Le transport maritime est peu ou prou, le moyen le plus en vogue dans le commerce intercontinental. Un mode qui profite bien au port de Cotonou, vu son importance stratégique pour la desserte des pays de la sous-région. Mais, face à la concurrence de ses voisins, le port peine à s’imposer en plateforme compétitive en Afrique de l’Ouest.
Félicienne HOUESSOU
En pleine mutation depuis plusieurs années, le Port autonome de Cotonou connaît une phase de travaux colossaux dans le but de devenir une plateforme compétitive dans la sous-région. Il dessert les pays de l’hinterland tels que le Mali, le Burkina Faso, le Tchad, avec plus de 10 millions de tonnes de fret annuel. Ce port de transit de 300 hectares est également le premier port de transit du Niger, pays frontalier totalement enclavé, notamment pour l’exportation de l’uranium extrait dans le nord nigérien par le groupe français Areva. Le Port autonome de Cotonou doit pouvoir rivaliser avec ses voisins dans un secteur très concurrentiel, en forte croissance, due à la progression globale des échanges en Afrique de l’Ouest. Les géants Abidjan, en Côte d’Ivoire, et Tema, au Ghana, peuvent accueillir des navires plus gros. Leurs bassins sont plus profonds et plus étendus (le plan d’eau à Abidjan est de 1 000 ha contre 80 ha à Cotonou). D’une capacité d’environ 6000 m² soit une capacité d’environ 40,000 tonnes, le port de Téma sert de zone de stockage pour les produits en transit. Ainsi, les ivoiriens et ghanéens gardent une place prépondérante dans le commerce maritime de la région.
Selon le classement 2021 des plus Grands Ports d’Afrique, publié par Istanbul trade compagny, le port d’Abidjan est le plus grand port d’Afrique de l’Ouest ; car, il est utilisé comme point de transbordement vers l’Ouest et l’Afrique centrale avec le système ferroviaire en Côte d’Ivoire. Le port d’Abidjan dispose d’installations d’entrepôts pour différents types de marchandises. Il est suivi du port d’Apapa à Lagos qui comprend trois zones principales, Lagos, Apapa et Tin Can Island. Le terminal à conteneurs du port d’Apapa est construit sur 44 hectares et le port peut traiter jusqu’à 22 000 EVP de marchandises conteneurisées. Le terminal à conteneurs du port d’Apapa dispose de six postes d’amarrage et contient également 6,5 mille m2 de stockage couvert. Le parc à conteneurs peut traiter 19 500 EVP et contient 298 bouchons frigorifiques. Vient ensuite, en 3ème position, le port de Tema au Ghana. Le port traite 80% du fret international du pays. En 2020 le port de Tema a traité 21 millions de tonnes de produits. Le port de Tema dispose de cinq terminaux à conteneurs qui reçoivent, stockent et livrent des cargaisons conteneurisées. En quatrième position, le Port Autonome de Dakar d’où transitent des hydrocarbures raffinés, pétrole brut, acide phosphorique, pétrole, gaz, canne à sucre, bitume, soude caustique, produits chimiques, vin, clinker, soufre, charbon, attapulgite, riz, engrais, maïs, urée, gypse et crabes. D’autre part, l’édition 2021 du classement publié par la revue Lloyd’s List, spécialisée sur les questions maritimes place le port de Lomé dans le top 100 des ports les plus importants d’Afrique alors que le Bénin n’y figure pas. Le même magazine, en collaboration avec « Container Management » avait classé en 2019 le port de Lomé parmi le top 5 des ports du continent et comme le 1er hub de transbordement en Afrique de l’ouest avec 1,5 million d’Equivalents Vingt Pieds (EVP). Seul port en eau profonde de la côte ouest africaine avec une profondeur de 16,60 mètres, le port de Lomé opère en tant que hub de transbordement majeur pour la sous-région et comme la porte d’entrée sur les pays comme le Mali, le Niger, le Burkina-Faso, ainsi que le nord du Nigéria.
Renforcer les services au port de Cotonou
Les défis continuent de peser sur le secteur maritime, notamment les longs délais d’escale des navires, les problèmes de connectivité du transport maritime de ligne et la baisse des volumes maritimes due aux perturbations causées par la pandémie de COVID-19. La CNUCED estime que les échanges maritimes internationaux de l’Afrique comprenant les marchandises embarquées et débarquées, a chuté de 7,6 % en 2020. Selon la même source, soixante-quinze (75%) du commerce mondial en volume transitent par voie maritime. C’est le seul mode de transport capable d’assurer à un coût attractif les échanges liés au commerce intercontinental. C’est pourquoi le Bénin met tout en œuvre pour dynamiser les activités du port de Cotonou. En septembre 2021, le processus de digitalisation des services au port de Cotonou a été enclenché avec un nouveau système d’information portuaire. Il s’agit d’une plateforme technologique de traitement des demandes et de fourniture des différents services portuaires, de manière intelligente, centralisée, fiable et dématérialisée. Elle sera utilisée par les acteurs portuaires que sont les agents maritimes, la douane, les prestataires logistiques, les transitaires, les agences gouvernementales, les transporteurs, les opérateurs de terminaux et d’entrepôts. Bénin Terminal, opérateur du terminal à conteneurs du Port de Cotonou, a réceptionné en septembre 2020 deux nouveaux portiques. Ces nouveaux équipements vont permettre d’améliorer la productivité de Bénin Terminal, soutenir la compétitivité du pays et dynamiser les échanges commerciaux en Afrique de l’Ouest. En Novembre 2019, le Bénin a intégré l’Association des Armements Africains (3A), une organisation spécialisée de l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (OMAOC), par le biais d’un accord de siège concrétisé par le Secrétaire général du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération (MAEC) Hervé Djokpé, et le Secrétaire général de l’OMAOC Alain Luvambano. L’objectif phare de ce partenariat est de dynamiser le domaine de transport maritime. En compétition avec ses challengers de la sous-région ouest-africaine, le port de Cotonou mène plusieurs actions en vue de se positionner comme le hub régional du secteur maritime. Ainsi, les autorités envisagent la construction de nouvelles infrastructures prévues pour augmenter ses capacités.