(76 structures accréditées et plus de 1000 personnes formées)
Aboubacry Baro apporte des éclairages d’expert sur la question de la Qualité en général et de l’Accréditation en particulier qui est devenue un enjeu de taille pour le développement économique et social de l’Union. Reçu, sur l’émission « L’Invité de l’Intégration », le président du Système Ouest Africain d’Accréditation (SOAC) a passé au peigne fin, la mission, les objectifs et les résultats du SOAC depuis sa création à aujourd’hui. Dans cet entretien en trois temps, il a surtout présenté le système de certification des produits au sein de l’UEMOA.
Belmondo ATIKPO
Par définition, l’accréditation s’entend comme une attestation délivrée à un organisme d’évaluation de la conformité et constitue une reconnaissance formelle de la compétence de ce dernier à réaliser des activités spécifiques d’évaluation de la conformité. En clair, l’accréditation est incontournable pour garantir la qualité des produits et services offerts aux consommateurs dans un espace géographique donné. Le principe généralement admis dans ce domaine est d’avoir un organisme d’accréditation par pays. Dans l’espace UEMOA, compte tenu de la modicité des ressources aussi bien humaines, techniques que financières, l’option a été de mettre en place un système sous régional unique appelé à servir l’ensemble des Etats membres. Le président de la structure, Aboubacry Baro, indique que le Système africain d’Accréditation est un pan de l’infrastructure régionale qualité. Quand, on parle d’accréditation, cela ramène à la reconnaissance de la compétence technique des organismes d’évaluation de la conformité à savoir : les laboratoires, les organes d’inspection, les organes de certification, les organismes de vérification et de validation. Pour être plus précis, quand on parle par exemple des laboratoires, ce qu’on recherche, c’est la fiabilité des résultats. Si on prend le domaine de la santé, lorsqu’on a des ennuis de santé, on va voir le médecin, qui nous prescrit des ordonnances et analyses. On fait des analyses, on revient avec les résultats. C’est sur la base des résultats, que le médecin diagnostique le mal réel. Mais, la grande question est de savoir, qu’en est-il de la fiabilité de ces résultats. Est-ce que les résultats sont justes ? Si les résultats ne sont pas justes, ça va être une erreur médicale. Le médecin va apprécier les résultats sur la base des données erronées. Et conséquemment, le médecin peut mal apprécier notre état de santé. Et souvent, c’est le cas pour la plupart des pays, surtout le nôtre. On a beaucoup de difficultés par rapport à ces laboratoires, aux équipements, à leur installation, aux manipulations des équipements, aux compétences techniques et à la fiabilité des essais. A ce niveau, il faut arriver à démontrer que ces laboratoires, ces résultats sont fiables, et en ont la compétence. C’est là, intervient l’accréditation. Elle consisterait pour le SOAC, à faire des évaluations et à la fin, attester formellement que le laboratoire est compétent à faire ses essais. L’avantage de ces résultats rassure ». Transposer ces exemples sur le plan économique ramène à la même analyse. Ainsi, selon l’expert « les produits consommables doivent subir des contrôles en amont dans les laboratoires avant leur accès au marché. Ne pas le faire, c’est exposer les populations aux maladies. Soit, il faut détruire ces denrées, les mettre en quarantaine ou bien les expédier en fret ».
Bilan du SOAC depuis 2018
A en croire Aboubacry Baro, de 2018 à aujourd’hui, le bilan du SOAC est satisfaisant. Au total, 76 évaluations de conformité ont été accréditées et touchent beaucoup de domaines à savoir : l’agroalimentaire, la biomédicale, les BTP, les polices scientifiques, l’analyse balistique. Tous ces domaines sont couverts par le SOAC. De mars 2018 à Janvier 2021, 21 structures ont été accréditées (20 laboratoires, 1 organisme de certification) et 647 personnes formées dont majoritairement des cadres (80%). Un taux de progression moyen de 53% des apprenants est enregistré pour les formations, une participation de femmes à hauteur de 27% et un taux moyen de satisfaction de 93%. Le SOAC est membre de l’AFRAC, de l’ILAC et de l’IAF. Le Système Ouest Africain d’Accréditation (SOAC) a été accepté le 25 avril 2022 comme membre signataire de la Coopération africaine d’accréditation (AFRAC). Cette reconnaissance porte sur les laboratoires d’essai (ISO IEC 17025) ; les laboratoires d’étalonnage (ISO IEC 17025) et les laboratoires médicaux (ISO 15189). Quelques jours plus tard, soit le 14 mai 2022, le Représentant Résident et Directeur Général du SOAC, M. Marcel Gbaguidi, signait les accords de reconnaissance mutuels de la Coopération Internationale des Laboratoires (ILAC). C’est dans ce contexte d’excellence et de première en Afrique de l’Ouest, que s’est tenue la 4ème Assemblée générale (AG) du SOAC, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 12 mai 2022. Le Système Ouest Africain d’Accréditation (SOAC) a été créé en 2010 par le Règlement N°3/2010/CM/UEMOA du Conseil des Ministres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) portant schéma d’harmonisation des activités d’accréditation, de certification, de normalisation et de métrologie dans l’UEMOA.
