Les pays qui n’investissent pas dans la sécurité routière pourraient perdre entre 7 et 22% de leur potentiel de croissance du Produit intérieur brut (PIB) par habitant sur une période de 24 ans, selon une étude de la Banque mondiale publiée en janvier 2018.
Issa SIKITI DA SILVA
Les accidents de la route tuent chaque année plus de 1,25 million de personnes dans le monde et entraînent des conséquences économiques énormes, avec un potentiel humain aussi énorme. Les décès dus à la circulation routière touchent de manière disproportionnée les pays à revenu faible et intermédiaire, où se produisent 90% des décès sur les routes dans le monde, a révélé l’étude intitulée ‘’The High Toll of Traffic Injuries: Unacceptable and Preventable” et financée par Bloomberg Philanthropies.
La plus grande partie de ces décès et des handicapés à vie ou de longue durée résultant des accidents de circulation concerne la population en âge de travailler (entre 15 et 64 ans).
Le Bénin a enregistré 700 morts des suites d’accidents de circulation entre 2015 et 2016, soit deux par jour, selon les chiffres du Centre national de sécurité routière (CNSR), qui souligne toutefois que les jeunes d’entre 15 et 25 ans représentent plus de 50% de morts de ces accidents dans de grandes villes.
« J’ai vraiment l’impression que tout le monde dans ce pays, y compris les piétons et les motos, est toujours pressé. Il faut que les autorités travaillent dur pour arrêter cette vague d’accidents de circulation qui déciment nos communautés et notre main-d’œuvre. Imaginez qu’un bon matin l’un de vos membres de famille qui travaille et aide la famille devient victime d’un accident de circulation », a indiqué Paul Dokponou, un résident de Cotonou.
« La sécurité routière a une importance capitale surtout dans de grandes villes comme celle-ci où les chauffeurs roulent trop vite et ne nous donnent pas, nous les piétons, la chance de traverser », s’est lamenté Bienvenu Gbedji.
Ainsi, réduire le nombre de décès et blessures causés par les accidents de circulation pourrait générer des gains de revenus substantiels à long terme pour les pays à revenu faible et intermédiaire, a démontré le rapport cité ci-dessus.
Que faire ?
« Les autorités municipales doivent respecter leurs engagements en matière de réduction des décès en allouant directement des fonds à l’amélioration de la sécurité routière. En plus de l’impératif éthique de sauver des vies, cet investissement est économique: les routes dangereuses génèrent des coûts en vies perdues et en productivité, ainsi que des impacts négatifs sur le développement », a souligné Anna Bray Sharpin, chercheuse au World Resources Institute (WRI).
Des études montrent également qu’au lieu de construire des autoroutes urbaines coûteuses, les autorités feraient mieux d’investir dans des rues bien conçues dotées de transports en commun et d’infrastructures pour piétons et cyclistes, a renseigné le WRI la semaine dernière.
Très peu de conducteurs de motos et de véhicules respectent le code de la route, surtout le fameux ‘’Roulez à droite’’. De mesures telles que, entre autres, l’installation d’appareils de surveillance, la réduction de la conduite sous l’alcool, la confiscation du permis de conduire pour les cas de conducteurs ivres, la réduction de limitation de vitesse, l’utilisation de la ceinture de sécurité, la redistribution de l’espace de circulation et la prohibition d’utiliser le téléphone portable pendant la conduite doivent être prises en vue de sauver des vies et protéger le capital humain. Toutes ces mesures doivent être inculquées par le biais des campagnes de sensibilisation.
En utilisant des données détaillées sur les décès et les indicateurs économiques de 135 pays, l’étude de la Banque mondiale estime qu’en moyenne, une réduction de 10% des décès sur les routes augmente le PIB réel par habitant de 3,6% sur une période de 24 ans.
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Légende : Les accidents de circulation impactent négativement le développement.