Plusieurs localités du département du Mono vivent depuis peu un calvaire qui ne dit pas son nom à cause des lâchers d’eau du barrage de Nangbéto. Les champs sont envahis par les eaux et les populations malgré les aides des autorités gouvernementales et communales ont des difficultés à subvenir à leurs besoins. Face à ce problème certaines personnes ont trouvé comme une voie de sortir la pêche pour nourrir leurs familles. Les dégâts jusqu’à présent restent énormes dans les différentes communes touchées par les inondations dans le département du Mono.
Romuald NOUDEDJI
Ils sont nombreux ces paysans qui prennent d’assaut chaque matin et parfois la nuit profonde les endroits envahis par les eaux pour pêcher du poisson. Une activité qui a pris la place des travaux champêtres, auxquels ils s’adonnaient pour nourrir leurs familles. « Nous savons plus quoi faire. Les enfants doivent manger et d’autres doivent aller à l’école. On comptait tellement sur les récoltes mais hélas les eaux ont eu raison sur nous », affirme Gaston Agboton, un cultivateur à Athiémé. « Nous avons tellement de problèmes et malgré les efforts du gouvernement on ne peut subvenir aux besoins de nos familles. La pêche ne comble pas totalement nos attentes mais ça fait de son mieux pour nous donner la paix du cœur », dixit Laurent Amétépé, un cultivateur à Athiémé. Même dans la nuit profonde, on les retrouve dans les bas-fonds et sur les eaux en train de chercher du poisson, les lampes torches à la main et parfois des filets qui étaient déjà placés dans la journée. Chacun utilise les moyens nécessaires pour pêcher beaucoup de poissons avant le jour. « Souvent la nuit les poissons reviennent à la surface. Donc la pêche de la nuit remporte plus que le jour », explique Comlan Anagonou, un pêcheur. Ces derniers face au manque d’argent ne mesurent plus les risques d’infection que pourraient occasionner les eaux. Puisque dans les localités inondées, l’eau a submergé les latrines et les points d’eau. Cette situation, indique-t-on, ne rassure pas de la bonne santé des populations qui parfois utilisent l’eau du fleuve comme breuvage. De même, les infections liées à l’eau tels que les diarrhées, le choléra, la dysenterie, les hépatites, l’acariasis, le ver de guinée et le paludisme, peuvent prendre place au sein des communautés.
Quelques dégâts causés par les inondations
Dans la commune d’Athiémé au total 38 localités sont affectées dans quatre arrondissements sur les cinq que compte la commune. Des sources proches de la croix rouge font état de 31.482 personnes affectées avec 9.258 ménages sinistrés. Plus de 1.851 femmes enceintes et 2.367 enfants de moins de cinq ans ont été aussi affectés par ces inondations. 16 écoles primaires publiques sont inondées, bloquant ainsi les activités pédagogiques. Les personnes handicapées et du 3ème âge font également les frais de cette inondation. Quatre centres de santé d’arrondissement, Aguidahoué, Konouhoué, Awamè et Dédékpoè sont restés inaccessibles. 43 points d’eau sont inondés, de même que six pistes d’accès aux villages. Par contre dans la Commune de Grand-Popo, 16 villages sont envahis par l’eau soit, 994 ménages inondés. La majorité des écoles situées sur l’axe Sazoué-Djanglanmey- Adjaha sont inaccessibles et le centre de santé de Hêvê est inondé. Dans cette commune, apprend-t-on, aucune réunion de la plate-forme communale n’a encore été tenue.A Lokossa, deux arrondissements sur cinq, Lokossa et Ouèdèmè-Adja ont été touchés par l’inondation. 2500 ménages, 1050 femmes enceintes et 5000 enfants de moins de cinq ans ont été touchés par la crue du fleuve Mono. Plusieurs champs sont inondés dans cette zone. Les pistes de dessertes et autres voies sont impraticables, rendant ainsi difficile le déplacement de la population. Plusieurs écoles sont inondées et toujours inaccessibles. En ce qui concerne les difficultés, l’équipe de la mairie d’Athiémé n’est toujours pas arrivée à atteindre certains villages très sinistrés tels que Togblo, Houèglé et Adhamè. Des centres de santé restent inaccessibles aussi bien aux agents de santé qu’à la population, notamment Aguidahoué, Konouhoué, Dédékpoè et Awamè, rendant difficiles les prises en charge sanitaires. L’acheminement du matériel pour les prises en charge n’est toujours pas possible. La viabilité des sites d’accueil, le refus de déplacement de certaines communautés touchées continuent de faire objet de réflexion. Le niveau de l’eau a baissé et il est passé de 8,50 m à 8,10 m. Même à ce cette hauteur, la situation demeure toujours au rouge, indique-t-on.
Des mesures qui ont été prises
Le préfet du Mono a pris un arrêté pour suspendre les cours dans les établissements publics inondés et inaccessibles. Un comité ad hoc a été mis en place pour gérer les vivres, poursuivre la sensibilisation en direction des populations, ce pour la réduction des risques, gérer l’acheminement de l’aide alimentaire ainsi que le matériel nécessaire à la prévention des épidémies. Des mesures de gratuité des soins ont été aussi décrétées pour la prise en charge de tout patient présentant une affection diarrhéique, paludique et autres. Le Directeur départemental Adjoint de la police républicaine du Mono, Constant Badet et ses éléments, le maire de la ville d’Athiémé Saturnin Dansou et, un certain nombre de volontaires, continuent, de regrouper à l’aide de barques motorisées, les sinistrés sur les sites d’accueil. Les sensibilisations ont toujours cours pour éviter les cas de noyade. Le secrétaire général du département du Mono, Arnaud Sègla Agon, a exhorté chacun à jouer sa partition pour la maîtrise de la situation. Des instructions fermes ont été également données pour que les vivres aillent vers les ayants droits. Des descentes régulières sont aussi organisées sur les sites d’accueil pour s’enquérir des conditions de vie des personnes sinistrées. Il faut souligner que le site d’accueil d’Athiémé a enregistré 33 personnes. Avec ce nombre, il exixte encore une disponibilité de vivres, d’eau potable, de moustiquaires et de latrines. Dans la matinée du vendredi 18 octobre, ce nombre est passé à 85 et ne cesse de croître. Sur le site d’Adjassincodji, une centaine de personnes déplacées sont regroupées sous deux tentes de l’Agence nationale de protection civile (ANPC). Il est urgent de redoubler d’ardeur dans la prise des décisions aux différents problèmes causés par les inondations.