Le marché de vente des ferrailles est une activité très lucrative à Natitingou et environ. Depuis plusieurs mois, cette activité mobilise beaucoup de personnes dans la cité des Nantos. Pourquoi cette activité est si lucrative ?
TAMPOUNHOURO T. J. Blaise
Le marché de vente des ferrailles est un marché nouvellement né à Natitingou. Ce marché qui est essentiellement animé par des jeunes de l’ethnie « Djerman » a la particularité d’être une activité très attractive à l’endroit des jeunes gens qui sont à la recherche de gains immédiats. Les jeunes vacanciers n’hésitent plus à se lancer dans une telle activité qui nourrit ceux qui s’y adonnent. Parmi les amoureux d’une telle activité, il y a les mécaniciens, les élèves, les femmes démunies et autres. A Winké, un quartier qui regorge de ces lieux de vente des pièces détachées recyclées, il y a un nombre impressionnant de jeunes qui y travaillent. « Moi je suis un mécanicien qui a son garage au quartier Boriyouré de Natitingou. Je viens régulièrement ici pour leur livrer des ferrailles, des fers endommagés et usagers. Ce fer est ensuite stocké et embarqué dans des véhicules Titan qui les acheminent à Cotonou. Selon les informations qu’on a eu, ces fers là vont directement en Europe, dans les usines de fabrication des véhicules et autres. Cette activité est très rentable, puisque quand tu trouves ce qui les intéressent, banalement en une journée, tu peux gagner jusqu’à 8000 FCFA ou même 15000 FCFA » a déclaré un jeune mécanicien rencontré à Natitingou. Un autre jeune rencontré au quartier Sountchirantikou affirme que dans ces temps difficiles où tout est dure, c’est grâce à cela que les jeunes arrivent à trouver un peu un peu pour faire face à leurs problèmes. « Ça me permet de trouver un peu un peu de sous. J’arrive à trouver des fois 2500 FCFA ou 3000 FCFA quand ces acheteurs de fer viennent dans le quartier pour acheter cette marchandise » a-t-il ajouté. Selon le constat qui a été fait sur le terrain, il y a des grossistes qui, chaque matin, ont à leur disposition, des jeunes à qui ils remettent de l’argent, un pousse pousse et une balance pour mesurer le poids des fers qui seront achetés, et grâce à ce matériel, ces jeunes achètent massivement des quantités de fer dans toute la ville et reviennent avec le butin chez leur responsable. Selon les investigations qui ont été faites, la plupart de ceux qui font ce travail de collecte, sont originaires soit du Niger, soit du Burkina-Faso. C’est ce qui a poussé un jeune de la cité des Nanto à déplorer le fait que ces jeunes venus d’ailleurs soient en train de leur arracher leurs emplois et petits boulots qu’ils auraient exercer eux même. En réaction à une telle logique, un autre estime que si les jeunes de ces pays là sont retenus pour faire ce travail, cela est du au comportement tres suspect des jeunes de la localité qui s’adonnent abondamment à la consommation de l’alcool. « Je suis sûr que si nos frères se comportaient bien, beaucoup parmi eux seront retenus pour faire ce travail qui nourrit son homme malgré tout» a renchéri un autre.
Connexion avec les entreprises internationales
L’activité qui consiste à aller de maison en maison pour acheter les objets en fer gâtés, a tellement prospéré que la plupart de ceux qui le font, gèrent beaucoup de millions. Pour preuve, la dernière en date, est un camion Titan, rempli des objets de ferrailles endommagés de toutes sortes. Ce chargement de plus 35 tonnes de ferrailles endommagées, se rendait à Cotonou pour être embarqué sur un bateau en destination de la France. Une fois à Cotonou, c’est dans le quartier Akpakpa que ces camions viennent stationner et des conteneurs sont apprêtés pour embarquer leur contenu en direction de l’Europe. Cela montre que cette activité a des connections jusqu’en Europe et dans les usines de fabrication de véhicules. Mais quant à la question de savoir ce que gagne nos communes par rapport à cela, un agent de la mairie de Natitingou affirme que cette activité n’apporterait rien à la commune. « On verra dans quelle mesure les amener à payer les taxes. Mais pour l’instant, rien n’est prévu dans ce sens » a-t-il lancé. Au vu du flux financier que dégage une telle activité, il serait bien que les communes puissent prélever quelque chose sur ce produit, car c’est aussi un gisement fiscal.