La Commission de l’Uemoa, par l’intermédiaire de son Département des politiques économiques et de la fiscalité intérieure (DPE), a rendu publique, ce mois d’octobre, la 5ème édition de la Note de cadrage macroéconomique de l’Union, qui offre une vue d’ensemble des perspectives économiques pour les 08 États membres. Parmi eux, le Bénin se distingue avec une prévision de croissance pour 2024 légèrement inférieure à celle de 2023, mais avec des investissements structurants.
Sylvestre TCHOMAKOU
En dépit des incertitudes internes et externes, l’économie béninoise continue de bénéficier d’une dynamique positive, soutenue par des réformes ambitieuses et des projets d’infrastructures de grande envergure. C’est ce que révèle la 5ème édition de la « Note de cadrage macroéconomique de l’Uemoa », publiée en octobre 2024. En 2023, l’économie béninoise a enregistré une croissance de 6,4 %, en légère hausse par rapport à 2022 (6,3 %). Cette dynamique, bien qu’affaiblie par la fermeture des frontières terrestres avec le Niger en raison des sanctions de la CEDEAO en juillet 2023, rappelle l’étude, est soutenue par l’ensemble des secteurs d’activité. Toutefois, précise la note, pour l’année 2024, la croissance devrait s’établir à 6,0 %, légèrement en dessous des prévisions initiales d’avril, en raison du ralentissement des activités de services comme le commerce et le transport. Une situation notamment attribuée à l’impact persistant des sanctions contre le Niger et à la mauvaise performance économique du Nigéria, deux partenaires commerciaux importants du Bénin. Malgré cette baisse temporaire de croissance, le Bénin, dans l’Union, se distingue par ses importants projets d’investissements publics, salués par la Commission de l’Uemoa. Pour les perspectives 2024-2028, les prévisions macroéconomiques reposent, selon la Note, sur plusieurs hypothèses.
Pour les experts de l’Union, la croissance du pays pourrait se renforcer avec la mise en œuvre des projets d’infrastructure énergétique ambitieux, dont la construction du barrage hydroélectrique Dogo bis (128 MW), ainsi que des centrales thermiques à Glo-Djigbé (140 MW) et à Maria Gléta (40 MW). Dans une dynamique d’assurer une meilleure sécurité alimentaire au plan national et pouvoir même desservir la sous-région, le Bénin, selon les perspectives macroéconomiques 2024-2028, se focalisera sur des initiatives visant à améliorer l’accès à l’eau, la mécanisation des exploitations, et la disponibilité de semences certifiées grâce à des structures telles que la Société Béninoise des Aménagements Agricoles (SoBAA) et la Société de Développement des Semences et Plants (SODESEP). La facilitation de l’accès aux marchés grâce à l’achat systématique des productions agricoles destinés à l’exportation par la Société de Développement et d’Agrégation des Produits Agricoles (SODAPA) est, par ailleurs, une priorité. L’État béninois poursuit également ses efforts pour soutenir les jeunes agriculteurs à travers la construction de 30 lycées techniques agricoles.
Consolidation budgétaire et maîtrise de l’inflation
Sur le plan financier, le Bénin poursuit une politique de rigueur budgétaire. En 2023, le déficit budgétaire global s’est réduit à 4,1 % du PIB, contre 5,5 % en 2022. Cette tendance devrait se poursuivre, avec un objectif de ramener le déficit sous la barre des 3 % à partir de 2025. Selon l’étude de la Commission de l’Uemoa, le pays, par ailleurs, s’efforce de maîtriser sa dette publique, qui devrait atteindre 55,7 % du PIB en 2024, après 54,5 % en 2023, avant de redescendre à 53,8 % d’ici 2028. L’inflation, quant à elle, a légèrement augmenté en 2023, atteignant 2,7 %, principalement en raison des tensions économiques au Nigéria. Toutefois, sur la période 2024-2028, l’inflation devrait revenir à un taux moyen de 1,2 %, reflétant une meilleure maîtrise des prix.
Perspectives 2024-2028
Les prévisions à moyen terme pour le Bénin sont globalement positives, avec une croissance économique qui devrait remonter à 6,3 % en 2025 et se stabiliser autour de 6 % sur la période 2026-2028. Ces perspectives sont soutenues par la poursuite des réformes économiques, notamment dans la gestion des finances publiques, ainsi que par le développement d’infrastructures stratégiques, telles que l’extension du port de Cotonou et le début de l’exportation de pétrole brut nigérien via le pipeline Niger-Bénin. Toutefois, la Commission de l’UEMOA met en garde contre certaines incertitudes, notamment l’efficacité des projets de développement économique et les risques liés aux conditions financières mondiales. Le Bénin devra également renforcer sa lutte contre les menaces sécuritaires pour garantir une stabilité propice à son développement économique. « Les autorités béninoises devraient ainsi prendre les dispositions en vue de poursuivre : les efforts de lutte contre le terrorisme ; la mise en œuvre des programmes de soutien à l’agriculture et veiller à sa diversification ; et la gestion prudente de la dette publique, notamment dans le contexte actuel de renchérissement de l’emprunt sur les marchés financier », précise la « Note de cadrage macroéconomique 2024-2028 » de la Commission de l’Uemoa dans ses recommandations au Bénin.