Avec un taux de 40,7% contre 47,6% en 2016, l’encours de la dette publique rapportée au Produit Intérieur Brut du Bénin, à fin décembre 2019, a connu une diminution de 6,9%. Résultat de la Stratégie d’Endettement quinquennale réalisée par l’Etat béninois sur la période 2016-2021, conformément aux recommandations de l’Uemoa, cette réduction du taux d’endettement se veut continue sur les années futures. Les cibles prévues par le Document de Stratégie d’endettement public à moyen terme (SDMT 2016-2021) étant atteintes avant la fin de l’horizon, que contient donc la stratégie actualisée pour la période 2020-2024 ?
Sylvestre TCHOMAKOU
Procédant au rebasage de son Produit Intérieur Brut, et ce, grâce à la mise en œuvre du Document de Stratégie d’Endettement Public à Moyen Terme (SDMT 2016-2021), le Bénin, en matière de dette extérieure, atteindrait 58% du portefeuille de sa dette publique ; dépassant ainsi sa cible de 50% prévue par la SDMT 2017-2021. C’est ce que soutient la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) dans son rapport d’octobre 2019 sur le document de stratégie d’endettement public à moyen terme (2020-2024) du Bénin. Ainsi donc, l’engagement du gouvernement béninois de ramener les proportions de dettes extérieure et intérieure du Bénin respectivement à 50% et 50% à l’horizon 2021, et maintenir les bons de trésor dans la fourchette de 1% de la dette totale, permet de réduire le risque de refinancement. La dette intérieure étant de 40% de la dette totale en 2014 ; 50% en 2015 puis 54,65% en 2016. Ayant réussi à diversifier ses sources de financement (avec des conditions d’emprunts favorables), selon le rapport SDMT de la CAA publié en octobre 2019, pour l’intervalle 2020-2024, la gestion de l’endettement public du Bénin repose, après évaluation des effets des choix de financements des besoins d’emprunt brut, sur quatre (04) principaux axes. En ce qui concerne la première stratégie (S1) qui mise sur le statu quo, elle conserve la structure de financement réalisé au cours de l’année 2019. Selon cette stratégie, les financements provenant des sources extérieures représenteront environ 84% des nouveaux emprunts, avec une répartition de 14% environ pour les sources concessionnelles ; 15% environ pour les sources semi-concessionnelles, 29% environ pour les instruments de marché et 42% environ pour l’Eurobond. Par ailleurs, 16% des besoins seront couverts par les sources domestiques, avec 76% environ assurés par les émissions de titres publics et le reste par la BOAD et les banques locales. Les opérations de reprofilage ayant substitué une partie de la dette intérieure aux coûts élevés au profit de la dette extérieure à moindre coût, cette stratégie qui va dans le même sens que la situation projetée à fin décembre 2019, devra permettre à la dette extérieure de continuer à augmenter dans le portefeuille de la dette publique.
Priorité à l’allongement de la maturité des titres publics
Sur la deuxième stratégie (S2), l’allongement de la maturité des titres publics est l’une des options faites par le Bénin. A la suite des analyses des coûts et risques de la dette existante, explique le rapport, la cible initialement prévue pour 2021, relative à la part de la dette extérieure dans le portefeuille de la dette publique, est atteinte deux ans plus tôt. Cependant, les objectifs d’amélioration du risque de refinancement ne sont que partiellement atteints. La présente stratégie aura alors pour but de limiter l’expansion de la dette extérieure et de réduire l’exposition du portefeuille au risque de refinancement (allonger les maturités des titres publics tout en développant le marché domestique). Cette envisage de ce fait l’émission d’emprunts obligataires dont les maturités seront plus longues. Ainsi, environ 83% des nouveaux financements seront alloués à la dette domestique selon ladite stratégie et seront repartis ainsi qu’il suit : 82% environ en faveur de l’émission des emprunts obligataires, 5% environ des bons du Trésor et 13% environ en faveur des sources issues des financements de la BOAD et des banques locales. La part réservée à la dette extérieure dans cette stratégie est de 17% environ dont 10% environ issues des sources concessionnelles et 8% environ des sources de marché.
Retour à l’émission d’Eurobond en 2020
Bon allié de la croissance de la dette extérieure en 2019 et ayant permis la réduction du coût du portefeuille, l’eurobond émis en 2019 devra connaître une nouvelle phase en 2020 ; mais cette fois, combiné à un allongement de la maturité des titres publics (2020-2024). Ainsi se définit la troisième stratégie (S3) de l’endettement public. « Elle teste la faisabilité d’une nouvelle émission d’Eurobond en 2020 et ensuite limite l’expansion de la dette extérieure en développant le marché domestique tout en allongeant la maturité de la dette domestique. », précise le rapport. Cette stratégie consistera, d’après les explications, à augmenter la part de la dette extérieure une année de plus et ensuite la réduire les années suivantes tout en substituant les titres publics de maturité plus courte par de nouveaux titres de maturité plus longue. Ce qui permettra de réduire le risque de refinancement. Par conséquent, en 2020, la stratégie S3 allouera 85% environ aux nouveaux financements issus de la dette extérieure dont 9% environ seront issus des sources concessionnelles, 4% environ des sources semi-concessionnelles, 10% environ des sources non concessionnelles et 78% environ de l’eurobond. Ensuite, à partir de 2021, la stratégie S3 réservera 17% environ des nouveaux financements en faveur des ressources issues de la dette extérieure sans Eurobond. Les financements issus des bons du Trésor vont représenter 13% environ des nouveaux financements et ceux des Obligations du Trésor, 56% environ des nouveaux financements.
De l’augmentation des financements
Dans la 4ème stratégie (S4), la politique de gestion de la dette publique sur la période vise à un rallongement de la maturité des titres publics combiné à une augmentation des financements provenant des guichets de type BAD, BIRD, etc., au détriment des ressources concessionnelles. Ladite stratégie suppose que les besoins de financement bruts sont à 17 % environ financés par des sources extérieures (dont 7% environ par des ressources concessionnels) et à 83 % environ par l’emprunt intérieur (dont 5% environ par des bons du Trésor et 68% environ par des obligations du Trésor). L’objectif de cette méthode est de limiter l’expansion de la dette extérieure tout en cherchant à allonger la maturité de la dette domestique. La rareté des ressources occasionnelles prise en compte, elle devra apporter de nouvelles solutions. Ainsi présentées les politiques de financement des besoins d’emprunt brut à appliquer sur la période 2020-2024 auront un impact significatif sur la composition du portefeuille. Toutefois, afin de poursuivre la réduction de l’exposition du portefeuille au risque de refinancement et de limiter l’expansion de la part de la dette extérieure, il s’avère nécessaire de trouver une solution à moyen terme pour la gestion de la dette.