Au Bénin plusieurs départements, communes et arrondissements sur l’ensemble du territoire ont été révélés à l’échelle nationale et internationale par leurs productions. C’est le cas de Zounganmè sis dans la Commune de Lokossa où les femmes s’activent pour une production de l’huile de palme de qualité dénommée « Zomi ».
La commercialisation de l’huile de palme était jadis une activité génératrice de revenus, contrairement à la plupart des autres activités de transformation agroalimentaire. Cette situation avait amené plusieurs femmes à s’y intéresser, car elle leur permettait de subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. Mais depuis quelques temps, en dépit de leurs efforts, les productions peinent à s’accroitre. Encore appelée ‘’Huile rouge’’, l’huile de palme est un des éléments de base de l’alimentation dans la commune de Lokossa, notamment de Zoungamè situé à 5 kilomètres du village de Ouèdèmè. Très convoitée en raison de son arôme, l’huile de palme est utilisée dans la préparation de nombreux aliments. En effet, à Zounganmè, la transformation artisanale des produits alimentaires est une activité dévolue aux femmes. Ces dernières développent ce savoir-faire souvent complexe et adapté à leur situation de pauvreté. « La transformation agro-alimentaire du palmier à huile dans notre village constitue une des bases des activités génératrices de revenus pour les femmes, dont l’importance n’est plus à démontrer pour l’équilibre des budgets des ménages et l’éducation des enfants », a fait observer Roland Assogba, un des acteurs du secteur. A en croire ce producteur, il existe deux variétés d’huile de palme qui résultent de sa transformation. Il y a l’huile rouge dénommée « Zomi » du Mono et le ‘’Kolé’’. Mais c’est l’huile de palme ‘’Zomi’’ qui est selon lui, très appréciée et convoitée. « Elle a d’ailleurs connu une certaine notoriété depuis son avènement et est beaucoup appréciée par les habitants du village en raison de son arôme. En conséquence, elle est plus chère que les autres huiles rouges de la région, appelées ‘’kolé’’», a fait remarquer le producteur. En fait, vu les vertus et les qualités nutritionnelles dont elle regorge, la production du ‘’Zomi’’ est soumise à certaines contraintes. A la différence de l’huile rouge ‘’Kolé’’, sa fabrication est basée sur la transformation de noix de palme fraîches cueillies au moins 3 jours plus tôt.
Une industrialisation pour une production à grande échelle
Le procédé de production est très pénible et comporte de nombreuses phases. Les régimes une fois à l’usine souvent installée de façon artisanale dans les concessions, le gros lot du boulot démarre aussitôt de peur que les noix ne pourrissent. « Il nous faut passer à la stérilisation, c’est à dire, une cuisson à la vapeur des régimes dans des cuves. Cette stérilisation nous permet de séparer aisément les fruits de la rafle à la main ou avec des égrappoirs : c’est l’égrappage. L’étape suivante est le malaxage de la chaire des fruits préparés. Cet exercice consiste à pétrifier les fruits avec les pieds, méthode artisanale qui continue avec certains groupements et souvent ce sont les hommes, les bras valides qui sont mis à contribution. Mais avec l’évolution de la technologie, nous pouvons désormais disposer des machines à malaxer. Ce qui nous permet de gagner en temps et en énergie », explique Rolande Assouto, une productrice. Les fruits ainsi complètement et finement malaxés sont soumis à l’étape de battage. « A cette étape, on verse le mélange obtenu après malaxage dans un grand bocal contenant suffisamment d’eau. Parfois, si le sol est suffisamment argileux et pouvant contenir de l’eau, alors nous creusons simplement et remplissons le trou d’eau. Alors, on commence par battre le mélange ainsi obtenu afin de séparer l’huile fraîche ou brute (une matière crémeuse et grasse de couleur orange doré) des tourteaux et des graines », ajoute dame Rolande Assouto. A cette étape du travail, les femmes offrent un spectacle vraiment plaisant. Toutes dégoulinantes de sueur, un morceau de pagne ceint autour de la hanche, dans la souplesse mais avec vigueur, soit elles agitent le mélange, soit elles le soulèvent afin de le faire retomber telle une chute d’eau. Et tout ceci se fait en liesse, en chantant. Et c’est cette technique qui permet de faire remonter à la surface de l’eau l’huile brute. Ce liquide est recueilli dans un récipient et l’on entame l’ultime étape de la chaîne de production. « Cette crème huileuse est mise au feu pour des heures de cuisson. A l’issue de cette étape, on obtient l’huile rouge de première catégorie communément appelée « kolè ». Si on veut avoir de l’huile raffinée et parfumée ou le « zomi », il faudra une fois encore préparer le « kolè » en y ajoutant du sel à volonté.
Un travail pénible, mais passionnant
« Généralement, il nous faut deux jours de travail acharné pour finir la production, deux jours de peines et d’efforts », ajoute dame Rolande Assouto. L’huile rouge ainsi obtenue est mise sur le marché et intervient dans la préparation de divers mets locaux, explique Anne Dossou. « Pour arriver à réaliser cet exploit, nous nous constituons souvent en groupes de 10 personnes. Mais depuis un moment, chacune évolue dans son coin car, il y a trop de problèmes de personne dans les groupes. Dans ce cas, nous avons besoin de recruter la main d’œuvre car, ce travail n’est pas facile et ne saurait être accompli par une seule personne quelle que soit sa bonne volonté », avoue Firmine Agossou. Pour amoindrir le coût de la main d’œuvre, certaines productrices préfèrent solliciter l’aide de leurs grands enfants pour les différentes tâches. Car, en toute objectivité, d’après les témoignages, le travail de transformation de noix de palme n’est pas trop rentable. Et pourtant, l’huile de palme est considérée comme un produit industriel depuis le règne du roi Guézo. Elle se fabrique par une grande partie des producteurs béninois du Sud-Bénin. L’huile de palme, qui résulte d’un processus complexe de fabrication, est très commercialisée. Le marché existe selon plusieurs personnes mais la main d’œuvre pour la production est quasi inexistante. D’où un appui du gouvernement pour aider ses bonnes dames à faire une production à grande échelle afin de mieux satisfaire les clients.
Romuald NOUDEDJI