Le chercheur Togolais, Vigninou GAMMADIGBE, remporte l’édition 2018 du Prix Abdoulaye FADIGA pour la promotion de la recherche économique, décerné par la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). La cérémonie de remise de prix s’est tenue, mercredi 21 novembre 2018 à Dakar et retransmise par vidéoconférence dans les Directions nationales de la BCEAO dans tous les pays de l’espace UEMOA.
Les lauréats de la 6ème édition du Prix Abdoulaye FADIGA pour la promotion de la recherche économique, une initiative de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), sont connus. Ainsi, le Togolais Vigninou GAMMADIGBE a remporté l’édition 2018 du Prix Abdoulaye FADIGA pour la promotion de la recherche économique, d’une valeur de 10 millions de FCFA, remis ce mercredi 21 novembre 2018 au cours d’une cérémonie organisée au siège de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), à Dakar, au Sénégal et retransmise en direct par vidéoconférence dans les Directions nationales de la BCEAO dans tous les pays de l’espace UEMOA. En dévoilant le nom du lauréat du Prix 2018 qui coïncide avec le 30ème anniversaire du décès du Gouverneur FADIGA, le président du comité de lecture et membre du jury, Professeur Adama DIAW, a expliqué que le vainqueur, doctorant à la Faculté des Sciences Economiques de Gestion Encadrée à l’Université de Lomé, est auteur de l’article intitulé « Survie des banques de l’UEOMA : les nouvelles exigences des fonds propres sont-elles pertinentes ? ». Quant au Béninois, Ruben Barnabas DJOGBENOU, et les Ivoiriens, Aboudou OUATTARA et Kouamé Désiré KANGA, ils se voient décerner le Prix d’encouragement d’une valeur de 5 000 000 de FCFA. Ensemble ces trois chercheurs ont rédigé un article sur l’« hétérogénéité des économies de la CEDEAO : quel défi pour une politique monétaire commune ? » L’article rédigé par Vigninou GAMMADIGBE, a retenu l’attention du jury sur un total de 37 articles proposés, a révélé le Professeur Adama DIAW. Pour lui, la thématique abordée par le lauréat est « pertinente », ce d’autant plus que les fonds propres jouent un rôle important dans la survie des banques de l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA). Vigninou GAMMADIGBE a démontré comment avec les nouvelles normes Bâloises entrées en vigueur en janvier 2018, les fonds propres peuvent réduire de manière significative les probabilités de faillite des banques. Le lauréat du Prix Abdoulaye FADIGA pour la promotion de la recherche économique 2018 a insisté sur la pertinence des nouvelles normes Bâloises pour les banques de l’UEMOA. Le Gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet KONE, a félicité les différents lauréats pour leurs différents prix. Il a demandé aux chercheurs et universitaires de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de valoriser leurs travaux et de contribuer ainsi à soutenir les actions économiques engagées pour la consolidation des performances de la Banque. Il a révélé son ambition à étendre ce prix à toute l’Afrique et de lui donner une autre dimension dans le cadre d’une fondation qui porterait le nom d’Abdoulaye FADIGA. Deux anciennes collaboratrices de la BCEAO, Ndèye Elisabeth DIAW et Marie Elisabeth Viviane ZUNON-KIPRE ont parrainé la cérémonie organisée notamment en présence des enfants du Gouverneur Abdoulaye FADIGA.
Qui était Abdoulaye FADIGA ?
Premier Gouverneur de la BCEAO, Abdoulaye FADIGA est né à Touba, en Côte d’Ivoire, le 10 mars 1935. Dès son plus jeune âge, il fréquente l’école coranique, avant son inscription, en 1943, à l’école primaire de Touba. Il entre par la suite au Collège classique d’Abidjan, puis au Lycée de Troyes (France) et obtient le baccalauréat (série Philo) en 1954. Il est ainsi admis à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de l’Université de Dijon d’où il sort licencié en Droit en 1957, puis diplômé d’Etudes Supérieures d’Economie Politique, de Sciences Economiques et de Droit Public, respectivement en 1958, 1959 et 1960. Abdoulaye FADIGA débute sa carrière professionnelle comme Secrétaire Général de l’Organisation Interafricaine du Café (OIAC) à Paris en 1960, avant de se voir confier en 1962 le poste de Directeur Général-Adjoint de la Caisse de Stabilisation et de Soutien des Produits Agricoles (CSSPPA) de la Côte d’Ivoire et en 1968, la charge de Directeur Général de cette structure. Le 15 décembre 1974, il est nommé Gouverneur de la BCEAO par le Conseil des Ministres de l’UMOA réuni à Ouagadougou. Dès sa prestation de serment et son installation officielle le 10 février 1975, le Gouverneur FADIGA s’attelle immédiatement et vigoureusement à la réalisation des tâches qui lui ont été confiées par les Organes de l’Union, en l’occurrence la réorganisation générale de la Banque Centrale, l’africanisation de son personnel, le transfert de son siège à Dakar et l’application d’un régime transitoire relatif aux modalités et conditions de crédit avant l’adoption de nouvelles règles par le Conseil des Ministres de l’Union, le 2 mai 1975. Parallèlement à ces défis historiques, qu’il a su relever avec panache et ténacité, le Gouverneur FADIGA a inscrit au cœur de son action la promotion d’une élite africaine de qualité, formée suivant les meilleurs standards internationaux. C’est ainsi qu’il décida la création du Centre Ouest Africain de Formation et d’Etudes Bancaires (COFEB), qui ouvrira ses portes le 3 octobre 1977 à Dakar. De la première promotion (1977-1979) à la trente-neuvième promotion (2016-2017), le COFEB a formé, au titre du cycle long, 1.630 cadres, dont 393 pour la Banque Centrale, 55 pour les autres banques centrales, 908 pour les administrations publiques nationales, 249 pour les banques et établissements financiers et 24 pour d’autres structures. Après 14 années de bons et loyaux services au poste de Gouverneur de la BCEAO, Abdoulaye FADIGA s’est éteint le 11 octobre 1988 à l’âge de 53 ans. Homme intègre, banquier émérite, dirigeant profondément attaché à l’intégration économique et monétaire des pays de l’UMOA et à la défense du franc CFA, gestionnaire compétent, rigoureux et dévoué, le Gouverneur FADIGA était également un homme d’une simplicité légendaire, qui avait placé les relations humaines au premier plan.
Joël YANCLO