La passation de charge entre le greffier en chef sortant et entrant du tribunal de première instance de Cotonou le 09 mars 2018, a révélé de graves irrégularités dans la gestion des fonds de grèves, ces cinq dernières années. Cette situation a retenu l’attention du conseil des ministres qui a décidé en sa séance du mercredi 25 avril 2018, de la saisine du Procureur de la République pour une clarification de la situation en attendant un audit de la gestion des fonds de greffe dans tous les tribunaux du pays.
La maison justice ne s’est pas encore totalement remise des affaires de mauvaise gestion de fonds. Voici donc que le dossier ‘’scandale des frais de justice criminelle’’ est secondé par un affaires de mal gouvernance de fonds de greffe au tribunal de première instance de Cotonou notamment avec la gestion du greffier en chef Abou SeÏdou, appelé à faire valoir ses droits à la retraite en octobre 2017. En effet, la cérémonie de passation de charge entre le greffier sortant et entrant du Tribunal de première instance de Cotonou intervenu le 09 Mars 2018, soit cinq mois après le départ à la retraite du greffier sorti, a laisser entrevoir une irrégularité dans la gestion du greffier en chef sorti. A en croire le point du conseil des ministres fait par le garde des sceaux Joseph Djogbénou, on note à la date de la passation de charge entre Abou SeÏdou et son successeur à la TPI de Cotonou, un déficit d’un milliard cinq cent quinze millions cinq cent cinquante mille trois cent onze (1.515.550.311) FCFA. Une situation qui ne peut laisser indifférent, vu que le greffier en chef sorti n’aura déposé le tablier, sinon manu militari. Et telle une surprise, les motivations de l’obstination déguisée du greffier en chef sortant de céder son fauteuil se sont révélées au grand jour. En effet, le compte financier du service tenu six ans durant par l’ex greffier en chef du TPI Cotonou, présente de grave anomalies et contradictions quant aux soldes attendues et le ceux disponibles sur les différents comptes bancaires du greffe. A propos, les soldes disponible à la date de la passation sont de un milliard quatre cent douze millions trois cent quinze mille cinq cent quatre-vingt-cinq (1.412.315.585) FCFA sur le compte consignation ; solde débiteur de quatre millions sept cent trois mille six cent soixante-dix-huit (4.703.678) FCFA sur le compte scellé; solde débiteur de quatre-vingt-dix-huit millions cinq cent trente et un mille quarante-huit (98.531.048) FCFA sur le compte succession. En effet, ces fonds représentent les sommes reçues par le greffier en chef au titre des consignations ordonnées par décision judiciaire, les fonds de scellés ainsi que les fonds de certaines successions dont la gestion lui est confiée. Il en ressort un déficit d’un milliard cinq cent quinze millions cinq cent cinquante mille trois cent onze (1.515.550.311). Un constat qui donne à voir une mauvaise gestion. Pour y voir donc clair, le conseil des ministres a décidé de traduire l’affaire devant la justice afin que les responsables à divers niveau de ces actes puissent laver au besoin leur honneur et clarifier tout ce manque devant le procureur.
Le déclic
Cette situation de mauvaise gestion doit en effet interpeller tous. Elle vient tout autant à point nommé, car, partant de ce triste constat, l’Etat doit maintenant engager l’audit de tous les greffes de tribunaux et autres fonds non seulement dans les tribunaux, le secteur de la justice mais aussi dans nombre d’autres structures du pays afin de voir comment les services financiers ont fonctionné ces dernières années et de faire rendre gorge à tout coupable de malversation. Le conseil en a pleine conscience et a même instruit le garde des sceaux pour. On ne peut donc qu’encourager le gouvernement à plus de détermination et surtout à l’impartialité comme il le fait déjà si bien. Malheureusement, la forte propension aux œuvres sociales observées chez le greffier en chef Abou cité dans cette affaire, donne un pincement au cœur et interpelle à multi égards sur la crédibilité de tous ces hommes qui, font preuve d’une générosité aussi spontanée que désintéressée en faveur de toutes les couches. Si les investigations de la justice venaient à attester de tels incivismes dans la gestion, ne serait-on pas en droit de s’interroger sur la source de revenu de ces fonctionnaires qui se découvre de talent de bon samaritain, faisant preuve de générosité singulière et parfois surprenante. Il en est de même de certains qui basculent du jour au lendemain en politique pour se mettre à clamer leur soutien au régime en place croyant avoir trouvé une belle opportunité pour ne jamais assumer leurs vices. Autant de manouvres dont le ménage en cours sous la Rupture ne doit pas s’accommoder si tant est qu’il veut être crédible et susciter un changement effectif de comportement et déclic un nouvel envol au Bénin.
Falco VIGNON