Catherine Pattillo, directrice adjointe pour l’Afrique au Fonds monétaire international (FMI) s’est prononcée au détour d’une interview sur la question de l’inflation et des difficultés d’approvisionnement en Afrique. Face à la situation, le FMI a appelé les pays à agir progressivement.
Bidossessi WANOU
L’Afrique est frappée de plein fouet par les effets des crises successives telles que la COVID et le conflit entre l’Ukraine et la Russie. On note la hausse des taux d’intérêt mondiaux et la baisse de la croissance dans de nombreuses économies à l’échelle mondiale avec des impacts sur l’économie des nations. Tandis que les banques centrales optent pour des politiques monétaires qui touchent les taux directeurs, Catherine Pattillo, directrice adjointe pour l’Afrique au Fonds monétaire international (FMI) estime que les pays africains doivent aller progressivement. Parlant de l’accélération remarquable de l’inflation sur toute une année, « il est nécessaire de s’assurer qu’elle reste sous contrôle, parce qu’elle ronge les revenus réels des populations et fait du mal aux pauvres. En regardant les économies avancées en termes de politiques, les décideurs sont confrontés à un défi très délicat », a-t-elle souligné avant de poursuivre: « notre point de vue est que les pays doivent agir progressivement. Ils doivent être prudents mais pas complaisants et prêts à agir, parce que la reprise est encore fragile et une grande partie de l’inflation (les prix élevés des denrées alimentaires et des carburants) est due à des facteurs externes. Les pressions de la demande intérieure n’ont donc pas été un moteur important de l’inflation jusqu’à présent ». La thérapie trouvée par les Banques centrales est le relèvement de leurs taux directeurs de 152 à 200 points de base en moyenne, ce qui s’avère une option salutaire, selon la Directrice ajointe pour l’Afrique du FMI. En effet, « cela est approprié et, encore une fois, la banque centrale doit continuer à surveiller l’inflation et les attentes en matière d’inflation et être prête à relever davantage les taux. Nous observons de manière générale une attitude prudente et non complaisante, mais certains pays vont probablement devoir se resserrer plus rapidement et peut-être de manière plus décisive », a déclaré la directrice adjointe pour l’Afrique du FMI. Catherine Pattillo a insisté sur certaines catégories de pays qui sont plus ciblées à savoir les pays où la demande et les pressions intérieures sont aiguës, où l’inflation est très élevée (Éthiopie, Ghana, Malawi, Nigéria et Zimbabwe). Les pays où le cadre de politique monétaire est moins solide, moins crédible et où les attentes en matière d’inflation sont moins bien ancrées sont également concernés. Derechef, ces pays pourraient avoir besoin de mieux structurer leurs politiques, afin de s’assurer qu’il n’y ait pas d’effets qui deviennent incontrôlables. « Troisièmement, je mentionnerai les pays avec des régimes de taux de change flexibles. S’ils commencent à voir d’importants flux de capitaux sortants et une dépréciation rapide de la monnaie, ces pays pourraient avoir besoin d’agir davantage ». En détail, la Directrice adjointe du FMI pour l’Afrique a évoqué un resserrement de la politique monétaire et, pour ceux qui ont des taux de change flexibles, laisser cette flexibilité jouer un rôle important d’amortisseur et de permettre la dépréciation du taux de change.
Inflation et perturbation des chaînes d’approvisionnement : « Les pays doivent agir progressivement », selon le FMI
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