(Près de1200 milliards de francs CFA injectés par la BOAD au Bénin)
Le Choiseul Africa Summit 2025 s’est tenu à Cotonou les 26 et 27 février, réunissant décideurs et investisseurs. La Banque ouest-africaine de développement (BOAD), partenaire de l’événement, a pris part à cette importante rencontre organisée pour la première fois au Bénin. À cette occasion, Sandra Amichia, cheffe de mission résidente de la BOAD au Bénin, a mis en lumière l’engagement de l’institution basée à Lomé et son soutien aux économies de l’UEMOA.
L’économiste du Bénin : Cotonou accueille du 26 au 27 février, le Choiseul Africa Summit 2025. Quel est le principal message que souhaite transmettre la BOAD aux participants, en s’engageant en tant que partenaire de cet événement, particulièrement en lien avec la croissance économique en Afrique ?
Madame Sandra Amichia : Le Choiseul est un rendez-vous international où se croisent décideurs économiques venant d’horizons différents pour discuter des grandes thématiques en lien avec l’investissement et le développement économique et social de l’Afrique. La mission principale de la BOAD étant de soutenir le financement du développement économique des États membres de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), les enjeux qui sont liés à cette grande réunion nous concernent naturellement. Le Bénin, aujourd’hui, est une belle destination pour les investisseurs en lien avec la politique du gouvernement de promouvoir un climat des affaires attractif. Il était naturellement important pour nous d’être présents, de rencontrer les potentiels investisseurs et les informer sur les solutions de financement qu’apporte la BOAD, qui se veut une banque de référence pour un impact durable sur l’intégration et la transformation de l’Afrique de l’Ouest.
L’économiste du Bénin : À ce rendez-vous, la question de la formation de la main-d’œuvre locale est un sujet important. Comment les États ouest-africains peuvent relever ce défi dans les différents secteurs de développement, selon la BOAD ?
Madame Sandra Amichia : Pour parler spécifiquement du Bénin, le plan d’action gouvernemental du Bénin fait justement de la formation une question centrale du développement de ce pays. Et puisque les questions d’éducation sont liées aux questions de formation, nous avons décidé d’élargir nos champs d’intervention à l’éducation. C’est un nouveau secteur que nous adressons, l’éducation étant un des secteurs d’intervention prioritaires que le plan stratégique Djoliba a retenu. C’est vous dire que nous sommes tout à fait conscients que cette problématique d’ensemble doit être adressée. Et aujourd’hui, la BOAD prévoit que sur les financements qu’elle met en place en faveur aussi bien du secteur privé que de l’État, que les secteurs de l’éducation et de la formation puissent être financés. L’objectif est de permettre à nos jeunes d’avoir accès à des formations de qualité qui leur permettront de se positionner dans des secteurs stratégiques pour le développement de nos pays.
L’économiste du Bénin : Le Choiseul Africa Summit 2025 aborde également la question de l’optimisation des chaînes de valeur régionales à travers les infrastructures de transport, la logistique et l’accès au numérique. Que fait concrètement la BOAD aux côtés des États dans leur globalité, et particulièrement le Bénin dans ce sens ?
Madame Sandra Amichia : Le succès d’une économie ne peut pas se faire sans faciliter un déplacement des personnes, des biens et des données dans les meilleures conditions possibles. Et les infrastructures aussi bien routières que numériques jouent un rôle important dans le cadre de nos efforts d’accompagnement de nos économies. A ce titre, notre plan stratégique Djoliba a retenu comme secteur d’intervention prioritaire les infrastructures. Et je ne vous cacherai pas qu’au Bénin, le secteur des infrastructures est notre premier secteur d’intervention avec près de 40% de nos interventions. Et nous travaillons en ce qui concerne la transformation numérique à la mise en œuvre d’un fonds qui soutiendra les actions de digitalisation des processus administratifs mais également le renforcement des infrastructures numériques. C’est vous dire que nous sommes totalement alignés sur cette position de renforcer ces secteurs qui sont primordiaux pour le développement de nos pays.
L’économiste du Bénin : A combien estimez-vous le financement octroyé par la Banque au Bénin jusqu’à présent ?