Le SOAC, un catalyseur pour les entreprises
Les entreprises au sein de l’espace UEMOA ont besoin de l’accréditation. D’après Boubacry Baro, « Si une entreprise met en place un système de management de la qualité par exemple, elle a besoin de prouver à ses clients et aux partenaires intéressés, qu’elle maitrise ses processus pour mettre sur le marché des produits fiables. Conséquemment, l’organisme qui va certifier l’entreprise, doit chercher à prouver sa compétence. Au niveau de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, il y a deux organismes de système de management pour certifier le système d’organe de management public ou privé. Une sensibilisation des autorités de l’Union se fait pour pouvoir encourager les structures à développer la normalisation des certifications des systèmes ». Le SOAC, ne peut pas évoluer en vase clos. Il lui faudra travailler à devenir membre des instances de coopération d’accréditation régionales et internationales comme la Coopération Africaine d’Accréditation (AFRAC), la Coopération Internationale pour l’Accréditation des Laboratoires (ILAC) et le Forum International d’Accréditation (IAF). A ce niveau, les organismes d’accréditation, après une évaluation des pairs rigoureuse pilotée par les coopérations d’accréditation, signent des accords de reconnaissance mutuelle qui permettent de conférer une portée africaine (AFRAC) ou internationale (ILAC / IAF) à un certificat établi par le SOAC. Après une quinzaine d’années d’effort non-stop dans le domaine de l’infrastructure qualité en général et de l’accréditation en particulier, les premiers fruits sont certes au rendez-vous mais restent très fragiles. De ce fait, nonobstant l’appui des partenaires techniques et financiers tels que l’Union européenne et l’ONUDI, ils méritent le soutien de toutes les parties prenantes pour être consolidés et pérennisés. Signalons qu’il existe trois organismes d’accréditation reconnus par la Cedeao. L’organisme du Ghana, le GhaNAS, l’organisme du Nigeria le NiNAS et l’organisme de l’Uemoa le Soac. Parmi ces trois, seul le Soac a été évalué par l’Afrac en 2021. C’est le lieu de noter que le Soac a été mis en place par l’Uemoa avec l’appui de la Cedeao et de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (Onudi).
Les partenaires du SOAC
Afin d’assister les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) dans ce domaine, l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) a mis en œuvre, grâce au financement de l’Union européenne, un Programme qualité destiné à améliorer les capacités de l’UEMOA dans les domaines de l’accréditation, de la normalisation et de la promotion de la qualité. L’une des composantes de ce projet est la création d’un Système ouest-africain d’accréditation (SOAC) devant permettre à terme la délivrance de certificats d’accréditation aux laboratoires, organismes de certification et d’inspection, reconnus au niveau international. D’ici peu, des évaluateurs issus des pays de l’UEMOA pourront remplacer les évaluateurs des autres organismes d’accréditation, comme le COFRAC, lors des évaluations des OEC des pays de l’UEMOA, ce qui diminuera fortement les coûts des évaluations et donc de l’accréditation, encourageant ainsi son développement. La mise en place des organisations internationales de développement du commerce comme l’Union européenne (UE) ou l’Organisation mondiale du commerce (OMC), désireuses de supprimer les entraves techniques aux échanges, basées sur des réglementations techniques nationales, les obligeaient à revoir leur mode d’intervention sur les produits importés. Les organismes certificateurs de produits et de services qui ont été créés dans les années 80 sous la forme souvent de marques nationales intervenant dans le domaine de la sécurité (NF en France, GS en Allemagne par exemple). Leur champ d’activité s’est étendu, au-delà de la sécurité, à la certification des qualités d’un produit ou d’un service défini dans un cahier des charges approuvé par les parties intéressées : producteurs, consommateurs et pouvoirs publics (les exemples sont nombreux : du sac poubelle au site Internet).
SOAC-UEMOA une relation axée sur les résultats
Le SOAC est un instrument et un organe de l’UEMOA. Il a été créé en 2005 pour éviter le foisonnement de structure d’accréditation dans l’Union. Les savoir-faire locaux peuvent être alors valorisés à travers les accréditations. Le mois d’octobre qui est consacré au consommons local est l’occasion pour le président du SOAC d’inviter les entrepreneurs à valider la qualité de leurs produits à travers des organismes de certification et pour mieux crédibiliser leurs certifications, ces organismes de certification doivent à leur tour s’adresser au SOAC. « Il faut qu’on développe la culture qualité au sein de l’Union », a recommandé le président du SOAC. La Côte d’Ivoire a été retenue, après appel à candidature ouvert à l’ensemble des Etats membres de l’UEMOA, pour abriter le siège du SOAC.