Prise au piège entre le chômage et le sous-emploi, les jeunes béninois accourent de plus en plus vers l’emploi indépendant. En dépit des difficultés à lever des fonds, les startups poussent comme des champignons ces dernières années.
Félicienne HOUESSOU
La naissance d’une culture entrepreneuriale depuis quelques années favorise au Bénin une montée en puissance de la création de plusieurs startups. Autres segments du développement durable, ces jeunes entreprises recouvrent un décollage professionnel de milliers de jeunes béninois. Entreprise en démarrage ou jeune pousse en français, une start-up est une nouvelle entreprise innovante, généralement à la recherche d’importants fonds d’investissement, avec un très fort potentiel de croissance économique et de spéculation financière. Pour le président du patronat des startups du Bénin, Arel Zannou, la création des startups au Bénin prend de l’ampleur même si beaucoup de jeunes créateurs ne savent pas que leur initiative est appelée : startups. « Il y a plus de jeunes qui s’intéressent à la chose. Au début on était 3 ou 4 et les gens ne connaissaient même pas ce que c’est qu’une start-up. Et c’était difficile de se connaitre dans ce cadre- là. Mais avec le temps avec l’avènement de l’actuel ministre de l’Economie numérique, il y a eu une accélération de la chose et aujourd’hui on compte beaucoup de startups qui n’ont pas encore tous atteint l’objectif qui est d’avoir une forte croissance et de pouvoir aller très vite », révèle-t-il.
La notion de startup n’étant pas clairement définie, à l’heure actuelle le patronat des startups béninois compte environ 80 membres. « Nous enregistrons régulièrement des adhésions. Nous sommes conscients qu’il y en a plus et nous travaillons dans ce sens là pour expliquer au gens ce que c’est que les startups. Parce qu’il y en a qui ne se reconnaissent pas encore parce qu’ils ne comprennent pas le thème », informe Arel Zannou. Abondant dans le même sens, Victor Gnankadja, jeune start-up pense qu’il y a un travail de vulgarisation, d’information pour permettre aux gens de comprendre et éventuellement se retrouver dans ce qu’ils font. Il est clair que l’écosystème jeune entreprise se renforce chaque année de manière considérable, et que la jeunesse béninoise a fortement gagné en culture entrepreneuriale.
La finance au cœur du cycle de vie des startups
L’industrie du capital investissement joue un rôle clé dans le cycle de vie d’une start-up. Cette dernière n’est efficace que si elle peut se déployer à tous les stades : amorçage, développement, transmission…Selon un rapport publié le 22 mars par le fonds de capital-risque Partech Africa, les levées de fonds réalisées par les start-up africaines en 2018 ont progressé de 108%, par rapport à 2017. Soit un montant global de 1,16 milliard de dollars. Ces levées de fonds ont été réalisées par 146 startups réparties entre 19 pays. Mais le Bénin est absent de cette liste. La ventilation des levées de fonds réalisées en 2018 par pays fait ressortir que le Kenya a pris l’ascendant sur le Nigeria et l’Afrique du Sud. Les jeunes pousses kényanes ont attiré 348 millions de dollars durant l’année écoulée, contre 306 millions pour les start-up implantées au Nigeria et 250 millions pour celles opérant en Afrique du Sud. Viennent ensuite la Tanzanie (75 millions), l’Egypte (67 millions), le Malawi (28 millions) et le Sénégal (22 millions).
Dans ce nouvel écosystème de l’innovation, l’État intervient en cofinancement, mais « pas à une hauteur suffisante », à en croire les jeunes startups.« Les banques et les entreprises ne savent pas ce qu’est une start-up, elles sont allergiques aux risques et ne veulent pas acheter une idée. Et les taux d’intérêt sont beaucoup trop élevés», indique Victor Gnankadja. Des concours tels Innovation Prize for Africa, le Start Up Connect, le prix Orange, le programme de la fondation Tony Elumelu permettent également de se faire connaître et d’obtenir des financements.« Nous espérons qu’avec les mécanismes qui sont mises en place, nous pourrions aller un peu plus vite. Quand on parle de start-up au Bénin, nous sommes encore à l’étape embryonnaire en comparaison avec se qui se passe dans le monde. L’Afrique à cette spécifié de toujours rester à la traine. Ce qui est important c’est qu’on ait amorcé quand même la chose. C’est très important », espère Arel Zannou. Selon le président du patronat des startups du Bénin, le taux de risque d’échec de ces jeunes entreprises est très supérieur à celui d’autres entreprises, de par son caractère novateur, sa petite taille et son manque de visibilité. Les idées et le courage sont là. Mais parmi les projets, très peu rencontrent le succès. Les startups africaines peinent encore à transformer l’essai. Difficultés de financement et mauvaise lecture du marché expliquent cet échec relatif. «Plusieurs jeunes entrepreneurs peinent à voir aboutir leurs projets parce qu’ils ne font pas assez d’études de marché. Ils ont une idée, mais ils ne se rendent pas compte qu’elle est difficile à vendre », analyse Edouard Djègui, jeune patron.
Pour évaluer objectivement l’influence des start-up africaines sur le développement réel de leur territoire, il est nécessaire de définir un modèle efficace de démocratisation de l’innovation. Généralement, les startups s’établissent dans des incubateurs d’entreprises. Le Bénin a vu fleurir ces jeunes pousses grâce aux incubateurs et accélérateurs, dans les universités et les écoles. Le groupe Xerfi y a consacré une étude récemment, montrant, que derrière cette prolifération, il y avait du bon et du moins bon. Parfois de la « poudre aux yeux ». En arrière-plan, il y a aussi l’activité record du capital investissement. Aussi bien en termes de levée de fonds que d’investissement.