Madame Sandra Amichia : Le Bénin est en bonne place des pays bénéficiaires des financements de la BOAD. La banque existe depuis 52 ans et sur ces 52 ans, nous avons injecté au Bénin pratiquement 1200 milliards de francs CFA.
Durant ces quatre dernières années, nous avons quasiment injecté 32% de ces 1200 milliards. C’est à peu près 380 milliards qui ont été mis en place sur ces 4 dernières années au Bénin, comparativement aux 52 années d’existence de la BOAD, en finançant bien sûr les secteurs prioritaires comme les infrastructures, l’énergie, la santé, l’éducation, l’immobilier, l’accès à l’eau potable. C’est vous dire que tous ces secteurs prioritaires ont fait l’objet de financements massifs au cours de ces dernières années parce nous considérons qu’il faut pouvoir accompagner d’une manière encore plus rapide et beaucoup plus importante les efforts de développement de nos pays.
L’économiste du Bénin : En termes de gouvernance et de transparence, quelles mesures la BOAD prend-elle pour garantir que ses projets ont un impact réel sur les communautés locales ?
Madame Sandra Amichia : Quand on évalue une opération, il y a certains indicateurs qu’on analyse dans le cadre de la prise de décision. Et ces indicateurs, ils sont connus. C’est notamment les valeurs ajoutées. Tout le financement que la BOAD met en place a pour objectif de contribuer à une augmentation des valeurs, mais également à une création d’emplois. Nous insistons dans le cadre de l’analyse de nos projets sur ces deux éléments.
L’économiste du Bénin : Le rôle du secteur privé est important dans nos économies et on sait que les PME constituent une grande majorité des entreprises installées dans la plupart des Etats. Quelle politique met en place la BOAD pour pouvoir encourager les entreprises du secteur privé?

Madame Sandra Amichia : Pour les PME, nous avons deux démarches pour les accompagner. La BOAD a des niveaux d’intervention assez importants qui ne nous permettent pas toujours de financer directement ces Petites et moyennes entreprises. Nous avons fait le choix de passer par l’intermédiaire des banques locales qui ont la possibilité, au travers des lignes de refinancement que nous leur mettons à disposition, d’adresser cette cible. Et je dois vous l’avouer, sur ces quatre dernières années, le financement en faveur du secteur privé a doublé. Et, l’apport dont ont bénéficié les banques locales en est justement une raison. C’est vous dire que sur ces quatre dernières années au Bénin, au travers des financements accordés aux banques locales, nous avons financé ces Petites et moyennes entreprises. Nous avons aussi une politique de prise de participation dans tous types de fonds d’investissement, qui investissent dans le capital des Petites et moyennes entreprises. Nous avons accompagné plusieurs fonds ces dernières années avec pour objectif, de soutenir la promotion de Petites et moyennes entreprises qui, pour passer à une échelle supérieure en termes de croissance, ont besoin de renforcer leurs capitaux propres. Ces fonds d’investissement nous permettent également d’accompagner le mouvement en faveur des PME.
L’économiste du Bénin : Le Bénin comme certains pays de l’Uemoa, s’est engagé dans diverses réformes de développement. Quel regard sur la gestion du Bénin ?
Madame Sandra Amichia : En tant que banque de l’UEMOA, nous sommes également la banque du Bénin et nous sommes très fiers des avancées qu’a connues le Bénin ces 6 à 8 dernières années. Tout à l’heure, nous l’entendions au moment de la cérémonie d’ouverture : le Bénin, aujourd’hui, est un modèle en termes de transformation économique. Les réformes ont été menées au niveau macroéconomique. Des réformes ont été également réalisées en termes d’attractivité du climat des affaires et d’autres sont toujours en cours pour permettre que la destination du Bénin puisse drainer le maximum d’investisseurs. Et la preuve, Choiseul, un rendez-vous où les grands investisseurs se rencontrent, a décidé d’organiser ce sommet à Cotonou. Ça veut tout dire. Nous sommes tout à fait fiers de participer à cet événement et nous serons très engagés à pouvoir dire et répéter que la BOAD souhaite être cet acteur clé du financement du développement des Etats de l’UEMOA et, bien entendu, du Bénin.