Les vendeurs de rue qui ne disposent pas de magasin pour se stabiliser s’observent, de nos jours un peu partout dans nos différentes villes mais en particulier à Cotonou. Cette activité, bien que rentable, n’est pas sans conséquences.
Maribelle EKAGNON(Stagiaire)
Les ruelles, les carrefours et surtout les endroits d’emplacements de feux tricolores sont toujours jalonnés de ces personnes, qui pour vendre leurs produits, se positionnent au bord des voies afin de les présenter aux usagers. De jour en jour, le nombre de ces personnes qui s’adonnent à cette activité de vente à la sauvette se multiplie et l’on remarque aussi bien les femmes que des enfants. ADJIGNON HODONOU Dénis, anthropologue, chercheur à l’université d’Abomey-Calavi (UAC) définit la vente à la sauvette comme << une activité que mènent des personnes aux bords des voies ou sur la voie publique (…) >>. Selon lui, c’est des vendeurs de petites marchandises qui se mettent au bord des voies pour vendre leurs produits aux motocyclistes ou aux conducteurs de taxi ou de voitures. Cette pratique se fait dans le but de satisfaire leurs besoins. Quant à Éloge OGOUWALÉ, enseignant à l’UAC et coordinateur des codes de fort volontariat, entrepreneuriat et développement, la vente à la sauvette est beaucoup plus perçue comme de la débrouillardise. À en croire ses propos, << les articles que les gens vendent au bord de la voie ne leur appartiennent souvent pas. Ils vont chez les grossistes qui les leurs confient et c'est quand ils finissent la journée qu'ils vont payer maintenant pour prendre leurs bénéfices >>. Cette activité est bénéfique autant pour les pratiquants que pour les usagers de la route. En effet, parlant des avantages, il faut noter que c’est une activité purement lucrative qui permet à ceux qui la pratiquent de se faire de l’argent afin de subvenir à leurs besoins. Mesmin AKÈTE, vendeur d’essence à Agla a témoigné en ces termes : << la vente à la sauvette est une activité rentable pour nous autres puisque ça nous permet de satisfaire nos besoins. Par jour, je vends 5 bidons d'essence qui s'élèvent à 26000f alors que le bidon contient 25 à 26 litres donc sur 1 bidon, nous gagnons comme bénéfice 10.000f >>. Pour confirmer les témoignages de Mesmin AKÈTE, le professeur Éloge OGOUWALÉ nous fait part des résultats de ses recherches sur les bénéfices des vendeurs à la sauvette. Selon lui, ce que chacun gagne varie en fonction du produit qu’il vend. << Déjà quatre mois en arrière, les gens étaient à 5000f ou 6000f. C'était au moment de la crise. Maintenant, je ne sais plus exactement comment ça se passe. Au cours de mes enquêtes, il y a deux personnes dont une femme qui disaient qu'elles se retrouvent avec plus de 7000f par jour >>, indique l’enseignant. Des usagers de la route témoignent aussi de l’intérêt qu’ils ont pour les produits vendus à la sauvette. C’est l’exemple de Cyrille ABIOLA, comptable de profession qui affirme : << les vendeurs ambulants nous apportent beaucoup. Ils sont très utiles pour les usagers de la route. Que l'Etat recasse un peu et qu'on y mette de l'ordre. Ainsi cela leur facilitera la tâche >>, suggère-t-il. Évoluant sur la même longueur d’onde, l’enseignant chercheur ADJIGNON HODONOU confie que << ces vendeurs nous rendent service puisqu'on les voit au bord des voies avec des sachets d'eaux, de petites marchandises et même des cache-nez surtout en cette période de crise sanitaire >>. Les avantages sont énormes, certes, statistiquement, ce n’est pas encore suffisant pour dire que c’est déjà très bien au regard des risques auxquels vendeurs sont exposés. Des essais de solutions s’imposent pour l’amélioration de cette activité afin de réduire le taux de risques.
Les risques sont énormes
S’exposer au soleil du matin jusqu’au soir, les accidents de circulation chronique, saisie des marchandises par les autorités… Ce sont autant de risques que guettent les vendeurs à la sauvette. Partant des expériences de ces vendeurs, les témoignages de Mesmin AKÈTE : Vendeur d’essence à Agla en dit long : << Les agents de la police viennent nous chasser des voies et parfois même emportent nos bidons d'essence. J'ai été victime de cet acte où les agents ont emporté deux de mes bidons d'essence qui coûtent 19.000f alors que je dois vendre afin de payer petit à petit ceux chez qui nous les prenons >>, se remémore-t-il. L’enseignant chercheur ADJIGNON HODONOU Dénis affirme que << Les accidents de circulation sont courants vu que les différents changements au niveau des feux tricolores qui passent d'une couleur à l'autre surtout quand ils passent au vert. Ce qui pourrait être dangereux au vendeur dans le sens où il se fait ramasser. Comme risque, les clients peuvent prendre quelques choses de faux >>. Kouassi ANANI Éric, Couturier au bord des voies à Godomey échangeur nous parle aussi de son expérience. << Nous étions au stade de l'amitié quand le gouvernement a décidé de nous faire déguerpir de là; c'est ainsi que nous sommes venus ici à Godomey échangeur. Nous n'avons pas de soutien. C'est ce travail qui permet de nourrir ma famille. Je suis père de 03 enfants; 2 filles et 1 garçon et je dois donc les nourrir >>. Même si la vente à la sauvette expose les pratiquants à des risques, elle reste une activité qui dispose d’énormes avantages et surtout que certains en profitent pour échapper au chômage.
Approches de solutions
Vu que plusieurs personnes se plaignent de jour en jour du taux élevé de chômage dans notre pays, il ne serait pas raisonnable de se baser sur les risques de ce métier de vente à la sauvette pour l’enterrer définitivement. Sur ce, il serait mieux, comme nous le dit l’enseignant chercheur ADJIGNON HODONOU Dénis, de faire en sorte que cette activité << soit dans de bonnes conditions de manière réglementée >>, afin d’éviter les accidents de circulation. Il a le soutien d’Éloge OGOUWALÉ qui pense, à son tour, qu’il peut << avoir une réorganisation de cette activité pour rendre le système conforme à la législation>>.