La saison pluvieuse et la crue sont deux facteurs qui influencent énormément l’activité de la pêche. Sans pour autant qu’il n’y ait rupture de poisson, les techniques, aussi bien de pêche que de vente de poisson changent dans ces périodes qui vont souvent de paire.
Les pluies diluviennes répétées de ces derniers jours n’enchantent toujours pas les riverains et surtout les pêcheurs. En effet, s’il est une réalité que la montée des eaux ou la crue crée une rapide reproduction des poissons, ils sont cependant perturbés par les mouvements de l’eau, délogés de leur nid habituel et vont chercher asile ailleurs. C’est du moins ce qu’a expliqué Philippe Haou, riverain et pêcheur à Ganvié : « En période de crue, il est difficile de trouver des poissons, quelles que soient les techniques de pêche. En plus, les pêches ne sont plus régulières en ce moment ». C’est donc une période ou il y a de moins en moins de pêcheurs et Sylvain Essè, pêcheur croit connaître les principales raisons. Au fait, explique-t-il, « la pêche est abondante sur plusieurs saisons ». Si le marché ne peut encore amener à parler de pénurie, Sylvain convainc quand même de la difficulté qu’éprouvent tous les riverains en cette période. Selon ces explications, seuls les professionnels arrivent à s’en sortir avec la crue. « En ce moment, il nous faut aller dans les zones où le lac est moins profond, les bas-fonds et les espaces verts sur l’eau pour espérer avoir une pêche fructueuse ». En effet, la crue déloge les poissons de leur nid et ils cherchent refuge dans ces parties du lac où ils estiment ne pas être perturbés », a-t.-il clarifié. Pour sa part, Ahlou Kadja, riverain et pêcheur trouve que la pluie constitue elle aussi un obstacle à la rentabilité de la pêche. A propos, « les poissons sont à la quête de chaleur et vont se refugier au fond de l’eau, ce qui rend la capture beaucoup plus compliquée. Certes, les pêcheurs professionnels ont des manières pour les attirer avec des appâts et un autre système de cerclage de zone dite ‘’acadja’’, mais toujours est-il que ce n’est pas aussi aisé et la rentabilité par rapport à une saison ordinairement n’est jamais la même », conclut-il. La pêche de par ces temps est donc en proie à des mutations non négligeables notamment en cette période de pluie et de crue, ce qui impacte tout de même les donnes sur le marché.
Même balance, différente mesure
Les difficultés qui entourent la pêche en cette période de crue et de pluie n’ont pas d’impact direct sur le coût appliqué par instrument de mesure. Mais, c’est plutôt le contenu qui connait de léger réajustement. Au fait, confie dame Collecte Aissossou, revendeuse de poisson à l’embarcadère de Ganvié : « il faut être un habitué du marché pour constater l’impact. La mesure ne change pas, le contenu n’est plus le même. Avant, nous faisons des mesures pleines mais en cette période, c’est à ras ». Le trucage des instruments de mesure étant l’autre sport favori par endroit dans le marché béninois, Collecte confie qu’on peut encore servir la mesure pleine avec un instrument de la même forme, mais légèrement enfoncé du dos vers l’intérieur. Il s’agit, en effet, d’un panier qui, à la fabrication, est formé de sorte que le dos repose sur une forme conique enfoncée vers l’intérieur. Quant aux achats en tas, les prix sont fixés en fonction de la composition mais ici aussi, Nassi Vihounkpon explique qu’on pouvait vendre moins cher les tas que ce qu’ils coûtent actuellement ou jouer avec les grosseurs. A cet effet, une quarantaine de poissons qui coûtait avant 1000 Fcfa est vendue actuellement à 1500 Fcfa voire 2000 F. C’est aussi ce que confirme Sylvain qui explique la quantité vendue à 200 F par sa mère est aujourd’hui livrée à 350 voire 400Fcfa, et donc le prix a doublé par endroit. C’est en effet partagé aussi bien par les pêcheurs, les vendeurs que certains clients que le prix est en pleine fluctuation. Mais cela se constate beaucoup plus dans la mesure que dans les prix pratiqués, car, la rareté et la cherté des poissons ne transparaissent pas pour autant dans le prix à l’achat, mais plutôt dans les mesures.
Bidossessi WANOU