En Afrique subsaharienne, la pauvreté touche près de 63% des femmes et des filles, selon les récents chiffres de l’ONU Femmes. Plusieurs tentatives de ces femmes de se lancer dans l’entrepreneuriat pour alléger leur pauvreté ont souvent échoué car les « banques de pauvres » refusent de leur emprunter de l’argent.
Issa SIKITI DA SILVA
Celles qui ont eu la chance d’avoir obtenu de l’aide de ces banques de pauvres, qui ne sont autres que les institutions de microfinance (IMF), se plaignent souvent de contraintes et de complications, dont leurs dossiers font l’objet, contrairement à ceux des hommes.
« Pour réduire la pauvreté, les IMF doivent encourager l’entrepreneuriat féminin et leur donner plus d’espace dans leur portefeuilles clients. En plus, plusieurs études ont conclu que les femmes emprunteuses remboursent mieux que les emprunteurs de sexe masculin », a indiqué une récente étude indépendante menée par un groupe de six chercheurs.
Parfois, les femmes peuvent être considérées comme des emprunteurs à haut risque en raison de leur capacité de remboursement limitée, ainsi, les prêts aux femmes sont souvent associés aux prêts aux emprunteurs les plus pauvres, ont souligné Amidou Ayinla Akangbe Fadikpe, Mohammed Aidoo, Dejene Adugna, Richard Danquah, Richard Yankey and Xie Dongmei.
L’étude, menée dans 26 pays africains dont le Bénin et financée par la China Scholarship Council, a été publiée en mars 2022 dans le Plos One Journal.
« Un plus grand nombre de femmes emprunteuses peut impliquer de meilleurs taux de remboursement, ce qui va leur donner accès à une gamme plus large de services de microfinance », a ajouté l’étude.
Opportunités
Plusieurs experts ont laissé entendre que si les mêmes opportunités de financement pouvaient être accordées aux femmes comme les hommes, la pauvreté devrait être atténuée dans plusieurs ménages.
En Afrique, près d’un ménage africain sur quatre est dirigé par une femme, selon la Banque mondiale, qui ajoute qu’on observe cependant dans tous les pays une progression du nombre de ménages dont le chef de famille est une femme.
En plus, selon l’économiste Dominique van de Walle, une analyse de l’évolution de la pauvreté montre que les ménages dirigés par une femme contribuent de manière sensible au recul global de la pauvreté.
C’est pourquoi, l’étude d’Amidou Ayinla Akangbe Fadikpe et ses amis lance un appel solennel aux IMF d’accorder plus de facilités de crédit aux femmes pour leur permettre de fonder ou de développer leurs entreprises.
Cela contribue à augmenter les bénéfices des IMF et permettra la réduction de la pauvreté parmi les femmes pauvres en Afrique subsaharienne qui sont les plus vulnérables de la société, poursuit le rapport.
Enfin, le rapport recommande aux gouvernements des pays d’Afrique subsaharienne de fournir un soutien financier sous forme de subventions et d’exonérations fiscales aux IMF évoluant dans des zones très défavorisées.
Par ailleurs, Amidou Ayinla Akangbe Fadikpe et ses amis exhortent les dirigeants des IMF à renforcer les capacités de leur personnel à travers des formations régulières, afin qu’ils acquièrent des compétences pouvant leur permettre de bien gérer et évaluer les clients avant et après leur avoir accordé un crédit.