Malgré une croissance soutenue, le secteur de la microfinance au Bénin et dans l’Umoa doit relever des défis importants pour garantir une stabilité à long terme. Une meilleure supervision, une gestion des risques renforcée et une inclusion accrue des acteurs vulnérables seront déterminants.
Aké MIDA
Au deuxième trimestre 2024, le secteur de la microfinance dans l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa) a montré une dynamique de croissance, avec une progression significative de l’épargne et du crédit, en dépit de défis persistants liés à la qualité des portefeuilles de crédits. L’encours des dépôts au Bénin a augmenté de 4,3 milliards F Cfa (+2,2 %) pour atteindre un niveau globalement élevé au cours du deuxième trimestre 2024, d’après la fiche Situation de la microfinance dans l’Umoa au 30 juin 2024 (Bceao, novembre 2024).
Cette hausse reflète une confiance accrue des clients envers les institutions de microfinance (Sfd). Le montant moyen des dépôts par client s’est élevé à 127 710 F Cfa à fin juin 2024, marquant une hausse par rapport à 2023, indiquant une mobilisation plus importante des épargnants. L’encours total des crédits octroyés a également progressé de 910,9 millions F Cfa (+0,4 %) au deuxième trimestre.
Dans l’ensemble de l’Umoa, la dynamique de croissance des Sfd a permis de servir environ 18,9 millions de clients via un réseau de 4 921 points de service. L’encours total des dépôts s’est accru de 65,7 milliards F CFA (+2,8 %), atteignant 2 416,7 milliards F Cfa. Une tendance similaire est observée pour les crédits, dont l’encours total a augmenté de 43,8 milliards F Cfa (+1,7 %), représentant 2 561,2 milliards F Cfa. Le Sénégal et le Togo ont enregistré les plus fortes hausses, tandis que certains pays comme le Mali et le Burkina ont connu des baisses dans l’octroi de crédits.
Gestion des risques
La qualité des portefeuilles de crédit s’est détériorée, avec un taux de créances en souffrance atteignant 7,9 %, bien au-delà de la norme recommandée de 3 %. Cette situation souligne la nécessité de renforcer la gestion des risques par une supervision accrue des institutions de microfinance et par l’amélioration des capacités de ces institutions à gérer les prêts non performants.
La loi Parmec (Projet d’appui à la règlementation des mutuelles d’épargne et de crédit de la Bceao), qui régit les microfinances dans l’Union, impose un cadre
réglementaire strict, mais dans la pratique, les capacités limitées du régulateur freinent l’application efficace des contrôles. Le nombre élevé d’institutions, dont certaines non autorisées, complique leur contrôle régulier.
Pour améliorer la résilience et la durabilité du secteur, il est crucial d’adopter une approche basée sur les risques pour détecter les problèmes en amont, recommande le Fonds monétaire international (Fmi). De même, l’intégration des structures informelles viables dans le cadre réglementaire formel pourrait renforcer la confiance du public et améliorer l’efficacité du secteur.
Des politiques spécifiques, telles que l’accès facilité au crédit et des programmes de formation, sont également nécessaires pour accroître l’inclusion économique de ces groupes.
La coopération avec des partenaires internationaux met également en lumière l’importance de solutions de financement adaptées, notamment pour combler le « manque intermédiaire » entre les prêts des microfinances traditionnelles et ceux des banques.
Avec 539 Sfd dans l’Umoa à fin juin 2024, le secteur de la microfinance joue un rôle majeur, en particulier pour les populations exclues du système bancaire classique.