La mise en œuvre de la Zlecaf par le Bénin entraînerait une augmentation des effets commerciaux de 14,70 millions de dollars Us, un gain de bien-être de 0,62 millions de dollars, mais une perte de recettes publiques de 12,32 millions de dollars, selon des chercheurs de l’université d’Abomey-Calavi.
Aké MIDA
Les effets commerciaux devraient augmenter de 14,70 millions de dollars Us avec une amélioration du bien-être des consommateurs de 0,62 millions de dollars Us pour le Bénin. Cependant, des pertes de revenus existent, car le pays enregistrerait une baisse des recettes tarifaires de l’ordre de 12,32 millions de dollars, à travers la participation à la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf).
Ce sont les conclusions auxquelles sont parvenus les chercheurs Alain Babatoundé et Modeste Manada de l’université d’Abomey-Calavi, après une simulation des effets potentiels de la Zlecaf sur l’économie béninoise. Les résultats de leur recherche ont été présentés, lors de la troisième édition des Journées scientifiques de l’économie béninoise (Jseb, décembre 2022) à Cotonou, à travers le thème « Le Bénin doit-il ratifier l’accord Zlecaf ? Les enseignements d’une modélisation en équilibre partiel ».
A partir des données commerciales de 2019, ils soutiennent que la mise en œuvre de la zone de libre-échange au sein des pays africains se traduirait à la fois par des effets de création commerciale et d’expansion commerciale. Ces effets représentent 74,81 % de l’effet global sur le commerce, dépassant largement les effets de détournement de commerce estimés à 25,18 %, précise l’étude. Cela laisse constater une amélioration du surplus du consommateur par la baisse des prix de certains produits spécifiques, bien que la Zlecaf puisse avoir des effets négatifs sur les revenus du Bénin.
En raison de l’incertitude sur les effets potentiels d’une telle zone, les chercheurs conçoivent que, dans les négociations de la Zlecaf, le Bénin accorde une période de libéralisation plus longue, approuvant la réticence du pays à ratifier l’accord qu’il a signé depuis 2021. En plus, préconisent-ils, le Bénin doit conserver un pourcentage raisonnable de lignes tarifaires pour les produits sensibles et exclus, afin d’atténuer les pertes de revenus.
Stimuler le potentiel commercial
Les importations en provenance d’autres pays africains vers le Bénin augmenteraient d’environ 1,38 millions de dollars Us, selon l’étude. Il est question de tenir compte des produits particuliers pour la définition de son offre tarifaire et pour la négociation avec ses partenaires en Afrique, selon Alain Babatoundé et Modeste Manada. Les produits tels que les chinchards (Trachurus trachurus, poisson connu localement sous le nom de ‘’silvi’’), les engrais minéraux ou chimiques contenant les trois éléments fertilisants azote, phosphore et potassium, puis les maquereaux, semblent être les produits qui généreraient les pertes de revenu les plus importantes, soulignent-ils.
Pour les deux chercheurs, l’atténuation des pertes de revenus devrait amener l’Etat à mettre en place des politiques de subventions ou des incitations fiscales ciblées pour accompagner la transition des secteurs les plus perdants de la libéralisation des échanges tels que les produits de l’industrie agroalimentaire. L’Etat devra orienter les politiques non seulement dans le sens de la promotion du secteur, mais aussi dans la production intensive des produits aquacoles. Il s’agira de rendre les entreprises locales en la matière compétitives et de renforcer leurs économies d’échelle afin de générer des recettes fiscales supplémentaires.
Les résultats suggèrent une politique de diversification des exportations afin de tirer avantage de la zone, et améliorer le déficit de la balance commerciale qui restera persistant. Le Bénin est appelé à stimuler son potentiel commercial, en donnant priorité à la fourniture d’infrastructures commerciales adaptées, à l’harmonisation des politiques macroéconomiques, tout en travaillant à l’instauration de la paix durable et au renforcement de la sécurité.
Top 10 des importations potentielles du Bénin (en milliers de dollars US)
HS–6 | Description des produits | Importations avant la Zlecaf | Importations après la Zlecaf |
271600 | Énergie électrique | 140559,344 | 140559,344 |
151190 | Autres produits non spécifiés | 115767,453 | 115692,889 |
300490 | Autres produits non spécifiés | 83265,602 | 83265,602 |
310520 | Engrais minéraux ou chimiques contenant les trois éléments fertilisants azote, phosphore et potassium | 83061,094 | 79806,071 |
030355 | Chinchards et chinchards (Trachurus spp.) | 51397,531 | 47898,358 |
020714 | Morceaux et abats, congelés | 49676,246 | 49676,246 |
170199 | Autres produits non spécifiés | 48262,055 | 47888,382 |
721391 | Section circulaire mesurant moins de 14 mm de diamètre | 44765,875 | 44765,875 |
252310 | Clinkers de ciment | 35115,473 | 34881,719 |
380891 | Insecticides | 27341,242 | 27338,623 |
Source : Alain Babatoundé et Modeste Manada, à partir des données de WITS (2019).