La cérémonie de passation de service entre les présidents sortant et entrant de la Cour constitutionnelle a eu lieu dans la matinée de ce vendredi 08 juin 2018 au siège de la Haute juridiction à Cotonou. A cette occasion, le président sortant, Théodore Holo, a prodigué de sage conseil aux nouveaux membres de l’institution et leur a rappelé la teneur de la tâche et le professionnalisme qui s’impose à eux désormais dans toutes les décisions qu’ils auront à rendre, l’un des défis essentiels de toute mandature de ladite Cour.
Maruis KPOGUE
Invitant les nouveaux membres à faire de la constitution leur ‘’bible’’, Théodore Holo il a signifié que c’est de la qualité de leur office de juge constitutionnel « que dépendent la légitimité des gouvernants, la stabilité des institutions et la paix dans le pays ».
Me Joseph Djogbénou, le président entrant, après avoir remercié le président Holo pour l’œuvre qu’il a accompli à la tête de la Cour constitutionnelle, l’a rassuré de ce que la constitution de 1990 ne sera pas un gadget destiné à la satisfaction intellectuelle de quelques-uns. « Elle est constitution parce qu’elle construit le pays », a-t-il martelé. Pour Joseph Djogbénou, l’heure est venue pour les nouveaux membres de la Cour, d’assumer le « nécessaire devoir d’ingratitude à l’égard de ceux qui agissent, à l’égard de ceux qui commandent ». Il a exhorté son prédécesseur à toujours les soutenir par des conseils. « La retraite n’est pas le retrait » a laissé entendre le nouveau président. Cependant, à peine arrivé, plusieurs défis attendent déjà le professeur Joseph Djogbénou et ses son équipe. Il s’agit de maintenir le cap de l’institution comme ses prédécesseurs notamment. Et l’avocat, professeur d’université relèvera à coup sûr le défi.
L’heure de convaincre de son intégrité
« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années » a dit Pierre Corneille dans sa tragédie Le Cid. Joseph Djogbénou est désormais le président de la Cour constitutionnelle, la quarantaine, avocat et universitaire de profession. Il a entamé sa carrière politique tout récemment avec son entrée au parlement, la 7ème législature où il fit à peine un an et devient Garde des sceaux, ministre de la justice dans le gouvernement de la Rupture sous le président Patrice Talon. Les béninois ont pressenti dès sa désignation parmi les membres de l’assemblée nationale devant siéger à la Cour constitutionnelle, 6ième mandature que Djogbénou allait pour occuper le fauteuil du président de l’institution. Ce qui a suscité de part et d’autre des critiques selon lesquels Djogbénou est jeune en âge et dispose de peu d’expériences politiques pour présider la Cour des sages. Il est vrai, son âge comparativement à ceux de ses prédécesseurs donne à réfléchir. La Cour constitutionnelle 1ère mandature a été dirigée par Elisabeth Pognon, juriste de haut niveau était au-delà 60ans, succédée par Conceptia Ouinsou, constitutionnaliste à la retraite, une sexagénaire. Celle-ci laissa son fauteuil à Robert Dossou, avocat international de grande réputation, ancien ministre et universitaire à la retraite. Il dépassait les soixante dix ans quand il prenait la Cour. Et la mandature qui vient de finir a été gérée par Théodore Holo, universitaire, agrégée de droit public était aussi aussi au delà de soixante ans. Et l’actuelle mandature s’affiche avec Joseph Djogbénou, la quarantaine. Les Béninois à cet effet, s’étonnent à juste titre. Effectivement Djogbénou est un brillant intellectuel et leader convainquant. Seulement, il n’a pas encore fait la preuve de sa sagesse. Et c’est là pout lui, une opportunité pour se révéler davantage.