Au lendemain de la célébration de la fête de l’Assomption, le département des Collines, notamment, la ville de Dassa-Zoumè devient et depuis près de soixante ans, un lieu de grand retrouvaille dans le cadre du pèlerinage marial annuel à la grotte d’Arigbo. Ce voyage de piété qui réunit les fidèles catholiques de partout du monde se veut être aussi, une aubaine de bonne affaires car, ces retrouvailles constituent un terreau d’affaires, favorisent l’émergence de nouvelles, et profite à plusieurs commerçants ou acteurs d’activités génératrices de revenus.
Plus qu’un simple rendez-vous de piété ou une ascèse religieuse, le pèlerinage annuel à la grotte mariale à Dassa-Zoumè se révèle un véritable rendez-vous d’affaires. La preuve, ils sont plusieurs centaines à changer d’activité dans cette période. Sur les lieux du pèlerinage, c’est une foire de fortune qui se crée durant les trois jours que dure le pèlerinage, du vendredi au dimanche sinon, toute la semaine du pèlerinage. Du secteur hôtelier en passant par celui de la restauration, la main d’œuvre, et autres, chaque acteur de la vie économique en tire un véritable profit, pour peu qu’il sache s’y prendre. Gérant d’un complexe hôtelier, Georges Aballo confirme la ruée de certains pèlerins vers les chambres d’hôtel : « A une semaine du pèlerinage, nous recevons déjà des réservations. Il y a rarement d’année où nous n’ayons pas eu toutes nos chambres occupées bien avant le démarrage du pèlerinage ». Comme lui, Louise, responsable du service accueil d’un hôtel sis à Dassa fait la même confidence avant d’ajouter qu’il arrive même qu’il oriente des clients vers d’autres centres hôteliers. Et tel dans les hôtels, certains propriétaires reçoivent eux aussi des locataires passagers à la quête du confort. C’est le cas de Odogbémi Hilaire, opérant dans l’immobilier, qui explique qu’il reçoit assez de demandes. Et à Samuel, propriétaire d’ajouter qu’il lui arrive de dégager ses enfants pour aménager certaines chambres prioritairement pour la semaine du pèlerinage. C’est donc véritablement une aubaine de profit, et même les reflexes les moins prisés peuvent conduire à faire profit.
Et tout prospère
A l’occasion du pèlerinage annuel qu’accueil annuellement la ville de Dassa-Zoumè, même le réflexe le plus banal s’avère parfois bénéfique. Jeunes écoliers, Ifêdé et Djigbo rencontrés avec des nervures de branche de palme disent réaliser à l’occasion, des enclos servant de toilettes de fortune qu’ils mettent à la disposition des pèlerins à partir de 50f ou100f. A eux, se joignent d’autres groupes de jeunes, qui rapportent approvisionner les douches en eau contre quelques pièces. Dans le même sens, d’autres jeunes, s’activent pour apprêter des brosses végétales qu’ils disent livrer aux pèlerins durant la période. C’est sans compter les autres menus besoins que peuvent vouloir satisfaire les pèlerins. Les artisans conventionnels ne sont pas du reste. Des vulcanisateurs en passant par les mécaniciens, acteurs de garde vélos et autres, chacun confie faire souvent de bonnes affaires à cette occasion annuelle que leur offre l’Eglise catholique du Bénin. Nul n’est en effet laissé en rade à telle enseigne que les servantes dans les buvettes et restaurants confient volontiers qu’elles tirent aussi profit car, certains peuvent venir se restaurer et vous laisser généreusement vous occuper du reliquat. Il en est davantage des tenanciers de restaurant. Monique Abili estimant son chiffre d’affaires journalier dans la période des pèlerinages par exemple témoigne qu’elle obtient à chaque édition et en moyenne, le quadruple de ce qu’elle a d’ordinaire: « dans la semaine du pèlerinage, je prépare au moins trois fois, la quantité que je préparais ordinairement et je vends quand même tout. Il arrive même que des gens en manquent parce qu’on est fatigué nous même » a-t-elle en effet laissé entendre. Et au-delà de Dassa-Zoumè, le cadre qui accueille le pèlerinage, il s’avère que le pèlerinage profite tout de même à certaines castes professionnelles tels les conducteurs de véhicule qui sont majoritairement sollicités pour le convoyage des pèlerins. Et c’est ce que témoigne Boris Dègbo, conducteur : Chaque année, les fidèles me sollicitent pour les amener au pèlerinage marial à Dassa. C’est donc un marché saisonnier dont je suis souvent très sûr à telle enseigne que, quand le mois d’août vient, je me mets à faire mes calculs parceque, certain que j’aurai une belle occasion ». Et ce n’est pas les mécaniciens qui diront le contraire sachant qu’un long voyage suppose des opérations de maintenance du moyen roulant et des mises au point qui leur profitent tout de même.
Une saison florissante pour les objets de piété
Si le pèlerinage marial annuel de Dassa-Zoumè reste par dessus tout, un rendez-vous de piété, les commerçants d’objet de piété en tirent pour leur part eux aussi, d’énormes profits. Ceci, du fait de l’aptitude de la majorité des pèlerins qui une fois en ce lieu ‘’ saint’’, n’entendent pas en repartir sans un souvenir religieux. Des crucifies ou croix en passant par les médailles, les images et autres effigies de ‘’saint’’, chacun s’approvisionne en souvenir de son passage en ce lieu dit « saint ». Même les pierrailles sont commercialisées avec l’aide de petits enfants autochtones qui font de la quête, le business de l’heure.
Et la surenchère s’en mêle
Le pèlerinage annuel de Dassa-Zoumè rime avec une surenchère du prix de certains produits. Conscients de ce que la demande va s’accroître et qu’elle s’accroit effectivement, nombre de distributeurs en profitent pour gruger les pèlerins. Victime, il y a deux ans, dame Virginie rapporte qu’elle réfléchit beaucoup avant de faire des achats depuis lors car, certains vendeurs sont carrément animés de mauvaise foi : « J’ai voulu prendre de l’igname à piler ici l’an surpassé. On a rassuré que c’est bien ce qu’on est en train de me livrer. J’ai fait foi et j’ai payé le coût mais une fois rentrée, c’est tout autre chose j’ai découvert ». Et s’il est vrai que la duperie dont a été victime Virginie relève bien de l’ordinaire, Méchac résident à Dassa vient attester la surenchère en ces termes : le plat que l’on vous sert à 150f d’ordinaire, en période de pèlerinage, il vous faudra écarquiller les yeux ou carrément parler longuement Idaasha ou autre langue du milieu pour ne pas se voir le servir à 200f voire 250. Il en est de même du formage et autre produit ordinairement acquis moins chers qui en plein pèlerinage, connaissent un regain d’intérêt de la part des pèlerins et connaissent une hausse de leurs prix ordinaires. A en croire Méchac, certains autochtones vont s’approvisionner d’avance et viennent les revendre chers aux pèlerins à un coût exorbitants surtout quand la demande est forte. C’est dire que le pèlerinage marial de Dassa-Zoumè est une aubaine de bonnes affaires dont il faut savoir également profiter pour ne pas se laisser escroquer ou taxer par ignorance.
Bidossessi WANOU