Après l’annulation de plus de 3,4 milliards de dollars et une restructuration d’environ 15 milliards de dollars de la dette des pays africains entre 2000 et 2019, la Chine prend une nouvelle décision au profit du continent. Le jeudi 18 août 2022, Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères a annoncé l’annulation de 23 prêts sans intérêt accordés à 17 pays africains et dont l’échéance de solvabilité est arrivée à terme à fin 2021.
Bidossessi WANOU
Pékin annulera 23 prêts sans intérêt accordés à 17 pays africains, et qui sont arrivés à échéance à fin 2021. L’annonce a été faite le jeudi dernier par Wang Yi, ministre chinois des Affaires étrangères. « La Chine renonce aux 23 prêts sans intérêt pour 17 pays africains qui étaient arrivés à échéance à la fin de 2021 », a-t-il déclaré. C’était en effet des dettes dont le paiement avait été ajourné à cause de la pandémie du coronavirus en 2020. L’empire du milieu au fort de la crise sanitaire et des difficultés économiques, avait soutenu le plan d’allègement de la dette du G20 pour les pays les plus pauvres de la planète, en différant le remboursement de 5,7 milliards de dollars de dette entre notamment mai 2020 et décembre 2021. A la réunion des coordinateurs sur le suivi de la mise en œuvre des décisions de la 8e conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC 8), tenue à Dakar en novembre 2021, et où il est intervenu par visioconférence, le ministre des affaires étrangères de la Chine, Wang Yi a notifié que l’annulation de ces prêts, dont le montant n’a pas été dévoilé, s’ajoute à plusieurs décisions similaires précédemment prises par la Chine. En plus de cette série de dettes annulées sur le continent, la Chine a réitéré son soutien à l’Union Africaine et promis rester présente aux côtés de l’Afrique où elle continuera à appuyer les préoccupations de développement. Au début du mois d’août, Pékin a également accepté une restructuration de la dette de la Zambie, et invité les créanciers privés de ce pays à « s’engager sans délai » à négocier un allégement de la dette « à des conditions au moins aussi favorables ». Au fait, « nous continuerons également à augmenter les importations en provenance d’Afrique, à soutenir un plus grand développement des secteurs agricole et manufacturier de l’Afrique, et à étendre la coopération dans les industries émergentes telles que l’économie numérique, la santé, les secteurs verts et à faible émission de carbone », a confié Wang Yi. Il a profité de l’occasion pour annoncer une nouvelle aide notamment alimentaire au profit de ces pays bénéficiaires de l’annulation de dette. Il a tout de même rassuré du soutien de la Chine à l’Union africaine à travers des aides alimentaires, économiques et militaires sans oublier le développement des infrastructures. « Nous sommes convaincus que l’amitié Chine-Afrique résistera à toutes les épreuves, qu’il s’agisse de vents ou de tempêtes. Elle continuera d’être l’épine dorsale de la coopération Sud-Sud et un bel exemple dans les relations internationales », a-t-il affirmé. Dans son ambition de rejoindre la G20, le continent pourra également compter sur le soutien de la Chine. « L’Afrique accueillerait favorablement une coopération mutuellement bénéfique pour le bien-être des populations, et non une rivalité entre grandes puissances pour des gains géopolitiques », croit-il savoir en suggérant une « coopération multipartite avec l’Afrique qui apporte des résultats gagnant-gagnant » en remplacement de la «mentalité de guerre froide à somme nulle de l’Occident » qu’il a condamnée.
La Chine important créancier du continent africain
La Chine est le plus grand créancier des huit pays africains éligibles à l’initiative de suspension du service de la dette (DSSI). Les plus gros emprunteurs au créancier chinois en Afrique sont le Kenya, l’Afrique du Sud et l’Ouganda, selon news.com.au. Les données de la Banque mondiale montrent que les pays africains dont la dette extérieure envers la Chine est la plus élevée en pourcentage du revenu national brut sont Djibouti (43 %), l’Angola (41 %) et la RDC (29 %). Une étude publiée en juin dernier par Green Finance & Development Center, think tank basé à Shanghai constate que l’Empire du milieu détient 55% de la dette de Djibouti, 42% de celle de la République du Congo et 34% de celle de l’Angola. En Guinée, c’est 32% du stock total de la dette qui est dû à la Chine, 31% pour les Comores, 29% de la dette camerounaise, 25% en Zambie puis 24% au Togo. En plus, Pékin a prêté environ 150 milliards de dollars aux pays africains, depuis l’an 2000, par l’intermédiaire de la China Eximbank (60 %) et la China Development Bank (25 %), selon Global Development Policy Center de l’Université de Boston et la China Africa Research Initiative de l’Université Johns Hopkins. La Chine participe donc à « l’enlisement » de l’Afrique dans l’endettement, ce que vitupèrent nombre d’Etat occidentaux. D’ailleurs, des ONG et responsables d’autres Etats occidentaux reprochent à la Chine le « piège de la dette » par lequel, elle subjugue et influence ses partenaires africains, voire pour les obliger à céder le contrôle de certains actifs précieux lorsqu’ils ne peuvent plus rembourser. Des chercheurs occidentaux du département politique & relations internationales de l’Université d’Oxford, Nicolas Lippolis, et Harry Verhoeven, du Centre d’étude de la politique énergétique mondiale à l’Université de Columbia dans une étude ont conclu que les créanciers privés occidentaux sont la principale cause de l’accumulation des stocks de dettes sur le continent depuis 2004.