Aboyo Emmanuelle Sibille Vlavonou est gérante du cabinet ‘’Aboyo consulting group’’, une entreprise qu’elle a créée le 11 juillet 2018, soit huit ans après avoir fait ses premiers pas professionnels. La trentaine, la jeune femme est titulaire d’unBrevet de technicien supérieur (BTS) en Marketing et Actions Commerciales, d’une licence en Communication marketing et d’un master en Gestion de projets et management de la qualité. A travers cette interview, elle renseigne sur son travail, les difficultés qu’elle rencontre et surtout, elle fait part de sa passion pour le métier qu’elle fait sans oublier le sacrifice qu’elle consent pour se faire une place au soleil.
Quelles sont les activités menées par le cabinet ‘’Aboyo consulting group’’
Nous sommes dans le domaine de la formation et du conseil. Formation dans le domaine du marketing, de la communication, de la gestion de projets et le management de la qualité.
Nous sommes à l’écoute de la clientèle. Nous nous déplaçons vers les clientspour écouter leurs besoins. Chaque partenaire a un besoin différent. C’est le domaine de la formation mais chaque formation est unique. Donc nous écoutons les clients et nous adaptons la solution propre à chaque client.
Pourquoi avoir choisi ce secteur d’activités ?
Le marketing, c’est ce que je sais faire le mieux. Depuis 2010, bien avant même le BTS, j’ai commencé à travailler. Avec les actions qu’on menait à l’Eneam. Par exemple la Foire estudiantine du marketing et de l’action commerciale (Fesmac) où j’ai appris à développer mes compétences en matière de vente. Depuis 2010 je vendais et jusqu’à présent je continue de vendre. Donc, c’est pourquoi le marketing et la vente constituent mes secteurs de prédilection.
La formation, parce que durant mon cursus scolaire j’ai eu à faire beaucoup de formations et j’ai aussi eu à former des gens. Surtout quand j’étais à MTN où j’ai fait environs trois ans à travers le cabinet ‘’Top image’’ du Kenya. J’étais régional team leader à MTN, ce qui a fait que j’avais des équipes que je formais et les membres de ces équipes formaient à leur tour les marchands. On organisait des foires et on formait les marchands ainsi que les ‘’Brand ambassador’’. D’où la passion pour la formation est née en moi.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous mettre à votre compte et créer une entreprise ?
Quand j’ai fait une observation du marché, j’ai vite remarqué que les contenus des formations qui sont souvent dispensées sur le terrain ne sont pas souvent adaptés aux besoins des clients. La plupart du temps, ceux-ci ne sont pas totalement satisfaits mais ne font pas part de ces insatisfactions aux formateurs de façon claire. Ce qui fait qu’après, ces entreprises m’appellent de façon incognito pour que je les aide à gérer certaines situations alors qu’elles sont en partenariat avec un cabinet qui est censé leur fournir les mêmes services que ceux pour lesquels on me sollicite. Ainsi, le cabinet ‘’Aboyo consulting group’’, a été créé parce que je veux adapter les besoins de formation à chaque personne (morale ou physique) selon ses besoins spécifiques.
S’agissant de ce qui m’a poussé à me mettre à mon compte et entreprendre il faut noter que je trouve que j’ai la capacité d’entreprendre. Pour le moment je travaille seule au sein de ‘’Aboyo consulting group’’ mais je suis en partenariat avec d’autres cabinets. De même je rêve grand. Je voudrais qu’on me sollicite par exemple Afrique du Sud ou aux Etats-Unis pour accompagner le président Trump pour participer, animer ou organiser des foires et autres événements organisés çà et là. J’étais par exemple au ‘’Linkedn local Cotonou’’ organisé par le coach professionnel Samson Cakpo, où j’ai pu faire d’excellentes rencontres. Je vois grand, je rêve grand, c’est pourquoi j’ai créé ACG.
Quels sont les objectifs que vous poursuivez?
C’est déjà de satisfaire ceux avec qui je travaille déjà. Bien avant de créer ACG, je collaborais avec d’autres entreprises, partenaires et collaborateurs. Donc, satisfaire la clientèle existentielle et puis me faire une place sur le marché béninois de la formation. Il y a des cabinets qui existaient avant moi, donc pour une première année, mon objectif c’est de travailler à me faire connaître. Mon premier objectif ce n’est pas de gagner de l’argent tout de suite ni de renflouer les caisses de l’entreprise mais de me faire connaître véritablement. Que l’opinion publique sache qui je suis, ce que je fais et surtout la qualité que je mets au service des prestations de mon entreprise. C’est très important pour moi. Il y a plusieurs cabinets spécialisés dans la formation mais moi je veux juste qu’on voie ce que je fais. Après ce sera au client de décider s’il veut du bon ou de l’approximatif. Car il n’y a que le travail bien fait qui compte pour moi.
