Après la signature d’accord pour la contractualisation d’un projet de pipeline pour transporter de l’hydrocarbure des champs pétrolifères d’Agamé au Niger via le Bénin, les travaux d’installation du pipeline démarrent sous peu. Un vaste chantier qualifié d’historique entre les deux Etats. Mais c’est quoi en réalité un pipeline et que peut apporter un tel projet à l’économie béninoise? Sagbo Damien Ahouandokoun, Juriste-expert en économie du transport se prête ici aux questions de votre journal. Lisez plutôt…
- Le Bénin et le Niger ont signé récemment un accord de transport d’hydrocarbure via un pipeline : Il s’agit de quoi ?
Le pipeline est une canalisation composé de tubes utilisée pour transporter des fluides et en particulier du pétrole ou du gaz ; oléoduc, gazoduc.
En d’autre terme, le pipeline a un aspect purement commercial car il s’agit d’exporter du pétrole ou du gaz.
Le pipeline commercial est une expression illustrant le processus de traitement et de transformation des leads ou contacts commerciaux dans un contexte B2B. On utilise le terme de pipeline commercial pour imager le fait que celui-ci doit théoriquement alimenter les équipes commerciales d’un flux de contacts ou leads qualifiés devant être traités par les équipes de vente.
La notion de pipeline permet notamment d’illustrer le fait que dans le cadre d’une activité commerciale B2B (business to business) optimisée, le flux de production de suspects / prospects à traiter, doit être continu et plus ou moins régulier. Le terme peut également évoquer le fait que de façon similaire à ce qui se passe dans une raffinerie, les suspects subissent un ensemble de traitements de la part des équipes marketing et commerciales qui permettent de les transformer en clients à travers un processus de vente soigneusement établi.
2. Quel est l’impact socioéconomique d’un tel projet entre le Bénin et le Niger sur le transport et l’économie ?
L’objectif global de cette étude est d’identifier et de décrire les impacts socioéconomiques du projet pipeline Bénin –Niger sur les populations riveraines le long du corridor. Pour atteindre cet objectif global, il s’agit plus spécifiquement d’identifier et de décrire l’impact du projet pipeline sur :
1- les surfaces agricoles le long du corridor du pipeline ;
2- la production agricole le long du corridor du pipeline ;
3- le revenu des riverains du pipeline;
4- l’emploi et la formation des populations riveraines du pipeline;
5- les infrastructures d’éducation et de santé le long du corridor du pipeline;
6- la prévalence des maladies au sein des populations riveraines du pipeline.
D’abord les deux pays partagent de vielles relations ensemble et sont liés étroitement par une frontière terrestre laquelle frontière sert d’échanges commerciaux. Long de 2300km, cet important projet de grande envergure jamais réalisé au Bénin, va impacter positivement non seulement tout le pays mais surtout, va booster les activités portuaires d’une part mais également, le panier de la ménagère connaitra une amélioration d’autre part. Autrement dit, le port de Cotonou aura des redevances à prélever une fois que l’effectivité du projet est mise en service pour le bonheur des deux pays.
- Impact sur les périmètres agricoles
Du fait des activités de construction et de l’installation de l’oléoduc du projet pétrole nigérien, certaines personnes vont perdre leurs terres et plantations. Je pense que l’Etat dans ce vaste projet a prévu les plans de compensation pour procéder au dédommagement des gens qui seront concernés. Les compensations devraient permettre aux bénéficiaires d’aller coloniser d’autres espaces et y installer de nouvelles plantations semblables à celles détruites mais hélas, il leur faut un accompagnement fort pour leur permettre de s’installer et de continuer leurs activités pour le bonheur de leurs familles.
Le terrain devait en principe être restauré après les travaux du pipeline pour le rendre disponible à une utilisation future par les riverains. Les riverains ne pouvaient planter sur cette partie de l’emprise du pipeline que des cultures à enracinement peu profond et à cycle de production court. Toutes ces mesures devaient concourir à réduire l’impact du projet pipeline sur les surfaces agricoles cultivées.
Les résultats obtenus révèlent que le projet pipeline va détruire une bonne partie le long du corridor surtout les zones ou les paysans cultivent le mil, le maïs et surtout l’oignon principale culture de rente des populations rurales dans cette province du centre du Niger d’une part, et, l’igname, le maïs le sorgho et autres produits vivriers d’autres part au Bénin.
