(Le commerce mondial, levier contre la crise alimentaire)
Face à une crise alimentaire mondiale qui touche plus de 733 millions de personnes, un nouveau rapport de la CNUCED met en lumière le rôle du commerce dans la lutte contre l’insécurité alimentaire. Conflits, changement climatique et inégalités aggravent la situation, mais une coopération mondiale renforcée peut offrir des solutions durables.
S.T.
La faim chronique, jadis en recul, progresse à nouveau de façon alarmante. En 2023, 733 millions de personnes à travers le monde n’ont pas eu une alimentation suffisante et nutritive, soit 150 millions de plus qu’en 2019. Une insécurité alimentaire aiguë, menaçant immédiatement la vie de 280 millions d’individus, reflète l’ampleur de cette crise mondiale. La pandémie, les conflits et le changement climatique ont fait vaciller les systèmes alimentaires, accentuant la vulnérabilité des populations. Dans ce contexte sombre, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dévoile une lueur d’espoir : le commerce mondial. « Le commerce peut stabiliser les marchés, accroître les approvisionnements alimentaires et offrir une protection face aux chocs locaux », affirme le rapport. En Afrique, par exemple, 30 % des besoins en céréales sont comblés par les importations, preuve du rôle vital que le commerce joue dans la sécurité alimentaire.
Cette réalité est illustrée par l’Initiative de la mer Noire, qui a permis la poursuite des exportations alimentaires et d’engrais depuis l’Ukraine et la Russie malgré la guerre. Grâce à cette initiative, l’Indice des prix des denrées alimentaires de la FAO a chuté de 23 %, soulignant l’importance des corridors commerciaux en temps de crise. Cependant, le commerce présente aussi des défis. Les mesures non tarifaires, telles que les normes sanitaires, gonflent les coûts des importations alimentaires de 20 %. Des pays comme le Yémen et Haïti, qui dépendent largement des importations pour leur survie alimentaire, se trouvent particulièrement exposés aux fluctuations des prix mondiaux et aux perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Face à ces défis, la CNUCED appelle à une action urgente et concertée. Réduire les barrières commerciales, supprimer les taxes sur l’aide alimentaire, renforcer les infrastructures portuaires, et promouvoir une agriculture résiliente sont autant de solutions qui, si elles sont mises en œuvre, pourraient transformer le commerce en un allié puissant dans la lutte contre la faim. Sans intervention décisive, d’ici 2030, 582 millions de personnes pourraient souffrir de faim chronique. Le commerce, lorsqu’il est utilisé de manière stratégique et solidaire, peut inverser cette tendance et contribuer à un avenir alimentaire plus équitable et résilient.