Pour les deux premières années, je veux me faire connaître aussi à travers la participation aux événements organisés dans le secteur dont les foires et autres rendez-vous importants au Bénin.
A long terme, mon objectif c’est de m’asseoir sur le marché béninois, c’est-t-à dire de m’attribuer de réels part de marché sur le terrain. Après, je veux aller à l’international.
Quels sont vos projets, à court, moyen et long termes ?
Le 1er avril 2019, j’ai organisé une formation à l’hôtel ‘’Peace’’ où il y avait des jeunes qui cherchaient du travail ainsi que d’autres qui travaillaient déjà, des commerciaux. Plusieurs entreprises avaient envoyé leur personnel. Cette formation était gratuite. Cela s’est déroulé pendant toute la journée de 8 heures à 17 heures. Dans nos projections, nous envisageons d’organiser tous les trois mois des formations pour mieux nous faire connaître et partager nos connaissances avec les participants. Puisque lorsque nous avons des connaissances, ce n’est pas pour garder pour nous-mêmes. C’est pour que d’autres aussi puissent apprendre de nous comme nous avons appris d’autres aussi.
Quelles difficultés rencontrez-vous dans l’exercice de vos activités ?
La première difficulté c’est de convaincre le béninois de l’importance d’une formation. Parce que nous n’avons pas la notion de formation. Pour beaucoup, c’est une perte de temps. A la rigueur certains peuvent se faire convaincre avec les pause-cafés ou autres mais ce qu’ils en tirent réellement, ils n’y attachent pas d’importance.
La deuxième difficulté, c’est que les chefs d’entreprises n’aiment pas décaisser pour former leurs collaborateurs. C’est vrai que je suis dans l’optique de me faire connaître mais après il me faudra me faire payer si je veux continuer par exister. Donc après ça va venir. Alors je sais que c’est une difficulté future à laquelle je serai bientôt confrontée. Et je sais que ça va être difficile. Mais je connais la qualité des services que je vends et il suffit d’une formation pour que les collaborateurs aussi bien que les responsables d’entreprises changent d’avis. L’homme, c’est la première ressource qui fait grandir une entreprise.
La troisième difficulté, c’est qu’après la formation il faut pouvoir faire un suivi. Parce que pour les chefs d’entreprises, ils ont sorti de l’argent pour former leur personnel et c’est parti pour 10 ans avant une autre formation. Or, c’est toute une procédure. La personne formée peut vite oublier. Tous les trois mois, un mois ou deux semaines, il faut faire un petit rappel. Donc il faut définir une échéance pour le faire.
De même, il faut notre qu’il y a plusieurs modules de formation. Donc, il y a autant de formations à dispenser qu’il y a des problèmes, des choses à améliorer dans une entreprise. Je ne parlerai pas de difficultés financières puisque c’est propre à tout le monde. Donc je n’ai pas besoin d’apporter ce point.
Quel regard jeter sur l’entrepreneuriat féminin ?
J’encourage beaucoup l’entrepreneuriat des femmes. Je voudrais avoir beaucoup de collaboratrices. Parce que beaucoup de gens disent que les femmes ne s’entendent pas entre elles, qu’il y a des affaires de jalousie, c’est des histoires. Mais moi j’ai bien envie de relever ce défi-là. M’entourer de femmes compétentes, passionnées et dévouées au travail pour montrer qu’on peut se mettre ensemble et travailler entre femmes et aboutir à la réussite. Quand je détecte en une femme, soit après une formation, qu’elle a des potentialités pour entreprendre, je la vois en aparté et l’encourage pour qu’elle puisse voler de ses propres ailes.
Mais je ne fais pas d’amalgame entre l’entrepreneuriat féminin et le féminisme dans le monde. Je dis dans le monde parce qu’il y a des approches du féminisme que je n’apprécie pas trop. Mais je retiens que l’entrepreneuriat féminin est nécessaire pour le développement de toute nation. Alors on ne peut qu’accueillir cela à bras ouvert et encourager les femmes à ne pas se décourager ni abandonner à cause des difficultés. Il y des difficultés dans toute entreprise.
Un appel à lancer ?
J’aimerais dire à la jeunesse béninoise que lorsqu’un jeune sait qu’il a la compétence pour telle chose, de faire des recherches, de travailler là-dessus et de foncer. De ne pas se décourager et surtout de travailler pour leur passion. Que les jeunes ne travaillent pas pour l’argent seulement car après on est dans la monotonie, on est fatigué, on gagne de l’argent mais on ne sait pas pourquoi et on fait des projets qui ne tiennent pas. Alors que quand on travaille par passion, parce que c’est ce qu’on aime faire, c’est toujours différent. On n’est pas fatigué, son ne force pas avant de réaliser des performances. Même quand ça ne va pas on prend du plaisir à travailler parce qu’on se souvient qu’on a fait des sacrifices pour vivre de notre passion. C’est le message que j’ai à l’endroit de la jeunesse qui va me lire.