Sur le plan économique : le revenu, les activités génératrices de revenu et les infrastructures de qualité vont être érigés de part et d’autre le long du corridor.
Sur le plan social : l’aspect démographique (L’emploi pour le jeunes des villes et campagnes, et aussi, le phénomène migratoire se constatera……),
Le logement (Qualité et quantité), les services (Ecoles, centres de santé surtout …) et l’organisation sociale.
D’après Geoffrey (1990), quand on veut évaluer un projet, il y a certains indicateurs qu’il faudrait observer sur le plan socioéconomique. Ces indicateurs sont le revenu, les activités génératrices de revenu, les infrastructures, l’emploi, les migrations, les services et l’organisation sociale. Ce sont ces indicateurs qui servent d’éléments d’analyses.
Par ailleurs les différents auteurs qui se sont penchés sur les études d’impacts, pensent que celles-ci sont conçues pour observer le comportement des variables susceptibles d’être influencées par le projet. Roy et al. (1990) illustrent le rôle de la description des impacts socioéconomiques.
3- La réalisation du dit projet notamment le transport des matériaux induit une forte sollicitation des infrastructures routières disponibles entre le Benin et le Niger. Pensez-vous que l’état actuel desdits ouvrages le permet ?
Votre question pose un véritable problème de l’état des lieux de nos routes sur le corridor Cotonou –Niger. En la matière notre pays est en pleine construction surtout en matière d’infrastructures routières de grand standing. Nos routes ne sont pas totalement sécurisées, c’est-à- dire elles ne sont pas praticables par moment le long du corridor. En l’espèce, l’état actuel desdits ouvrages pose problème mais le gouvernement est conscient de cette situation, et est à pieds d’œuvre pour que tout le transport des matériaux se déroule dans de très bonnes conditions.
4- En tant que spécialiste en économie de transports, dites-nous, quel sera l’effet de ce projet sur les revenus du PAC.
Ce projet est une très grande chance pour le Bénin et une opportunité dans la mobilisation de nos ressources internes. D’abord le PAC de Cotonou est en amont et en aval dans ce projet. A cet effet, ce projet va booster les activités du port en matière de navires (tonnages) car, une fois le projet terminé non seulement le port percevra des redevances sur les produits pétroliers et autres ainsi que toutes les lignes du SEGUB à savoir : la Douane, le Cncb, la Ccib, le CNTP etc. C’est pour dire que chaque maillon de la chaine portuaire (les sociétés de manutentions, le transporteur, le transitaire, l’amateur etc.) trouvera son compte.
5– Quel rôle peut jouer le PAC dans le transport du matériel en vue d’un bon déroulement du chantier ?
L’autorité portuaire s’est déjà préparée et a aménagé en la matière, les aires de stockage en vue d’un bon déroulement car, il s’agit là d’une logistique difficile mais maitrisable par les autorités portuaires. Par conséquent, il joue un rôle en amont c’est-à-dire, avant même l’arrivée du navire elle s’assure que toutes les dispositions sont prises pour que la manutention se déroulent dans de bonne condition pendant les opérations et après les opérations. Son rôle est de veiller à la bonne marche des opérations.
6- Ce projet se limite juste au transport. La raffinerie ne sera pas surplace au Bénin. Qu’est-ce qui explique cet obstacle ?
Le Bénin n’est pas un pays industriel mais un pays de consommation. Nous ne disposons aucune industrie en matière de raffinerie d’où l’urgence d’exporter les produits pétroliers afin de les rendre plus consommables pour nos besoins de services et ventes. Il faut une volonté politique pour aller vers l’industrialisation en Afrique et au Benin en particulier.
7-Ces genres d’atouts se muent souvent en source de conflits et d’insécurité pour nos Etats. Le Bénin serait-il en train de tirer donc le diable par la queue avec ce projet ?
Tous les pays pétroliers en Afrique et du monde courent des risques. Notre pays le Benin n’en demeure pas moins. Les projets de cette envergure sont sources de conflit d’insécurité. Cependant, mettons les garde-fous et préparons-nous à faire de ce projet, un atout majeur pour le bonheur de nos concitoyens.
Entretien réalisé par Bidossessi O. WANOU pour L’économiste du Bénin