(Nous avons un taux de sous-emploi qui est de 70%)
Le directeur général de l’Agence Nationale Pour l’Emploi (AnpE), Urbain Amégbédji était l’invité de la chaine de télévision EDEN. Dans l’émission avec Donklam Abalo, le Dg de l’AnpE a passé au scanner toutes les réformes et les statistiques du marché de l’emploi au Bénin.
Falco Fignon
Selon le Dg de l’AnpE, lorsqu’on parle de chômage, c’est la résultante d’un certain nombre de facteurs qui remontent, parfois, à plusieurs années avant, notamment en ce qui concerne l’orientation. Lorsque l’enfant se trompe dans le choix du métier, il se fait qu’il est confronté au chômage longtemps après. C’est dans la perspective de prévenir ces cas que, l’Agence Nationale Pour l’Emploi (AnpE) organise des « entretiens avec eux-mêmes pour les éclairer sur les choix à faire après le bac ou avec les parents pour leur demander d’accompagner les jeunes ou leurs enfants dans les choix qui valorisent leur talents ou leur potentiels, de ne pas imposer aux enfants les choix du métier qui vont les amener plus tard dans le chômage ». A en croire Urbain Amégbédji, en chaque enfant, il y a un talent. « Et c’est ce talent qu’il faut développer dans l’enfant. C’est pourquoi on a les MESSI et Ronaldo. Il ne faut pas dire à un enfant qu’il doit être médecin parce qu’on est médecin. Chaque vient au monde avec un talent et c’est ce talent qu’il faut chercher », a indiqué le Dg de l’AnpE.
Comment se porte le secteur de l’emploi au Bénin ?
Sur cette question, le Dg de l’AnpE a fait savoir que le secteur de l’emploi évolue au même rythme que l’économie. Selon les chiffres du ministère des finances et des institutions internationales, le taux de croissance pour 2021 est de 7%. Donc, notre économie est en permanence croissance et de la même manière, le taux de chômage régresse et l’emploi augmente. Ceux qui sont au chômage, quand nous le disons, ils ne le croient pas. Moi, je suis placé à un endroit où je peux dire que le taux d’emploi augmente. J’ai les données qui me permettent de dire que le taux d’emploi augmente. Le taux de chômage est à 2% dans notre pays. Il y a une polémique au niveau du taux chaque fois que nous le donnons. Cela crée des tollés. Selon les données de l’OIT et du BIT, le taux de chômage est calculé pour le Bénin, la France de la même manière. Le taux de chômage est de 2% mais il ne faut pas occulter un autre phénomène qui frappe l’Afrique durement et particulièrement le Bénin aussi. C’est le sous-emploi. Le sous-emploi qui est un peu élevé. Nous avons un taux de sous-emploi qui est de 70%. C’est-à-dire ceux sont des personnes qui ont une qualification ou une compétence mais qui n’exercent selon leur niveau de compétences ou qui ne sont pas payées à la juste mesure de l’effort qu’elles font. 70% de taux de sous-emploi, est la maladie des pays africains. C’est ça qui est notre problème. C’est pourquoi, j’ai l’habitude de dire que le Bénin ne souffre pas d’un problème de chômage mais de sous-emploi. C’est pour ça que nous avons des gens qui ont la maîtrise, les Master et la Licence mais qui sont des zémidjans, qui font des métiers qui ne correspondent pas à la qualification ou au niveau de compétence qu’ils ont ou qui sont sous payés par rapport à leur qualification et toutes ces personnes sont nombreuses dans notre pays.
Qu’est-ce que vous faites pour ces personnes ?
Le Dg de l’AnpE a expliqué comment fonctionne le secteur. « Pour vous dire la vérité, ce n’est pas moi qui apporte la réponse. Le chômage, ce n’est pas une agence comme la mienne qui joue le rôle de l’intermédiation, qui apporte les réponses au chômage. C’est sous l’emprise de l’économie, le secteur privé. C’est-à-dire pour qu’il y ait l’emploi, il faut qu’il y ait des entreprises et donc s’il y a plus d’entreprises, il y a plus d’emplois. Si l’économie va, il y aura de meilleurs emplois et le taux du sous-emploi va diminuer. Donc, mon agence ne peut pas apporter une solution directe à un problème de sous-emploi. Mais le gouvernement nous donne des moyens pour accompagner et sortir de là. La solution idéale est qu’il ait plus d’entreprises, que l’économie croisse d’avantage et que le recrutement puisse permettre aux gens de se retrouver. Si vous prenez les chiffres d’Apiex, à chaque trimestre, nous créons plus d’entreprises que le trimestre précédent. Cela veut dire que l’environnement économique devient de plus en plus favorable pour qu’il y ait autant de volonté de création d’entreprise qu’il faut et c’est chaque entreprise créée qui crée un emploi.
