La ville d’Anvers est située à une quarantaine de kilomètres au nord de Bruxelles en Belgique. En dehors de ses multiples potentialités, son port est une grande fierté non seulement pour ses populations, mais aussi pour tous les Belges. Le Port autonome de Cotonou (Pac) à travers un partenariat, compte s’inspirer des longues expériences, des immenses capacités et de l’influence du port d’Anvers en Europe et dans le monde pour se hisser au rang des ports les plus compétitifs en Afrique et dans le monde.
Jean-Discipline ADJOMASSOKOU (De retour d’Anvers)
Parmi les nombreuses réalisations de la ville d’Anvers, il y a aussi son port. Il s’est imposé comme la principale activité de la ville. L’une des particularités de ce port est qu’il est à la fois maritime et fluvial. Il a connu son ascension depuis la construction des écluses permettant d’accueillir tous les bateaux de toutes les capacités du monde. Le port d’Anvers est du coup devenu la plaque tournante de toutes les activités maritimes et fluviales du monde. Il est en ce moment le deuxième plus grand port de l’Europe après celui de Rotterdam (Pays-Bas) et faisant partie des dix (10) meilleurs ports du monde. Occupant une superficie de 10 mille hectares, le port d’Anvers est multifonctionnel. Il est à la fois un port industriel, maritime et logistique. Il emploie plus 60 000 emplois directs, 100 autres mille emplois indirects et 8 000 dockers dont 10% sont des femmes. Il accueille en moyenne 16 000 bateaux de grands gabarits et plus de 100 000 petits bateaux par an avec 224 millions de tonnes de marchandises chaque année. Il utilise 41 grandes grues stables dont l’unité coûte plus de 20 millions d’euros et possède une centaine de grues mobiles encore appelées « grues éléphants. Pour faciliter le transport de marchandises à l’intérieur du port, 1000 kilomètres de voies ferrés sont construits et 300 kilomètres de routes sont réalisés.
De par son envergure internationale, la plupart des marchandises en direction de l’Europe, de l’Asie, de l’Amérique et de l’Afrique transitent par le Port d’Anvers. Ainsi, les voitures d’occasion comme les voitures neuves de toutes marques et de toutes catégories, les marchandises congelées ou non, les appareils frigorifiques, les équipements de toutes sortes sont d’abord accueillis au Port d’Anvers avant d’être embarqués dans les navires pour leurs destinations finales. Il a aménagé 16 terminaux de vrac liquide, 05 terminaux en haute mer pour les conteneurs, 15 terminaux pour les marchandises diverses, 12 conteneurs de vrac sec, 7,2 millions de m2 de stockage en citerne, 6,3 millions de m3 de stockage couvert et de 680 000 m3 de stockage en silos pour les polymères. L’une des forces du Port d’Anvers réside dans la construction des écluses qui facilitent l’entrée des navires même ceux qui ont de grandes capacités. Ainsi, il fait l’objet de toutes les convoitises à tel point que tous les investisseurs se ruent sur le port pour développer leurs activités. Aujourd’hui, 900 entreprises de part le monde sont présentes dans l’espace portuaire en raison des facilités et des opportunités que dispose le Port d’Anvers.
Le Port de Cotonou face au défi du développement
Depuis sa construction, le Port Autonome de Cotonou (Pac) n’a pas pu s’imposer comme une plateforme portuaire de référence dans la sous-région. Les différentes réformes proposées n’ont pas pu apporter des solutions aux difficultés du poumon de l’économie béninoise. Il y a eu un manque de grandes ambitions novatrices pouvant faire de cette structure un espace incontournable pour les affaires. Aujourd’hui, le Pac ne dispose que d’un peu plus de 60 hectares de plan d’eau, de 200 hectares d’aires opérationnelles, de 11 postes à quai, d’un (01) poste pétrolier de 02 quais concédés au Groupe Bolloré, d’un (01) port de pêche, des zones franches pour le Niger, le Burkina Faso, le Mali et le Tchad, de 100 hectares pour les magasins et les entrepôts et de 120 hectares pour les parcs à conteneurs. 100 entreprises environ sont seulement présentes au Port autonome de Cotonou. Ces moyens ne permettent pas au Port Autonome de Cotonou de pouvoir concurrencer les autres ports de la sous-région comme les ports de Lomé, de Tema, d’Abidjan et de Lagos. Et pourtant, il dispose des potentialités que l’on ne retrouve pas ailleurs. Pour y arriver, il lui faut appliquer des thérapies de choc. C’est le principal objectif du nouveau partenariat entre le Port Anvers International (PAI) et le Port autonome de Cotonou (PAC).
L’apport du Port d’Anvers pour le poumon de l’économie béninoise
Le Port autonome de Cotonou est situé dans un endroit stratégique pour les pays de l’hinterland. C’est le port le plus proche de Niamey, de Ouagadougou, et de Bamako. Pour attirer plus d’atouts, il faut des compétences. Il s’agit dans ce partenariat de former tout le personnel administratif, technique et de terrain pour apporter un rendement au port. Les experts du Port d’Anvers sont en train d’œuvrer à l’informatisation de l’administration et à automatisation de l’entrée du port afin d’identifier chaque individu et sa destination. Dans ce cadre, un système de vidéo sera installé pour surveiller les mouvements qui se déroulent dans toute l’enceinte portuaire. Une autre innovation consistera à développer des activités afin de permettre aux navires de venir au Port de Cotonou pour débarquer des marchandises et repartir chargés pour faire gagner de l’argent au Bénin. Toute chose qui permettra d’être plus compétitif afin d’apporter une plus value à l’économie béninoise. Il s’agira pour le Pac de développer le volet logistique pour attirer plus les investisseurs. Donc, il faut se doter d’équipements modernes capables d’exécuter en un temps record les prestations. La Société béninoise de manutention portuaire (Sobemap) ne sera pas du reste. Elle bénéficiera aussi de l’expertise du Port d’Anvers à travers la formation des dockers et en matière d’équipements pour accomplir efficacement sa mission. La finalité de ce partenariat sera de réaliser le transfert de compétences afin de permettre au Port de Cotonou d’être plus compétitif et attrayant aux yeux des clients et des investisseurs pour devenir le plus important port en Afrique centrale et de l’ouest. Un défi que comptent relever les experts du Port d’Anvers avant la fin du partenariat.