La révolution du numérique oblige les commerçants de Dantokpa à se trouver une nouvelle corde : celle du commerce en ligne. Ce nouveau concept permet à certains de maintenir leur chiffre d’affaires et à d’autres de multiplier les bénéfices.
Félicienne HOUESSOU
La rouée du commerce sur les réseaux sociaux tente de voler la vedette à plusieurs commerçants du marché Dantokpa. Pour maintenir le cap dans leur business, ceux-ci se trouvent dans l’obligation de créer des boutiques en ligne. La plus part du temps dans le m-commerce (commerce par internet). Le commerce en ligne, encore appelé cybercommerce, est l’échange de biens, de services par l’intermédiaire des réseaux informatiques, notamment Internet. On y effectue des transactions commerciales de vente, mais aussi d’achat. La notion d’e-commerce englobe également d’autres activités comme : la mise à disposition d’un catalogue électronique, le paiement en ligne, le service après-vente, le service clientèle, ou encore la réalisation de devis en ligne. Le commerce électronique se caractérise par la mise à disposition des produits ou services d’une société, n’importe où et n’importe quand, aux consommateurs. Que ce soit pour la vente d’objets publicitaires comme sur ce site, ou des meubles, ou encore des produits cosmétiques… L’émergence de la vente en ligne est directement liée à l’apparition du web qui donne un nouvel élan à l’économie. Installée en plein cœur du grand marché Dantokpa, dame Yvette Sohou, dit maman Dora, vendeuse de tissus avoue avoir gagné la majorité de ses clients fidèles grâce à la vente en ligne. « Le marché ne donne plus comme avant. Tu peux passer toute une journée sans faire une seule vente alors que tu as des charges. C’est trop dur », déplore-t-elle. Avec la multiplication des ventes de tissu ‘’guipu’’ en ligne, dame Sohou et ses consœurs ont très vite vu leur chiffre d’affaires en chute libre. Dans la recherche de solutions pour une sortie de crise, elles ont compris qu’il faillait se mettre dans la danse avec la création de pagne facebook, de groupe whatsapp, la publicité sur autres réseaux sociaux… « À travers mon groupe whatsapp et la publication des arrivages sur facebook, beaucoup de clients me contactent. Grace à cette vente en ligne, j’arrive à écouler mes nouveaux motifs », confie-t-elle. De même, Adidjath Gbadamassi, vendeuse de sacs et chaussures, confirme qu’elle a presque doublé son chiffre d’affaires avec la vente en ligne. « Les affaires avaient chuté entre-temps et je voyageais par trimestre. Mais j’ai pu sortir la tête de l’eau avec la boutique en ligne et depuis, c’est tous les mois que je voyage pour amener de nouvelles marchandises. Cette semaine j’ai déjà vendu plus de 4 ensembles de sac et chaussure », révèle-t-elle
La croissance fulgurante de l’internet et son accès qui s’étend petit à petit à une grande partie de la population a permis de réels investissements dans le commerce en ligne. Une économie numérique est entrain de voir le jour et tout un chacun peut y jouer un rôle majeur. Les achats en ligne s’inscrivent petit à petit dans les habitudes de consommation des populations. Les leaders de la distribution classique n’ont pas d’autres choix que de composer avec cette nouvelle donne. Ainsi, les sites de vente en ligne sont en pleine progression avec les acteurs économiques qui proposent des services adaptés aux réalités et aux besoins locaux. L’étude “Shop the world!” réalisée par DHL en 2014, révèle que les marchés émergents présentent le plus fort potentiel de croissance pour le commerce électronique. De plus en plus de sociétés choisissent d’ouvrir leur boutique en ligne pour améliorer leur visibilité et profiter du développement rapide des nouvelles technologies. De plus, elles ont compris que les consommateurs passent plus leur temps face à leur écran d’ordinateur, de smartphone, de mobile, de tablette ou de PC. Dans le bus, au bureau ou à la maison, acheter des biens et services en un simple clic entre progressivement dans les habitudes des consommateurs béninois.
