La Banque africaine de développement (BAD) a présenté le mardi 03 octobre 2023 à Cotonou, son rapport pays 2023 sur le Bénin. Un rapport qui insiste sur la mobilisation de financement auprès du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte. C’était en présence du Responsable-pays du Bureau-pays du Bénin, Robert Masumbuko avec à ses côtés, l’économiste pays, Dayo Tanken, du ministre du Cadre de Vie et des Transports, chargé du Développement Durable José Didier Tonato et son homologue de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Eléonore Yayi Ladékan.
Bidossessi WANOU
Le volume global de financement de l’action climatique et de la croissance verte provenant du secteur privé reste relativement faible, représentant seulement 2,7% du total en 2020. Et pourtant, le Bénin présente un immense potentiel pour une croissance économique durable basée sur une approche respectueuse de l’environnement, croit savoir la BAD. « Sur la période 2019/2020, le Bénin a mobilisé 431,6 millions de dollars ; 97,3% de ces ressources provenaient de sources publiques et 2,7%, de sources privées. Ces ressources mobilisées représentent 41 % des besoins annuels évalués pour l’atteinte des objectifs de la Contribution déterminée au niveau national (CDN) du pays ». C’est ce qui ressort du rapport pays 2023 de la Banque africaine de développement sur le Bénin. Il s’en dégage, un déficit de financement de 59% et la quasi-absence du secteur privé. Mais à en croire ce rapport, « une transition rapide du Bénin vers la croissance verte passe par la résolution de ses défis liés au financement, mais le pays ne peut pas compter uniquement sur des financements du secteur public ». Pour combler le déficit de financement climatique sur la période 2021-2030, les flux de financements climatiques privés vers le Bénin devraient augmenter en moyenne jusqu’à 403,3 millions de dollars par an par rapport au niveau de financement actuel, a fait savoir la Banque évoquant un scénario modéré. Au cours de la dernière décennie, le pays a démontré un engagement politique fort en faveur de la lutte contre le changement climatique. Selon le Représentant pays de la BAD, Robert Masumbuko, les efforts au Bénin restent portés par le public. « Le Bénin a fait beaucoup de choses dans le public avec la marge budgétaire mais le Bénin est prudent. Je vois ce que le Ministre d’Etat fait. Il regarde de plus en plus le niveau d’endettement et c’est le moment idéal pour faire venir les financements climatiques et le secteur privé», a-t-il souligné. Pour accroître ce volume de financement, il est essentiel de mettre en place des instruments financiers innovants du secteur privé et de les intégrer au cœur de la stratégie à long terme pour le financement de l’action climatique et de la croissance verte. Les principaux obstacles à la mobilisation de financements privés à grande échelle sont liés à l’absence d’une stratégie à long terme actualisée, à un manque de projets verts dans le pipeline, à une diversification limitée des produits financiers sur les marchés régionaux et internationaux, ainsi qu’à des capacités techniques, humaines et institutionnelles insuffisantes pour répondre aux besoins liés à la croissance verte.
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Bénin, une empreinte carbone améliorée
Avec les nombreux projets en cours, le gouvernement béninois reste conscient de ce que, les financements verts constituent un défi majeur. Selon les émissaires du gouvernement au lancement, la partition du secteur privé n’est non plus perdue de vue. « Les financements verts, d’accord, mais la partition que le privé doit jouer est également au cœur de notre action. Je suis très satisfait de la présentation qui a été faite surtout des problèmes qui ont été posés », a salué le Ministre du Cadre de Vie et des Transports, chargé du Développement Durable, José Didier Tonato qui reste cependant conscient des efforts à faire pour verdir davantage le Programme d’actions du gouvernement. Dans son intervention, il a rappelé quelques projets notamment 250 kilomètres de voiries urbaines avec des alignements, 14000 lampadaires solaires sur tout le territoire national, le projet lumière qui permettra d’éclairer tous les centres urbains à l’énergie solaire, le programme de verdissement du grand Nokoué qui regroupe cinq communes pour in fine augmenter l’empreinte carbone des interventions du gouvernement. Le gouvernement projette faire le bilan carbone de tous les projets du PAG. Le ministre a, en outre, reconnu les limites du Bénin à mobiliser des financements climatiques. « Nous reconnaissons que nous avons des handicaps sérieux par rapport à notre capacité à mobiliser les ressources climatiques et le financement verts… ». Il a insisté sur la barrière linguistique et la capacité à formuler des projets en financement vert. Il a rassuré de l’engagement du gouvernement à continuer par jouer sa partition. « Je considère que le financement vert devrait être la totalité du financement puis qu’il n’y a aucune action aujourd’hui (…) où nous n’avons pas besoin d’avoir une démarche sobre en carbone. Donc, on fera en sorte que tout le budget soit passé au crible des exigences du financement vert pour assurer la durabilité de notre développement ». Le ministre a formulé le souhait de voir le secteur privé se mobiliser à cet effet. A son tour, la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Eléonore Yayi Ladékan a mis l’accent sur la formation du Capital humain. Elle a noté cette vision du gouvernement de faire en sorte que les cadres formés soient avertis des questions de développement en lien avec le climat et l’environnement.