Nous publions chaque jour les demandes des entreprises en matière de compétences, les offres d’emplois chaque jour. On peut passer par un emploi précaire pour obtenir un emploi stable et cela dépend de la santé de l’entreprise. Ce que fait le gouvernement actuellement, c’est de créer l’environnement pour que l’entreprise puisse prospérer à savoir le courant. L’électricité est une denrée essentielle de l’entreprise. Et ils sont en train de le faire. Aujourd’hui, en tant que entreprise, vous pouvez l’avoir dans un délai court à des prix raisonnables. Les facilités pour payer ses impôts à travers l’internet etc., la dématérialisation des services, la justice du tribunal de commerce, un environnement de sécurisation du foncier etc…. Tout cela permet à l’entreprise de se sentir à l’aise pour s’installer au Bénin.
L’AnpE, l’interface entre demandeurs d’emplois et employeurs
Le deuxième niveau de solution, nous autres en tant qu’agence, notre rôle est de faire de l’intermédiation entre l’offre et la demande. C’est-à-dire entre les entreprises et les demandeurs d’emplois. Nous ne créons pas d’emploi. L’Anpe ne crée pas d’emplois. On facilite l’emploi. Comme dans le pays, il y a des chômeurs et des sous-employés, le gouvernement nous donne des ressources pour pourvoir les accompagner à travers des programmes comme PSIE (Programme spécial d’insertion dans l’emploi) que le chef de l’Etat a lancé pour favoriser les entreprises qui ont des difficultés de trésorerie à recruter afin que l’Etat puisse venir à leur aide pendant un an à deux ans, l’Etat paie le salaire à leur place. Nous venons de lancer le Programme d’inclusion des jeunes, parce que dans notre pays, on a des diplômés et des non diplômés mais qui ne sont pas des personnes à rejeter mais à recruter, qui ont des compétences et des capacités et l’industrie a besoin d’ouvriers.
Donc le gouvernement a mis en place avec l’appui de la Banque mondiale un nouveau Programme d’inclusion des jeunes où nous allons recruter plus de 25 000 jeunes pour les industries qui n’ont pas besoin de formation pendant deux ans ou trois ans ou trois mois à un an et nous les mettons au pas des industries. Les 1000 emplois qui viennent d’être créées dans la GDIZ, c’est nous qui avons conduit le processus. Nous sommes en partenariat avec la GDIZ. Ensuite nous avons le programme de reconversion. Nous avons beaucoup de jeunes qui ont des formations académiques générales alors que la typologie du marché de l’emploi de notre pays ne permet pas le recrutement de ces personnes-là. Le marché de l’emploi a besoin, aujourd’hui, selon nos statistiques, de techniciens, de gens pratiques.
Dernière chose, les jeunes qui ne sont pas là pour travailler pour les entreprises. Ils peuvent également créer des entreprises et là, nous avons le gros volet de l’entrepreneuriat. Et quand les jeunes viennent à nous et que nous sommes comme des médecins sociaux, nous diagnostiquons que ce jeune a des idées, a du potentiel et a des capacités de créer une entreprise, nous l’encourageons dans son désir éventuel jusqu’à ce qu’il y arrive. Plus les jeunes créent des entreprises, plus nous allons régler le problème de chômage. Nous faisons du renforcement des capacités des jeunes.
Quels sont les types de demande d’emploi que vous recevez ?
99% des demandes que nous recevons, ce sont des demandes de métiers (des techniciens de BTP, de la finance, de l’assurance) dans tous les domaines et à plusieurs reprises, nous ne trouvons pas. Le marché de l’emploi demande des techniciens que nous ne trouvons pas. Parce ce que ceux que forment les universités ne correspondent pas aux demandes du marché. Tout le monde sait que les causes du chômage au Bénin, c’est qu’il n’y a pas une adéquation entre la formation et le marché de l’emploi. Le gouvernement actuel a pris le taureau par les cornes pour régler le problème. Le marché demande autre chose, la formation fait autre. Tant qu’on va continuer comme ça, cela ne peut pas aller. C’est ça qui amène la réforme du système éducatif actuel où nous allons passer de 70% en enseignement général et 30 % enseignement technique pour renverser et trouver 70% en enseignement technique et professionnel et 30% en enseignement général. Quand on va faire, cela nous allons mieux répondre à la demande des entreprises.