L’invasion russe en Ukraine ne menace pas seulement l’économie des pays de l’Union européenne. Après plus d’une semaine de guerre, le cours du blé a atteint un niveau historique avec les craintes.
Falco VIGNON
En conflit depuis plus d’une semaine, la Russie et l’Ukraine qui représentent près de 30% du commerce mondial de blé, sans compter les autres matières premières agricoles comme le maïs et le tournesol, font flamber les cours. Selon le site VOAAFRIQUE, en séance mercredi matin, le prix du maïs et du blé sont arrivés quasiment à parité, autour de 370 euros la tonne sur l’échéance de mars, « à un niveau jamais vu » en Europe, souligne Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage. Selon Arlan Suderman, économiste au sein de la plateforme de courtage StoneX, « les marchés tentent de réallouer les approvisionnements (…) et pour l’instant, c’est surtout la peur qui domine ». Au septième jour du conflit, relève le site, la mer d’Azov était totalement fermée à la navigation et quelques chargements russes étaient en cours sur la mer Noire, mais avec des chances minces de débouchés. Avec les tirs nourris entre les deux parties, les opérateurs réfléchissent sans succès, à la possibilité d’envoyer des bateaux charger en mer Noire au milieu des navires de guerre. « Les opérateurs réfléchissent à deux fois », souligne Sébastien Poncelet, analyste au cabinet Agritel. En raison de cette tension internationale, certaines factures d’industriels ont doublé. Le prix des pâtes de blé devrait croître une fois les stocks disponibles consommés.
Assaut sur les huiles
Le produit « le plus sensible » est l’huile de tournesol, dont l’Ukraine assure la moitié du commerce mondial, ce qui représente 14% des échanges des huiles végétales, soulignent les analystes. « Cela va être très compliqué de remplacer le tournesol: la crise est arrivée dans une situation déjà très tendue sur ce marché, avec des récoltes insuffisantes pour l’huile de palme en Asie, après les campagnes catastrophiques de colza au Canada et une tension grandissante pour le soja du fait de la sécheresse en Amérique latine », résume Sébastien Poncelet.
Tension sur le maïs
« Normalement au printemps, ce sont plus de 3,5 millions de tonnes de maïs par mois qui sortent d’Ukraine », rappelle Sébastien Poncelet. En Europe, importatrice nette, des pays comme « les Pays-Bas se tournent vers la France, mais le surplus de maïs français ne dépasse pas les 4 à 500.000 tonnes: il n’y a vraiment qu’aux Etats-Unis qu’il y a encore de solides réserves », explique-t-il. Or les Etats-Unis prévoient cette année « une légère baisse des superficies plantées, au profit d’autres cultures plus rentables » comme le soja, le blé ou le coton, indique l’économiste Arlan Suderman. Le Brésil, qui planifie actuellement ses semis, étend ses surfaces de maïs en réponse à la flambée des cours, et pourrait être un recours pour la prochaine campagne. Pour tous ces produits, seuls « deux éléments peuvent arrêter la hausse des prix: un apaisement de la crise et un rationnement de la demande » qui n’interviendra qu’à un très haut niveau de prix, estime M. Poncelet. A la Bourse de Chicago (CME), peu après l’ouverture, le prix du blé de variété SRW atteignait 10,59 dollars le boisseau, en hausse de 7,62% pour le principal contrat à terme, avec livraison en mai. La hausse était bloquée par les limites fixées par le CME pour contenir la volatilité du marché. Le maïs était lui en progression de 1,89% à 7,39 dollars le boisseau, et le soja en baisse de 0,68% à 16,78 dollars.