De par sa position géographique, Karimama, ville frontalière avec le Burkina, Niger et le Bénin à travers le parc W, dispose de nombreuses potentialités économiques et touristiques qui contrastent avec son niveau de développement et les conditions de vie des populations. Une situation aggravée en ce moment par des menaces terroristes, le braconnage et le développement du grand banditisme avec la récente fermeture des frontières terrestres entre le Bénin et le Niger et suite aux sanctions économiques de la CEDEAO depuis juillet dernier. En plus des opérations de braconnage qui dévastent les ressources animales de la région, s’en mêlent les problèmes liés aux conflits entre éleveurs étrangers et agriculteurs en période de transhumance. En effet la proximité de cette commune avec les pays frontalier et le parc W, sis au large des rives du fleuve Niger, fait de cette localité un véritable marché de bétails.
Karimama abrite, d’ailleurs, l’un des plus grands marchés du pays et du département de l’Alibori. De plus, les activités de pêches occupent en grande partie les 66.000 âmes qui y habitent en plus de la pratique de l’agriculture hivernale et de contre saison. Ces activités agricoles sont souvent mises à rude épreuve par les passages des éleveurs qui foulent aux pieds les règles fixées pour le passage des bêtes aux différents couloirs. Pour atténuer un tant soit peu, les affrontements souvent meurtriers qui s’en suivent, les autorités communales offrent la possibilité, contre le paiement d’un taux forfaitaire de 10 à 20.000F de paître les troupeaux sur les aires de l’Ile aux oiseaux du mois décembre à mars. Obéissant à un rigoureux calendrier saisonnier, les bergers sont contraints de quitter l’ile pour se rendre sur d’autres aires de pâturages dont les aires du parc W, jusqu’en octobre. Ces déplacements de pâturage d’une aire à une autre se déroulent sur fond de sédentarisation d’individus qui finissent par s’adonner à des actes de grand banditisme. A cette situation, vient s’ajouter celle de l’imbroglio total occasionné par le blocus routier de Malanville du fait de l’immobilisation de plusieurs centaines de camions gros porteurs, mettant en hibernation les activités sur les principaux marchés commerciaux de la région.
Ibrahim Yarou Djibril (Coll. Parakou)