Face aux problèmes récurrents d’électricité qui durent depuis a période des indépendances et qui continuent de plonger des maisons, des usines, de petites et moyennes entreprises, et des villes et villages entiers dans le noir, les dirigeants africains sont dépassés et semblent être à court d’idées. Et s’ils avaient misé sur l’énergie nucléaire?
Issa SIKITI DA SILVA
« L’énergie nucléaire peut jouer un rôle clé dans la lutte contre la pauvreté énergétique en Afrique tout en atténuant le changement climatique et en aidant à résoudre la triple menace de la pauvreté, des inégalités et du chômage », rappelle Princy Mthombeni, fondatrice de la chaine YouTube « Africa4Nuclear », sur le site World Nuclear News.
Malheureusement, déplore cette pionnière inconditionnelle sud-africaine de la technologie nucléaire en Afrique, les décideurs politiques et les personnes au pouvoir finissent par pousser des politiques énergétiques qui n’ont que peu ou pas d’impact sur le développement de la vie des citoyens et de leurs pays.
L’électricité a toujours été au centre de tout plan quinquennal – appelé souvent « Plan National de Développement » ou PND – et lancé avec pompe par des gouvernements qui se succèdent à la tête des pays africains, et force est de constater qu’après cinq ans, pas même un dixième de ce qui a été écrit dans ce livre coloré et volumineux est accompli.
A bâtons rompus
Et il ne se passe pas un jour en Afrique sans que les médias diffusent des nouvelles sur un entretien à bâtons rompus qu’un dirigeant politique a eu avec une délégation d’un pays de l’Occident ou une institution de Bretton Woods dans le cadre d’un projet d’électrification.
« En Afrique, même pour électrifier un petit marché, un village, une école ou une rue principale, on fait toujours appel soit à la Banque mondiale, soit à l’Union Européenne, a l’ONU ou au gouvernement du Japon. C’est ridicule. On pourrait le faire nous-même avec de l’énergie nucléaire. Ça ne coûte pas cher, elle n’est pas polluante et elle est toujours disponible et on peut en produire assez pour éclairer chaque rue et chaque maison de nos pays », martèle un expert d’une société étatique d’électricité qui a préféré garder l’anonymat, par peur de représailles.
« Même si aujourd’hui le nucléaire est une énergie assez critiquée, il faut tout de même noter qu’il a aussi des avantages non négligeables. Le nucléaire ne rejette pas de CO2 mais seulement de la vapeur d’eau. C’est une énergie qui est disponible toute l’année. C’est aussi une énergie qui ne coûte pas cher à produire et elle permet de produire de l’électricité en grande quantité. Une centrale nucléaire a une durée de vie assez longue (40 ans) », souligne l’Agence France Électricité.
En plus de ces avantages qui sont non négligeables, poursuit Agence France Électricité, il est important de noter que le nucléaire est une énergie qui permet au plus grand nombre d’avoir de l’électricité.
Projet à long terme
« Même si l’énergie nucléaire est un projet à long terme, on peut toujours essayer, petit à petit. Si un président a vraiment l’intention de changer les choses, il pourra déjà commencer à planifier à construire une centrale nucléaire avec son équipe dès les premières semaines de son arrivée au pouvoir », indique la source.
« Au moment où il va entamer son deuxième mandat de cinq ans, le projet aurait déjà avancé », ajoute la source, qui renchérit que s’il y a la volonté politique et que les fonds sont prêts, construire une centrale nucléaire pourrait prendre jusqu’à 10 ans.
Dans un continent où seulement une fraction de la population comprend exactement ce que c’est que l’énergie nucléaire, l’Afrique du Sud est actuellement le seul pays qui met en place une centrale nucléaire à Koeberg, près de la ville côtière de Cape Town. Le pays possède deux réacteurs nucléaires qui génèrent 5% de son électricité, dont plus de 80% provient du charbon.
Récemment, le gouvernement égyptien a délivré un permis au géant du nucléaire russe Rosatom pour commencer la construction de la première centrale nucléaire du pays. Le projet coûtera 21 milliards de dollars pour une puissance de 4 800 mégawatts.
2030
Selon le site Energy for Growth Hub, les sept pays suivants pourraient être prêts pour le nucléaire d’ici 2030 :
- L’Algérie exploite un réacteur de recherche et envisage de mettre en service une centrale.
- Le Ghana exploite un réacteur de recherche et vise à remplacer la production au gaz par l’énergie nucléaire dans les années 2030.
- En 2015, le Kenya avait annoncé qu’il allait construire une centrale nucléaire, qui produirait 1 000 MW (1 GW) d’électricité d’ici 2030.
- Le Maroc exploite un réacteur de recherche, collabore avec l’AIEA et s’intéresse depuis longtemps à l’énergie nucléaire pour des utilisations telles que le dessalement et l’électricité.
- Le Nigeria exploite un réacteur de recherche et a signé des accords avec des fournisseurs étrangers tels que la Russie pour construire une centrale électrique de 2,4 GW.
- Le Soudan s’est engagé avec l’AIEA dans un examen des infrastructures et a signé des accords avec des pays fournisseurs comme la Russie et la Chine.
- La Tunisie, qui espère toujours développer l’énergie nucléaire, est apparemment restée activement engagée auprès des pays fournisseurs.