Le Vice-président de la Société financière internationale (IFC) pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Sérgio Pimenta a effectué une visite de travail au Bénin du 27 au 29 mars 2019. Au terme de ses différentes rencontres avec les acteurs économiques, il a fait le point des enjeux des interventions de l’institution au Bénin.
L’Economiste : Quel est l’objet de votre visite au Bénin ?
Sérgio Pimenta : C’est ma première visite officielle au Bénin depuis que j’ai pris fonction. Je suis content de l’opportunité de venir constater de visu les réformes entreprises par le gouvernement et de voir comment du côté d’IFC nous pouvons soutenir le secteur privé dans ce pays. Donc, l’objectif de ma visite c’est de poursuivre le dialogue entamé par mes collègues, le dialogue sur les réformes, nos interventions et sur ce que nous pouvons faire de plus ici au Bénin.
Il y a un mois, le directeur pour l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centrale de votre institution vous avait précédé au Bénin. Qu’est-ce qui justifie cet intérêt pour le Bénin ?
Vous avez raison d’évoquer l’intérêt que nous avons pour le Bénin. Aliou Maïga, directeur pour l’Afrique de l’ouest et l’Afrique centraleest venu récemment et je sais qu’avec mes collègues, nous continuerons de venir avec fréquence au Bénin. Cela montre notre intérêt pour soutenir ce pays. Le Bénin est un pays engagé sur la voie des réformes qui visent à développer plus d’activités économiques et créer plus d’emplois pour les jeunes et les femmes. La plupart de ces réformes sont centrées sur le rôle que le secteur privé peut jouer dans le développement de l’économie. Or, au sein du Groupe de la Banque mondiale, IFC est l’institution dédiée à l’appui au secteur privé. Nous apportons des conseils, nous apportons du financement. Nous apportons ces financements ici pour développer le secteur privé béninois ainsi qu’attirer le secteur privé international pour investir au Bénin.
Depuis deux ans, il y a un programme qui a été consacré aux PME, quel bilan peut-on en faire à mi-parcours ?
C’est un programme très intéressant. Une partie de ma visite justement a été consacrée à voir où nous en étions sur le déploiement des fonds que nous avons mis en œuvre ici au Bénin. Je suis content de vous dire que le programme a bien commencé et a même évolué assez vite. Nous avons beaucoup focalisé le travail sur le développement des PME. Comme vous le savez, les PME constituent 90% des entreprises ici au Bénin. Elles créent beaucoup d’emplois et approvisionnent le secteur économique. Donc, elles constituent une branche très importante. Nous avons mis en place, il y a à peu près 2 ans, un programme pour les soutenir. Ce projet a plusieurs volets. Un des volets constitue à mettre en place des lignes de partage de risque avec des banques locales pour que ces banques puissent prêter plus aux PME. La première ligne a été mise en place avec la Bank of Africa (BOA-Bénin). J’ai eu l’occasion de rencontrer des acteurs qui m’ont assuré que la ligne est très bien utilisée et que le taux d’utilisation est de l’ordre de 70%. J’ai même proposé de renouveler de sorte à avoir de nouvelles lignes avec d’autres banques au Bénin afin d’apporter davantage de financement aux PME.
En même temps, j’ai discuté avec certaines entreprises du secteur privé et certains représentants de PME sur les leviers prioritaires qu’il nous faudra actionner pour leur faciliter l’accès au financement. Ce n’est pas facile. Les entreprises se rapprochent des banques mais n’ont pas toujours des dossiers qui remplissent tous les critères nécessaires pour accéder au crédit bancaire. Avec notre ligne de financement, nous encourageons les banques à financer les PME. Nous leur donnons des conseils pour les aider à préparer des dossiers, des plans d’investissement, des plans de développement, de manière à les encourager à jouer un rôle plus grand dans l’économie formelle. Une fois dans l’économie formelle, elles pourront bénéficier de crédit bancaire qui leur permettent de se développer, d’embaucher et de contribuer au développement économique du Bénin.
D’autres secteurs seront-ils pris en compte par cette intervention au Bénin ?
Tout à fait, cela fait partie de mon agenda pour cette visite. Jusqu’à présent, nous avons fait beaucoup pour le secteur des PME. Quand on regarde les cinq dernières années, nous avons financé pour plus de 160 millions de dollars les entreprises à travers les programmes de développement des PME. Quand on regarde l’avenir, nous allons également travailler sur le secteur énergétique. Nous avons d’ailleurs commencé. Nous avons aussi parlé d’autres secteurs que nous comptons soutenir, tel que le tourisme. Une part du financement que j’ai mentionné plus haut est destinée aux entreprises du secteur du tourisme. Comme vous le savez, le tourisme créé beaucoup d’emplois, surtout pour les femmes et les jeunes. J’ai eu l’occasion de discuter avec le gouvernement des projets phares dans les secteurs du tourisme que nous pourrions soutenir. J’ai aussi réitéré l’engagement d’IFC à appuyer le développement de ce secteur très important. Nous avons aussi mentionné l’agriculture, la transformation agroalimentaire pour créer de la valeur ajoutée à la production agricole.
Visiblement, IFC compte appuyer le Programme d’action du gouvernement…
Le Programme d’action du gouvernement est un outil important de développement. Je salue les efforts que le gouvernement a faits pour le concevoir. Deux tiers du financement vient du secteur privé, cela fait un effet de levier par rapport aux ressources publiques et aux ressources privées et cela permet aux partenaires que nous sommes de définir nos propres axes d’interventions.
Quels enseignements tirez-vous de votre séjour au Bénin ?
J’ai trouvé cette visite très fructueuse. J’ai eu l’opportunité de tenir des réunions avec le chef de l’Etat, avec des membres du gouvernement, le secteur privé, le secteur bancaire, les partenaires au développement, etc. Je pense que j’ai fait un tour d’horizon complet de la situation économique du Bénin. Je peux vous dire que l’IFC reste totalement engagée pour accompagner ce pays. Nous allons déployer nos ressources techniques, financières pour avoir un impact très important sur ce pays.
Encadré
A propos de Sérgio Pimenta, vice-président pour le Moyen-Orient et l’Afrique, IFC
Citoyen franco-portugais, Sérgio Pimenta est titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’École polytechnique de Paris. Il est également diplômé de l’École nationale des ponts et chaussées de Paris. Il est l’actuel responsable des investissements et des services conseils dans le Moyen-Orient et l’Afrique. A ce titre, il dirige une équipe de 600 personnes couvrant un portefeuille de 20 milliards de dollars, mobilisations incluses. Auparavant, Pimenta était le directeur d’IFC pour l’industrie, l’agro-industrie et les Services. Dans cette fonction, il a dirigé une équipe de 350 personnes travaillant dans plus de 100 pays afin d’accroître la contribution du secteur privé aux objectifs de développement dans des secteurs tels que l’agriculture, la santé, l’éducation, l’industrie légère et les services commerciaux.
Pimenta a également été pendant trois ans directeur régional d’IFC pour l’Asie de l’est et le Pacifique, basé à Hong Kong. Plus tôt dans sa carrière à IFC, Sergio Pimenta a occupé plusieurs postes de responsabilité au département Industrie, Agroalimentaire et Services, en Asie et dans le Pacifique, au Moyen-Orient, en Afrique du nord et au siège d’IFC à Washington, DC. Avant de rejoindre le Groupe de la Banque mondiale en 1996 à travers le programme Young Professional de l’institution, Pimenta a travaillé à la Direction générale du Trésor, au ministère de l’économie et des finances français ainsi que pour la Banque Nationale de Paris (BNP).