Le métier de vulcanisateur est un métier qui a la particularité de susciter de plus en plus, un engouement certain chez les jeunes de l’Atacora. Quelle en est la cause principale ? Pourquoi un engouement soudain pour cette profession qui autrefois était inconsidérée ?
TAMPOUNHOURO T. J. Blaise
Le métier de vulcanisateur est un secteur qui brasse beaucoup d’argent. « Il y a des jours où moi, je gagne beaucoup d’argent, je livre des pneus, je vends des pneus, et aussi je collabore avec les propriétaires de gros porteurs, les camions, les véhicules venus de France et autres motos. Franchement, ça se passe bien et je ne me plains pas ». C’est en ces termes que s’est exprimé, Odjo Raouf, patron vulcanisateur, rencontré à Natitingou. Pour lui, grâce à ce métier, il est parvenu à acheter son carré, célébrer son mariage, puis qu’il a construit sa maison et acheté un véhicule qui lui permet de faire ses va et viens chaque jour. » Franchement, ce métier m’a beaucoup comblé. Je n’ai rien à envier à un cadre de l’administration » a t il ajouté. Selon les investigations menées sur ce dossier, les vulcanisateurs de l’Atacora, sont pour la plupart originaires du département des collines, notamment la zone de Save, Dassa, Bantè et autres. » Cet engouement pour la vulcanisation est né il y a des lustres dans cette région du Bénin qui, autrefois n’avait rien comme garantie d’emploi pour les jeunes déscolarisés. Soit, ils devenaient des jeunes qui allaient en exil au Nigeria voisin, ou soit, ils vendent de l’essence, faisaient le métier de cireur ou enfin le travail de vente de l’essence frelatée. C’est ce qui explique cet état de chose au niveau de ces jeunes des collines « a-t-il précisé.
Engouement pour le métier de vulcanisateur
La région de l’Atacora a la particularité de disposer d’une grande panoplie d’agriculteurs. Une fois la période des chants terminée, les agriculteurs sont souvent oisifs, ils ne font rien et attendent jusqu’à la prochaine saison. C’est ce qui a amené certains à s’intéresser au métier de vulcanisateur, a laissé entendre, Rodolphe Gnammi, un enseignant rencontré à Natitingou. Pour lui cet attachement à cette activité vient de leur envie d’accroitre leurs revenus. » C’est une bonne chose de faire autre chose en plus de ce que l’on fait déjà. Il faut chercher à améliorer le peu que l’on gagne à travers des activités qui sont rentables comme le métier de vulcanisateur » a précisé Tchando Doko, cultivateur, apprenti vulcanisateur, rencontré sur l’axe Natitingou-Tampégré. Cet état de chose fait qu’il y a de plus en plus de jeunes qui font ce métier de vulcanisateur dans la plupart des villages de l’Atacora, dans le but de trouver un peu plus de ressources financières pour financer les dépenses, a renseigné Marthe Tchapo, étudiante en sociologie . Face à cet engouement du métier de vulcanisateur par les autochtones, il serait bien que l’Etat étende son dispositif pour renforcer les capacités de ces nouveaux amateurs de ce métier. » Il m’arrive de gagner parfois jusqu’à 5000 F CFA dans une journée « , a affirmé Jean Sahi, vulcanisateur rencontré à Kouarfa dans la commune de Toucountouna. Face à cet élan nouveau dans cette profession, il urge qu’un renforcement de capacités soit initié par les services spécialisés pour que les prestations soient de qualité, a laissé entendre, Dogo Dieudonné, enseignant à Natitingou. Espérons qu’un plan de renforcement soit mis sur pied pour que les prestations de ces jeunes soient améliorées pour le bonheur des populations.