Lors des Journées transactionnelles 2024 de l’Africa Investment Forum, tenues du 4 au 6 décembre à Rabat, la Banque africaine de développement, en partenariat avec la DBSA et des investisseurs institutionnels, a signé une lettre d’intention pour une titrisation synthétique d’origination multiple. Cette initiative vise à mobiliser entre 1,5 et 2 milliards de dollars d’actifs pour soutenir des projets d’infrastructure et de financement climatique.
F.V.
Le paysage financier africain s’apprête à franchir une nouvelle étape décisive dans la mobilisation des capitaux privés. La Banque africaine de développement (BAD), la Banque de développement de l’Afrique australe (DBSA), et des partenaires clés, dont Africa50 et Newmarket, ont dévoilé une plateforme de titrisation synthétique d’origination multiple lors des Journées transactionnelles de l’Africa Investment Forum, organisées à Rabat. Ce nouvel outil financier, conçu pour renforcer les capacités de prêt des institutions de financement du développement opérant en Afrique, marque un tournant majeur dans la stratégie de dérisquage des projets de développement du continent. L’initiative s’appuie sur le succès du programme « Room to Run » lancé en 2018, qui avait permis de titriser un milliard de dollars d’actifs. Cette nouvelle plateforme prévoit un portefeuille d’environ 1,5 à 2 milliards de dollars, diversifié géographiquement et sectoriellement, englobant des projets alignés sur les priorités stratégiques de la BAD et de la DBSA.
« Le véhicule de titrisation multi-émetteurs que nous proposons… illustre la manière dont la collaboration entre les banques multilatérales de développement et les investisseurs du secteur privé peut débloquer des flux de capitaux transformateurs », a déclaré Akinwumi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement, lors de la cérémonie de signature. Cette titrisation vise à alléger les bilans des banques multilatérales de développement en transférant le risque de crédit de la tranche mezzanine aux investisseurs privés. La tranche senior, quant à elle, restera sous la gestion des institutions initiatrices. Grâce à ce mécanisme, la BAD et la DBSA pourront dégager de nouvelles capacités de prêt pour financer des projets à fort impact, en particulier dans le domaine des infrastructures et du financement climatique. Boitumelo Mosako, PDG de la DBSA, a salué cette coopération : « Il est impératif que les institutions multilatérales de développement, les gestionnaires d’actifs et les investisseurs institutionnels fonctionnent comme un système pour accroître les financements disponibles pour la croissance de l’Afrique ». De son côté, Molly Whitehouse, cofondatrice de Newmarket, s’est réjouie de poursuivre la dynamique amorcée par Room2Run, se disant « enthousiasmée par les opportunités croissantes offertes par le secteur des banques multilatérales de développement ».
La plateforme de titrisation d’origination multiple entend offrir des opportunités d’investissement attrayantes tout en répondant aux besoins cruciaux de financement des infrastructures africaines. « Cette initiative représente une opportunité cruciale de libérer des capitaux vitaux qui peuvent être stratégiquement déployés pour aider à combler le déficit d’infrastructures en Afrique », a ajouté Alain Ebobissé, directeur général d’Africa50. En canalisant les capitaux privés vers des projets à fort impact, cette nouvelle titrisation illustre la vision de l’Africa Investment Forum : faire progresser les projets africains vers leur bancabilité et accélérer leur réalisation financière. Elle s’inscrit également dans la réalisation des Objectifs de développement durable, des High 5 de la BAD, ainsi que de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.