas uniquement une vertu intrinsèque à ce coton innovant, mais bien une politique de la marque. Aucun produit chimique, synthétique, toxique ou cancérigène n’entre dans le processus de production, transformation et fabrication.
Les variétés colorées ont été introduites par la Chine dans le pays pour son climat approprié. Des variétés de coton brun foncé et brun clair sont actuellement cultivées au Centre régional d’information scientifique agraire de l’Azerbaïdjan. Aussi, l’université agricole du Punjab en Inde travaille sur du coton naturellement coloré. L’objectif est de réduire la dépendance vis-à-vis des colorants chimiques et d’initier une approche plus respectueuse de l’environnement en limitant les teintures chimiques. Punjad Agricultural University (PAU) de Ludhiania en Inde a démarré une recherche sur la culture d’un coton naturellement coloré suite à la signature d’un protocole d’accord avec le conglomérat japonais Nippon Steel and Suminkin Bussan (NSSB). La PAU, sur financement de NSSB, utilisera l’approche de la cisgenèse pour développer des variétés de coton coloré en utilisant le même procédé mis en œuvre par l’Université d’agriculture et de technologie de Tokyo (TUAT) au Japon, qui a cloné les gènes responsables de la production de pigments chez les fleurs.