Bien que les néobanques et des cryptobanques aient apporté l’eau au moulin dans un secteur jadis dominé par les banques traditionnelles, bon nombre d’experts ont fait savoir que ces nouveaux-venus représentent des aventures risquées pour les consommateurs.
Issa SIKITI DA SILVA
Selon PA Consulting, une néobanque est 100% numérique et utilise des applications et des plateformes en ligne pour soutenir ses clients, plutôt que des succursales physiques traditionnelles.
Stéphanie Garrel, rédactrice de Mobile Transaction France, renchérit que certaines néobanques possèdent une licence bancaire et sont donc des banques sans agence, tandis que d’autres n’en ont pas et sont décrites comme des « intermédiaire financiers », car elles utilisent les services d’une banque qui héberge les fonds des clients.
La liste de 13 néobanques publiée sur le site de Neobanks.app comprend trois néobanques nigérianes, une de l’Afrique du Sud et une égyptienne.
Charlie Perreau du Journal du Net définit une cryptobanque comme un établissement bancaire dont la particularité est de proposer à la fois des produits financiers classiques en monnaie fiat (euro, dollar, CFA) et en cryptomonnaies. Par exemple, le client d’une cryptobanque peut à la fois payer en euros et bitcoins via son compte courant.
Certains observateurs catégorisent déjà des entreprises Fintech fiables comme Binance comme des cryptobanques même si elles n’ont pas une licence bancaire. Binance, une entreprise prospère qui a plus de 15 millions d’utilisateurs, 1,4 millions de transactions par seconde et 2 milliards de dollars de volume de trading moyen, envisage d’acquérir des banques et des processeurs de paiement au Brésil.
Aventures à haut risque
Si pour les consommateurs, cette révolution financière signifie un accès potentiellement plus large à de meilleurs services, les experts craignent que ces segments d’activité s’accompagnent de risques à l’échelle du système.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), la finance décentralisée, connue en anglais comme « DeFi », est particulièrement vulnérable aux risques de marché, de liquidité et de cybersécurité.
« Les cyberattaques, qui peuvent être graves pour les banques traditionnelles, sont souvent mortelles pour ces plateformes, dérobant des actifs financiers et minant la confiance des utilisateurs », expliquent Antonio García Pascual et Fabio Natalucci, deux experts du FMI.
A en croire ces deux éminents économistes, le manque d’assurance des dépôts dans la DeFi pourrait symboliser que tous les dépôts seraient à haut risque, car historiquement, les retraits importants de clients font souvent suite à des nouvelles de cyberattaques contre des fournisseurs.
Récemment, Binance avait bloqué 281 comptes personnels nigérians apparemment dans le but d’assurer la sécurité de la plateforme et prévenir la fraude.
En outre, les néobanques sont plus exposées que les banques traditionnelles aux risques liés aux prêts à la consommation qui bénéficient généralement de moins de protection contre les pertes, car ils ont tendance à être moins garantis, ont indiqué Antonio García Pascual et Fabio Natalucci dans une tribune publiée sur le site du FMI.
« Leur exposition s’étend également à une prise de risque plus élevée dans leur portefeuille de titres, ainsi qu’à des risques de liquidité plus élevés (en particulier, les actifs liquides détenus par les néobanques par rapport à leurs dépôts ont tendance à être inférieurs à ceux détenus par les banques traditionnelles) ».