La question des moyens de paiement
La chaîne de valeur de l’e-commerce peut schématiquement être décomposée en quatre domaines qui nous permettent d’analyser les freins: le marketing, consistant à accroître l’audience présente sur le site et à convertir cette audience en ventes ; la transaction (prise de commande et paiement de la transaction lorsqu’elle est réalisée avant la livraison) ; la chaîne logistique, permettant la livraison au client final. Le moyen de paiement, qu’il soit à la livraison ou au moment du passage de la commande sur internet, reste un moment clé dans le processus d’achat d’une plateforme d’e-commerce. Le paiement peut être un frein à l’achat à cause du manque de confiance, mais aussi du faible taux de bancarisation. En effet, selon l’étude sur les classes moyennes CFAO réalisée par IPSOS et Bearing point, seuls 15 à 20 % de la population possède un compte bancaire. Ce faible taux de bancarisation demeurait jusque-là un obstacle majeur pour le commerce en ligne en Afrique. Toutefois, cet obstacle n’a pas constitué un frein majeur à l’expansion de l’e-commerce. La carte bancaire est donc loin d’être un moyen de paiement universel. En effet, les plateformes d’e-commerce ont dû s’adapter et proposent un large éventail de méthodes de paiement. Une solution réside notamment dans l’utilisation des services de paiement mobile largement proposés par les opérateurs mobiles. Les méthodes les plus utilisées sont donc le paiement en espèces à la livraison et le paiement dans la boutique du vendeur. Sans surprise, ces méthodes sont également celles apportant le plus de confiance aux clients. Le paiement en cash lors de la livraison représente fréquemment plus de 90 % des commandes.
Sécuriser le marché…
Il convient d’explorer les défis qui restent à relever pour rendre possible l’essor de la boutique en ligne. Ces défis se retrouvent dans les grands domaines de la chaine de valeur du e-commerce le marketing, consistant à accroître l’audience présente sur le site et à convertir cette audience en ventes ; la transaction (prise de commande et paiement de la transaction lorsqu’elle est réalisée avant la livraison) ; la chaîne logistique, permettant la livraison au client final; le service client, ayant un rôle fort de réassurance et de fiabilisation des commandes. Le marketing sur le canal mobile est central pour une plateforme d’e-commerce : il remplit deux fonctions clés. La première est d’attirer des visiteurs sur la plateforme et la seconde de convertir ces visiteurs en clients. Le commerce électronique fait intervenir les données personnelles à cause de la nécessité de communiquer ses coordonnées bancaires lorsqu’on règle sa facture par carte. Le commerçant prend également connaissance de l’identité des clients lors des transactions par Mobile money. En cas de livraison, les consommateurs dévoilent des informations sur leur lieu de résidence. Au Bénin, où la protection des données à caractère personnel laisse encore à désirer, les consommateurs redoutent le sort qui sera réservé à leurs données personnelles. Plusieurs pays ont adopté des lois sur le commerce électronique, mais leur application stricte n’est pas toujours effective.
Lors de la conférence sur le commerce électronique de l’Union africaine(UA), organisée du 23 au 25 juillet 2018 à Nairobi au Kenya, la CNUCED a appelé les États africains à se doter de réglementations plus à même de stimuler la croissance de ce segment de marché. Selon Mukhisa Kituyi, le secrétaire général, de l’institution « l’Afrique doit élaborer des lois renforçant l’intégrité des achats sur les plateformes électroniques afin que les consommateurs puissent faire confiance aux plateformes de commerce électronique ». Il a souligné que les autorités du continent doivent se doter d’une réglementation adéquate pour protéger les consommateurs qui commandent des marchandises par voie électronique. Pour lui, l’Afrique doit se doter de règles qui garantiraient l’obligation pour les entreprises de commerce électronique de livrer les biens payés par les consommateurs, comme ils l’ont promis.