Projet d’intégration sous-régionale, l’autoroute Abidjan-Lagos occupe une place de choix dans le programme de la Banque africaine de développement (BAD). Tant attendue, l’institution a annoncé la réalisation de ce projet en 4 ans.
S.T.
Alors que la tendance continentale est à l’industrialisation et à la promotion du secteur privé, la Banque africaine de développement (BAD) se ménage pour relier les différentes villes ouest-africaines avec des infrastructures modernes. Objectif, connecter la Côte d’Ivoire au Nigéria, traversant le Ghana, le Togo et le Bénin, et générer de nombreux emplois par l’industrialisation le long de son tracé. Fidèle donc à l’engagement qu’elle a pris de concrétiser ce projet, la banque a, vendredi 22 novembre 2024, lors d’un atelier, annoncé le démarrage de la réalisation de l’autoroute Abidjan-Lagos en 2026. Prise dans le contexte de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), cette infrastructure dont les études de faisabilité ainsi que les modalités de financement ont déjà été finalisées, et qui est une autoroute conçue comme une voie à péage homogène de quatre à huit voies, a pour objectif d’aller au-delà de la simple connexion routière.
« Ce corridor de transport doit devenir un corridor économique », a expliqué le directeur du Département des infrastructures et du développement urbain de la BAD. Une transformation industrielle le long de l’autoroute permettra de créer des pôles économiques dynamiques et de soutenir l’essor de divers secteurs stratégiques. Ce projet transnational, soutenu par la BAD, s’inscrit dans le cadre de l’Initiative de développement spatial, un programme destiné à industrialiser les régions traversées.
206 interventions spécifiques ont été identifiées dans la zone d’influence de l’autoroute, nécessitant des investissements estimés à 6,8 milliards de dollars, principalement issus du secteur privé. Parmi les domaines ciblés figurent l’énergie, l’industrie manufacturière, les transports, l’agriculture, les TIC, le tourisme et les zones économiques spéciales. Cette approche multidimensionnelle, selon ce cadre de la banque vise à favoriser une croissance inclusive dans les zones urbaines, secondaires et rurales des cinq pays concernés. L’autoroute reliera des villes majeures telles qu’Abidjan, Accra, Lomé, Cotonou et Lagos, formant une agglomération régionale où la population urbaine pourrait atteindre 173 millions d’habitants d’ici à 2050. Cette infrastructure devrait également générer jusqu’à 70 000 emplois directs et indirects, renforçant ainsi l’intégration régionale et économique en Afrique de l’Ouest. Selon Chris Appiah, directeur des Transports à la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’objectif recherché, en fin de compte, « c’est de faire en sorte que le corridor et les activités économiques à développer le long du corridor contribuent à l’agenda d’intégration régionale de la CEDEAO ». Mieux, dit-il, « c’est un projet intégré qui, une fois mis en œuvre, nous aidera à atteindre l’union économique que nous voulons dans notre espace ».
L’African Investment Forum, promu par la BAD, a déjà permis de susciter un engouement autour de ce projet, avec des engagements d’investissements à hauteur de 15,6 milliards de dollars exprimés dès 2021. Le projet est par ailleurs conçu pour intégrer les corridors de transport ouest-africains et améliorer les connexions avec les arrière-pays du Mali, du Burkina Faso et du Niger, leur donnant accès aux huit ports desservis par le tracé de l’autoroute.