Pendant que le monde célèbre la journée mondiale de l’eau ce mardi 22 mars 2022, le regard des experts se tourne vers les eaux souterraines, cette ressource naturelle vitale mais invisible qui représente environ 40% de l’eau utilisée pour l’irrigation de l’agriculture.
Issa SIKITI DA SILVA
Les eaux souterraines ne constituent non seulement la principale source d’approvisionnement en eau dans de nombreuses villes à travers le monde, mais elles soutiennent aussi les écosystèmes, maintiennent le débit de base des rivières et empêchent l’affaissement des terres et l’intrusion d’eau de mer, selon les Nations Unies. « Elles sont une partie importante du processus d’adaptation au changement climatique et sont souvent une solution pour les personnes qui n’ont pas accès à une eau salubre », souligne l’International Groundwater Resources Assessment Centre (IGRAC), le centre mondial des eaux souterraines de l’UNESCO.
En Afrique, l’échelle des ressources en eaux souterraines est estimée à environ 0,66 million de km3, selon une étude menée par des chercheurs du British Geological Survey et de l’University College London.
Les auteurs de cette étude, Alan Macdonald, Helen Bonsor, Brighid Dochartaigh et Richard G. Taylor, expliquent que ce volume représente plus de 100 fois les ressources annuelles renouvelables en eau douce et 20 fois l’eau douce stockée dans les lacs africains.
Invisibles
Malgré ces faits et chiffres impressionnants, les Nations Unies regrettent que les eaux souterraines soient souvent hors de vue et loin de l’esprit de la plupart des gens. A en croire l’IGRAC, les activités humaines, y compris la croissance démographique et économique, et la variabilité climatique augmentent rapidement la pression sur les ressources en eau souterraine : de graves problèmes d’épuisement et de pollution sont signalés dans de nombreuses régions du monde.
Les eaux souterraines peuvent être polluées par l’agriculture, l’assainissement, l’industrie et l’exploitation minière, les décharges et l’élimination des déchets, la circulation et le transport.
En cette journée internationale de l’eau, les Nations Unies lancent un appel à la communauté internationale d’améliorer le contrôle de la qualité des eaux souterraines. En outre, l’UN ajoute que l’amélioration de l’assainissement et de l’hygiène personnelle est la principale stratégie pour réduire les maladies liées à l’eau.
Cas du Bénin
Le Bénin est constitué à plus de 80% de formations de socle et ces formations renferment des ressources en eau souterraine qui constituent la seule source en eau potable de certaines populations, selon le gouvernement. « L’amélioration des connaissances sur les ressources en eau souterraine et leur gestion ne peut être effective sans un suivi adéquat desdites ressources. Ce suivi porte non seulement sur l’évolution de la ressource en eau elle-même du point de vue quantitatif et qualitatif, mais aussi entre autres, sur les usages et les risques liés à l’eau », explique le Ministère béninois des eaux et des mines. En 2017, le gouvernement béninois avait lancé le démarrage du projet d’Appui à la Gestion des Eaux Souterraines (AGES) de l’Autorité du Bassin du Niger (ABN/BGR). Ce projet a permis d’équiper et d’activer huit ouvrages de suivi des eaux souterraines dans la portion nationale du bassin du Niger. Il s’agit de cinq piézomètres précédemment suivis par la DG Eau à savoir Zougou Pantrossi, Piami, Koutakroukou, Guéné-Laga et Monkassa et de trois forages en exploitation à savoir Gbéssaka, Iloua et Gando Dunkassa. Les Nations Unies espèrent qu’en focalisant la journée mondiale de l’eau de 2022 sur les eaux souterraines, ceci mettrait en lumière cette ressource invisible, renforcerait l’échange de connaissances et la collaboration et augmenterait ainsi la prise de conscience de l’importance de prendre soin de nos eaux souterraines.