Le tourisme, c’est l’action de voyager pour son plaisir. C’est aussi toute activité liée à un déplacement d’au moins 24heures à but récréatif. Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), il se révèle comme l’une des plus importantes activités économiques du monde moderne. A ce titre, il se métamorphose au point où l’on assiste aujourd’hui à de nouvelles formes de tourisme qui se développent au Bénin et particulièrement dans le département des Collines. Il s’agit du tourisme durable écologique à faible impact sur l’environnement.
Le touriste qui choisit la destination Bénin pour ses congés n’a plus à visiter que les sites et musées classiques. Il a désormais la possibilité d’agrémenter son séjour sur des fermes où plusieurs activités attractives y sont développées. C’est l’agrotourisme ou l’agritourisme. Il est l’une des branches du tourisme durable ou alternatif en vogue aujourd’hui. Il se présente sous une diversité d’aspects dont l’agrotourisme. « Moi, je me suis engagé dedans et je m’occupe de l’aspect agrotourisme », affirme Armand Tobossi, promoteur touristique à Dassa-Zoumè, dans le département des Collines. Cette nouvelle forme de tourisme très peu répandue mérite qu’on y découvre. En effet, l’agrotourisme développe essentiellement ses activités autour de la ferme. Par exemple l’élevage, l’agriculture, le maraîchage, le pastoralisme et la transformation des produits agricoles. «Quand je reçois les touristes, je les emmène découvrir le paysage, vers les groupements de femmes de transformation de manioc en gari, dans les campements peulh pour voir comment on fabrique les fromages peulh. Sur la ferme, on imagine également des activités qui les amènent à travailler au jardin, à s’occuper des animaux. Ainsi, durant tout leur séjour, ils ne s’ennuient pas », renseigne Armand Tobossi. En pleine expérimentation, il a estimé que l’agrotourisme augure un meilleur lendemain dans la mesure où il n’exige pas une ressource importante. « C’est une forme de tourisme qui peut se développer partout au Bénin. On n’a pas besoin d’avoir un gros moyen, un paysage particulier, un parc d’attraction, une cascade. Ça peut se développer dans tous les villages du Bénin », précise-t-il. A l’en croire, il offre plusieurs opportunités que les jeunes diplômés sans emplois doivent saisir. « Ce qui pourrait être intéressant pour vaincre la pauvreté c’est de profiter de cette forme de tourisme. Faire venir les touristes et les faire dormir chez l’habitant, c’est l’essentiel. Le touriste a besoin d’un matelas, de l’eau pour se laver et un miroir. Pas plus que cela. Cette forme de tourisme créé un brassage culturel, développe l’économie locale, engendre d’autres sortes de relations qui vont au-delà du tourisme. Cela peut déboucher sur d’autres projets plus collaboratifs de notre pays vers les occidentaux ou vice versa. Il y a beaucoup d’opportunités à saisir dans cela », informe Armand Tobossi. Théodore Atrokpo, l’un des promoteurs touristiques de Bohicon soutient : « Amener le tourisme à la base permet de développer l’économie locale », précise-t-il. Cette réalité, il l’a apprise en pleine crise mondiale de Coronavirus. « Avant, 99,99% de mes touristes sont européens. Mais à l’avènement de la Covid-19 tous sont partis », regrette-t-il. Tabé Gbian, président du Conseil économique et social le confirme. Lors d’un séminaire sur le tourisme, il a affirmé que le tourisme est le secteur le plus touché par la Covid-19. « Les secteurs les plus touchés en première ligne demeurent entre autres, ceux de l’hôtellerie et du tourisme. Les circuits touristiques, les réservations de chambre, les voyages, en somme, toute la chaîne hôtelière et touristique a connu une forte récession en raison de la pandémie », reconnait-il. Théodore Atrokpo a alors tiré la conclusion selon laquelle il faut changer de paradigme en développant le tourisme de proximité. « Faire le maraîchage de telle sorte que le touriste qui vient puisse consommer ce qui est produit sur place. C’est à cela que je m’atèle actuellement », annonce Théodore Atrokpo. Aucun élément de l’environnement n’est donc à négliger. Chaque élément sert de ferment pour développer le tourisme. Dans ce contexte, le tourisme peut prendre un aspect purement culturel composé des danses et rythmes. Il peut prendre aussi l’aspect de la gastronomie.
La genèse du tourisme durable
Au Bénin, le tourisme durable ou alternatif se développe suite aux dysfonctionnements que présente le tourisme de masse. En effet, le tourisme de masse est le déplacement d’un important nombre de personnes dans le but de visiter les sites, les lieux sacrés, les places publiques et les musées. Ils mènent des activités ensemble dans le temps. Compte tenu de son importance, il est devenu une industrie. D’après les explications de Armand Tobossi, le tourisme de masse commence à se pratiquer juste après la deuxième guerre mondiale quand les occidentaux ont compris que le tourisme est une activité économique. Il fallait alors exciter les populations à consommer les produits du tourisme. Ce qui a commencé par les congés payés. Les Etats dans leur politique de promotion touristique ont même financé des familles pour les encourager à aller découvrir en vue de consommer les produits du tourisme. C’est devenu un commerce à partir du moment où beaucoup de gens à la fois ont commencé par fréquenter les endroits, les sites. Les impacts social, environnemental et économique sont devenus de véritables casse-têtes. A partir de cet instant, les gens ont commencé à vouloir créer d’autres formes de tourisme appelées tourisme alternatif dont l’objectif est de réduire les Impacts négatifs sur l’environnement, sur la société et sur la vie économique des gens. Aujourd’hui, on parle beaucoup plus du tourisme durable dans lequel il y a une grande diversité de tourismes. Malgré qu’il soit moins contraignant, le tourisme durable n’est pas encore bien perçu par la grande masse. Une minorité s’emploie à le faire connaître au public.
La contribution du tourisme à l’économie
La contribution directe du tourisme est de l’ordre de 3, 1% au PIB selon les estimations de l’Organisation Mondiale du Tourisme. Les statistiques avancées par le président du CES au cours du séminaire qu’il a eu à initié sur le thème : « Le Tourisme, un socle de développement pour le Bénin : opportunités, contraintes et perspectives » indiquent qu’au Bénin, le tourisme constitue la deuxième source nationale de rentrée de devises et le troisième créateur d’emplois après l’agriculture et le commerce. En 2017, le tourisme générait déjà 2,6% du PIB et fournissait 5,6% de la totalité des emplois béninois. A en croire ses propos, ce chiffre a augmenté et ne cesse de croître d’où l’ambition légitime du Gouvernement de faire du tourisme une filière de développement. L’Exécutif a bien des raisons d’engager des réformes structurelles dans le secteur. Le Bénin, dans son entièreté est un véritable vivier touristique riche et varié du nord au sud, le tout couronné par une diversité culturelle de grande facture. On y trouve entre autres, les plans d’eau navigable et la cité lacustre de Ganvié, la « Venise d’Afrique », le parc W où abondent plusieurs espèces de faunes et de flores et surtout le Parc de la Pendjari, l’un des plus riches parcs animaliers de la sous-région. Ces potentialités constituent une véritable richesse qu’il faut savoir valoriser dans la conception et la conduite des politiques en faveur du bien-être des populations.
Rock Amadji (Corresp. Zou-Collines)