Huit mois après le sommet de février entre les dirigeants de l’Union africaine et de l’Union européenne, la Fondation Afrique-Europe (AEF) a publié, 27 octobre 2022, son rapport annuel approfondi sur l’état des relations entre les deux continents voisins. Dans cette étude, le groupe de personnalités de haut niveau de l’AEF invite à plus d’investissements ciblés sur le continent.
S.T.
En dépit des engagements pris au lendemain du sommet de février 2022, la Coopération Afrique-Europe a du plomb dans l’aile. Dans son rapport 2022 soutenu par le Groupe de personnalités de haut niveau, la Fondation Afrique-Europe révèle une détérioration des relations découlant des faiblesses qui sont apparues depuis 2020 ; parmi lesquelles, les réponses inéquitables à la pandémie de Covid-19 et l’échec du financement du climat, qui ont mis en évidence les déséquilibres économiques et de pouvoir entre les deux continents. Toutefois, le rapport affirme qu’en dépit, ou en raison, de l’évolution de la géopolitique mondiale, un partenariat Afrique-Europe solide reste le moyen le plus efficace de résoudre les crises interconnectées que sont l’inflation, l’accès à l’énergie, l’insécurité alimentaire et le changement climatique. Pour faire progresser les relations Afrique-Europe, le rapport préconise de suivre les progrès, de maintenir des espaces ouverts pour un dialogue régulier et d’aborder la gouvernance mondiale, ainsi que les réalités démographiques et économiques du 21e siècle. D’après l’AEF, sans la création et le développement de chaînes agroalimentaires locales, l’approvisionnement alimentaire local échappe au contrôle de l’Afrique et il est crucial de soutenir les chaînes agroalimentaires locales pour parvenir à une plus grande intégration économique et développer les corridors commerciaux. Les engagements de financement existants, souligne la fondation dans un communiqué de presse, doivent également être respectés, et de nouveaux engagements doivent être convenus pour maintenir la dynamique de l’action climatique. La priorité doit être accordée aux 100 milliards de dollars que la COP26 aurait dû mobiliser et convenir de la voie à suivre pour doubler le financement de l’adaptation d’ici 2025. « À l’horizon 2023, les ambitions en matière de climat doivent être renforcées si l’on veut que nos deux continents enregistrent les progrès nécessaires », interpelle l’AEF. Annonçant la publication du rapport, Mo Ibrahim, cofondateur de l’AEF, fondateur et président de la Fondation Mo Ibrahim, a, dans ce sens, indiqué qu’ « il est crucial que l’Afrique et l’Europe avancent ensemble sur leurs objectifs climatiques (…) Les liens de coopération et d’amitié qui unissent les deux continents sont au cœur de notre mission et doivent rester solides ». Il poursuit en soulignant qu’« à ce titre, et dans un contexte marqué par l’augmentation des crises, des enjeux et des répercussions sur la sécurité alimentaire et énergétique des Etats, il est crucial pour le Groupe de Haut Niveau de passer au crible les problématiques communes aux Africains et aux Européens et de réfléchir à leurs éventuelles solutions. Chercher ensemble des réponses aux défis alimentaires et environnementaux qui nous concernent tous est un impératif ». Pour sa part, Ibrahim Mayaki, co-président du groupe stratégique de l’AEF sur les systèmes agricoles et alimentaires durables, ancien Premier ministre du Niger et ancien directeur de l’AUDA-NEPAD, a souligné la nécessité pour tout nouveau plan de s’inscrire dans les plans existants de l’Afrique pour des systèmes alimentaires résilients, tels que le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA). « C’est, soutient-il, une erreur de ne pas en parler… toute nouvelle initiative qui se présente doit s’inscrire dans les stratégies que nous avons mises en place. ».
Selon Mary Robinson, coprésidente de la Fondation Afrique-Europe et ancienne présidente de l’Irlande, dans la perspective de la COP27 et au-delà, un travail sérieux sur le partenariat climatique et l’adaptation est nécessaire, sur la base d’un dialogue franc. C’est à ce titre qu’elle indique que « si l’Afrique et l’Europe veulent construire un véritable partenariat sur le climat, il faut changer radicalement la compréhension des besoins immédiats de chacun et des aspirations à plus long terme que les deux continents se sont fixés. La Fondation Afrique-Europe a un rôle clé à jouer pour garantir que des dialogues francs contribuent à ouvrir la voie à ce partenariat ». Avec la COP27 qui se profile à l’horizon, les questions d’adaptation, d’atténuation, de pertes et de dommages et les solutions pour renforcer la résilience de l’agriculture et des systèmes alimentaires aux effets néfastes du climat, recevront toute l’attention qu’elles méritent à Sharm-El-Sheikh.
À propos de la Fondation Afrique-Europe
La Fondation Afrique-Europe a été cofondée par Friends of Europe et la Fondation Mo Ibrahim, en partenariat avec la Fondation africaine pour le climat et ONE Campaign. L’objectif de la Fondation Afrique-Europe est de renforcer les relations entre l’Afrique et l’Europe en facilitant le dialogue entre les différentes parties prenantes, en catalysant les partenariats et en débloquant de nouvelles opportunités.