Les perspectives d’inflation dans l’Uemoa pour la fin de 2024 sont relativement optimistes, grâce à une meilleure offre alimentaire et une demande intérieure stable. Cependant, les risques liés aux prix des produits importés, aux marchés mondiaux et aux instabilités internes demeurent des facteurs à surveiller.
Aké MIDA
L’inflation au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) devrait se stabiliser autour de 3,6 % sur l’ensemble de l’année, contre 3,7 % en 2023, selon les dernières prévisions de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Le taux d’inflation dans l’Union a amorcé une décélération au cours des derniers mois de l’année. En novembre et décembre, les prévisions de la Bceao tablent sur une baisse supplémentaire du taux d’inflation, qui devrait se situer respectivement à 3,3 % et 3,2 %, selon la Note de conjoncture économique dans les pays de l’Uemoa au titre de novembre 2024.
Ainsi, l’évolution du niveau général des prix connaît une tendance à la modération en 2024, comme en 2023, après les pressions inflationnistes élevées notée en 2022. Cette tendance est en grande partie due à une meilleure offre domestique de produits vivriers comme le mil, le maïs et le riz, qui profite de la campagne agricole 2024-2025 prévue pour être plus productive que celle de l’année précédente.
De plus, la demande intérieure, qui reste vigoureuse dans la région, n’entraîne pas de tensions excessives sur les prix, en particulier grâce à la politique monétaire prudente menée par la Banque centrale. La hausse modérée de la masse monétaire contribue à limiter les pressions inflationnistes, en particulier dans un contexte où la croissance économique reste stable.
L’inflation varie d’un pays à l’autre au sein de l’Uemoa. En octobre 2024, le taux d’inflation pour la zone a enregistré une baisse de 0,2 point de pourcentage, passant de 3,6% en septembre à 3,4%. Cette diminution a été favorisée par une meilleure offre de denrées de consommation courante sur le marché.
Facteurs de risques
Cependant, ces tendances ne sont pas uniformes et certains pays de la région continuent de subir des pressions inflationnistes plus importantes en raison de facteurs locaux spécifiques.
Plusieurs risques subsistent et pourraient nuire à la stabilité des prix dans la région. Les prix des produits alimentaires importés, par exemple, continuent d’être affectés par les conditions climatiques défavorables dans les zones de production à l’échelle mondiale. En octobre 2024, les prix des produits alimentaires importés ont progressé de 0,5 %, principalement en raison de mauvaises récoltes dans certaines régions productrices. L’inflation importée reste donc un facteur clé à surveiller. Les prix mondiaux des produits de base, notamment ceux des matières premières comme le pétrole, peuvent exercer une pression sur les coûts de production et de transport, se répercutant ainsi sur les prix à la consommation. Si les tensions internationales, telles que les perturbations des chaînes d’approvisionnement ou les hausses des prix du pétrole, se poursuivent, elles risquent d’impacter les prix des produits importés et d’inverser la tendance à la baisse de l’inflation.
En outre, certains pays membres de l’Uemoa continuent de faire face à des instabilités socio-politiques et sécuritaires qui peuvent affecter la production locale, notamment dans le secteur agricole. Une telle instabilité pourrait perturber la chaîne d’approvisionnement des produits de première nécessité et provoquer des hausses de prix, même dans un contexte de bonne récolte agricole.
La Bceao devra continuer de jouer un rôle crucial dans le maintien de la stabilité monétaire et de la régulation des facteurs inflationnistes, afin d’assurer une croissance économique soutenue et maîtrisée dans la région.