Transparence, centralisation des fonds et responsabilisation, tels sont les piliers d’une réforme ambitieuse portée par un budget de 3 551 milliards F Cfa et des outils modernisés pour optimiser la gestion des ressources publiques.
Aké MIDA
Le Bénin franchit une nouvelle étape dans la gestion de ses finances publiques avec la mise en œuvre des modalités d’exécution du budget 2025. Pilotée par la Direction générale du Budget (Dgb), cette réforme vise à renforcer la gouvernance financière et à améliorer l’utilisation des ressources publiques. Elle concerne l’ensemble des administrations publiques – administration centrale, collectivités territoriales, établissements rattachés, entreprises publiques (offices et agences) et organes de prévoyance retraite.
L’objectif des instructions et modalités d’exécution des budgets est de bâtir, d’année en année, une gouvernance publique plus cohérente, flexible, transparente et responsable. La loi de finances 2025, équilibrée en ressources et charges à hauteur de 3 551,005 milliards F Cfa, s’aligne sur le Programme d’actions du gouvernement (Pag).
Selon Romuald Wadagni, ministre de l’Economie et des Finances, ce budget illustre un engagement envers une gestion rigoureuse, tout en poursuivant la réduction du déficit budgétaire et l’approfondissement des réformes structurelles.
Axes stratégiques de gestion
La gestion budgétaire 2025 repose sur plusieurs axes stratégiques. La modernisation des outils de gestion avec l’adoption de plans triennaux d’opérationnalisation, de travail annuel et de passation des marchés publics devient une obligation. Ces outils devraient être validés et transmis à la Dgb au plus tard à la mi-janvier pour assurer une exécution rigoureuse et transparente des projets.
La centralisation des fonds publics impose que toutes les recettes publiques soient regroupées sur le Compte unique du Trésor (Cut). Ce dispositif, régi par l’arrêté n° 2481 du 15 octobre 2020, assure un meilleur contrôle et une transparence accrue dans la gestion des finances publiques. Les décaissements publics doivent également être effectués via ce compte.
Le renforcement des prérogatives des Trésoriers ministériels est un autre axe majeur. Les Trésoriers des ministères et institutions de l’État (Tmie) deviennent les comptables principaux pour les dépenses publiques, tant au niveau central que départemental. Leur collaboration avec les autorités sectorielles est essentielle pour garantir une exécution budgétaire efficace.
L’orientation vers la performance est facilitée par le Système d’information de gestion des finances publiques (Sigfp), déployé pour améliorer l’efficacité des opérations budgétaires. Chaque ministère ou institution doit produire des rapports trimestriels et annuels afin d’assurer un suivi rigoureux.
Discipline et suivi rigoureux
La gestion des risques budgétaires inclut la cartographie des risques, qui devient obligatoire pour chaque structure administrative. Sous la supervision des secrétaires généraux, cet outil permettra de prévoir les failles potentielles et de mettre en place des plans de mitigation appropriés.
Un partenariat renforcé entre les acteurs est essentiel. Les termes de référence pour les projets ou marchés doivent être approuvés par le Bureau d’Analyse et d’Investigation (BAI) avant leur exécution, garantissant une meilleure coordination et une conformité aux objectifs de la réforme.
Romuald Wadagni a insisté sur l’importance d’une discipline stricte : « Le respect scrupuleux des procédures et des principes régissant la gestion des finances publiques est une exigence fondamentale », a-t-il déclaré dans les lettres de notification adressées aux administrations.
Cette réforme ambitieuse pourrait rencontrer certains défis, notamment en matière de coordination entre les différents acteurs publics et de gestion des fonds alloués aux collectivités territoriales. Toutefois, les mesures prévues, telles que la formation des responsables financiers et le suivi rapproché des dépenses, visent à atténuer ces difficultés.
Des circulaires complémentaires seront publiées si nécessaire pour ajuster les modalités d’exécution et répondre à d’éventuelles contraintes. Avec cette réforme, le Bénin entend consolider sa trajectoire de modernisation financière et de développement durable, tout en renforçant la confiance des citoyens et des partenaires au développement.