La Banque mondiale a dévoilé, jeudi 11 octobre 2018 à Bali, en Indonésie, son nouvel Indice du Capital Humain (ICH), dont le but est de faciliter l’estimation des pertes de productivité économique subies par les pays qui n’investissent pas assez dans leurs populations. Avec un indice de 0,41, le Bénin se positionne à la 16ème place en Afrique.
Joël YANCLO
Le nouvel indice du capital humain de la Banque mondiale intègre des facteurs concernant la survie des enfants, la scolarité et la santé, le nouvel outil souligne surtout qu’aucun pays à travers le monde n’investit encore assez dans sa population pour lui permettre de profiter à 100% des retombées économiques que cela pourrait engendrer. Et si ce constat se vérifie en Europe, en Asie, en Océanie et en Amérique, il est d’autant plus vrai pour les Africains, surtout ceux au sud du Sahara. Ce nouvel indice octroie la note de 0,41 au Bénin. Une performance qui place le pays au 16ème rang en Afrique. Comme pour la plupart des études comparatives sur le développement des pays, les Etats africains occupent le bas du classement des pays par rapport à leur ICH. A l’exception des Iles Seychelles et de l’Ile Maurice, qui ont réussi à se hisser dans la catégorie des puissances mondiales comme la Chine, la plupart des pays africains au sud du Sahara affichent des performances très en dessous de la moyenne mondiale qui est de 0,57 sur 1, alors que la moyenne régionale est de 0,40. Cependant, on relève de grandes disparités dans l’état de lieu qui est fait du capital humain, en Afrique d’abord, et au sein de l’Afrique subsaharienne ensuite.
Les probabilités de survie jusqu’à 5 ans
Cette première composante du nouvel indice du capital humain de la Banque mondiale a révélé au monde une triste réalité. En effet, la moyenne mondiale aujourd’hui, concernant la survie des enfants au-delà de 5 ans n’est que de 0,97 sur 1. Autrement dit, seuls 97% des enfants nés aujourd’hui pourront survivre jusqu’à l’âge de la scolarisation, ce qui implique surtout que 3% des enfants nés aujourd’hui ne vivront pas plus de 5 ans. Et ce chiffre est malheureusement encore plus important en Afrique subsaharienne. 7% des enfants nés aujourd’hui en Afrique subsaharienne ne vivront pas au-delà de 5 ans. En effet, d’après les données de la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne affiche aujourd’hui un taux moyen de 0,93 sur 1 en la matière, soit la pire performance mondiale, alors que l’Afrique du Nord affiche un taux de 0,98. En d’autres termes, seuls 93% des enfants nés aujourd’hui en Afrique subsaharienne ont une chance de vivre jusqu’à 5 ans. 7% d’entre eux restant mourront avant d’avoir atteint cet âge. Et encore une fois, la situation est caractérisée par des disparités extrêmes d’un pays africain à l’autre. Alors que 96% des enfants nés en Afrique du Sud, en Namibie, au Rwanda, au Botswana et à Madagascar ont une chance de survivre jusqu’à l’âge de 5 ans, c’est 10% des enfants nés aujourd’hui au Bénin, au Nigéria et au Soudan du Sud qui meurent avant même d’avoir mis les pieds à l’école. Au Mali et en Sierra-Léone, c’est jusqu’à 11% des enfants nés aujourd’hui qui mourront avant d’avoir eu leurs 5 ans, tandis qu’au Tchad ce chiffre monte jusqu’à 12%.
Les statistiques de l’éducation
Pour les 93% des enfants africains ayant survécu jusqu’à l’âge de 5 ans, un autre défi reste donc à surmonter : le défi de l’éducation. Pour intégrer le secteur de l’éducation dans son nouvel indice du capital humain, la Banque mondiale a pris en compte deux sous-composantes à savoir : la quantité de l’éducation (à travers le nombre d’années que les enfants passent à l’école, ainsi que l’adéquation entre l’apprentissage et le temps de formation) et sa qualité. Selon les données de l’institution de Bretton-Woods, la durée moyenne mondiale prévue pour être consacrée aux études par les enfants nés aujourd’hui jusqu’à l’âge de 18 ans est de 11,2 années sur 14. Par contre le taux d’adéquation entre l’apprentissage et le temps de formation n’est que de 7,9 sur 14 en moyenne dans le monde.
Le facteur santé
Malgré leur survie durant leurs 5 premières années, et malgré leurs années de scolarisation, les enfants nés aujourd’hui, ne représenteront des facteurs de développement pour leurs nations, que s’ils jouissent d’une bonne santé. Pour intégrer ce facteur, l’ICH prend en compte le taux d’enfants non-atteints par un retard de croissance avant l’âge de 5 ans, ainsi que leur taux de survie à l’âge adulte. Concernant le premier point, les statistiques de l’Afrique subsaharienne montrent 68% des enfants nés aujourd’hui dans cette région du monde ne seront pas atteint d’un retard de croissance contre une moyenne mondiale 77%. Au sein de la sous-région, on constate encore d’énormes disparités concernant ce phénomène. Tandis que 44% des enfants nés aujourd’hui au Nigeria auront un retard de croissance pendant leurs cinq premières années, ce chiffre n’est que de 17% au Sénégal, alors qu’en Afrique du Sud, il atteint les 27%. Tandis que 44% des enfants nés aujourd’hui au Nigeria auront un retard de croissance pendant leurs cinq premières années, ce chiffre n’est que de 17% au Sénégal, alors qu’en Afrique du Sud, il atteint les 27%.
Légende photo :
Il vaut mieux naître à Port-Louis, à Washington ou à Tokyo plutôt qu’à N’djamena, Bamako ou Juba…
Le classement africain
Rang
Afrique Pays Indice du Capital Humain
1 Seychelles 0,68
2 Maurice 0,63
3 Kenya 0,52
4 Algérie 0,52
5 Tunisie 0,51
6 Maroc 0,50
7 Gabon 0,45
8 Ghana 0,44
8 Zimbabwe 0,44
10 Namibie 0,43
11 Sénégal 0,42
11 Botswana 0,42
11 Congo, Rep. 0,42
14 Afrique du Sud 0,41
14 Malawi 0,41
14 Benin 0,41
14 Togo 0,41
14 eSwatini 0,41
14 Comores 0,41
20 Tanzanie 0,40
20 Zambie 0,40
20 Gambie, The 0,40
23 Cameroun 0,39
24 Ethiopie 0,38
24 Ouganda 0,38
24 Soudan 0,38
24 Burundi 0,38
28 RDC 0,37
28 Madagascar 0,37
28 Rwanda 0,37
28 Guinée 0,37
28 Burkina Faso 0,37
28 Lesotho 0,37
34 Angola 0,36
34 Mozambique 0,36
36 Côte d’Ivoire 0,35
36 Mauritanie 0,35
36 Sierra Leone 0,35
39 Nigeria 0,34
40 Mali 0,32
40 Niger 0,32
40 Liberia 0,32
43 Sud Soudan 0,30
44 Tchad 0,29