La situation financière des communes béninoises au deuxième trimestre 2024 est marquée par des avancées modestes mais insuffisantes face aux nombreux défis du développement local.
Aké MIDA
D’après les données de la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (Dgtcp), les recettes de fonctionnement des communes du Bénin ont atteint 10,5 milliards de francs CFA au deuxième trimestre 2024. Ce chiffre représente une légère augmentation de 0,34 milliard par rapport aux 10,16 milliards F CFA mobilisés au même trimestre en 2023, soit une hausse modeste de 3,34 %.
Cette progression est principalement due à l’augmentation des subventions étatiques, qui ont représenté 7,4 milliards F CFA, soit 70,4 % des recettes totales. Cependant, cette amélioration masque une baisse significative des recettes propres des communes, notamment les recettes fiscales, qui sont passées de 5,36 milliards à 1,46 milliard F CFA d’une année à l’autre, marquant une chute drastique de 72,8 %. Les recettes non fiscales, quant à elles, ont diminué de 42,9 %, passant de 3,85 milliards à 1,65 milliard F CFA sur la même période.
Les principales sources de cette dégringolade se trouvent dans les taxes foncières et les produits des prestations de service, traditionnellement des revenus importants pour les collectivités locales. La faiblesse de la mobilisation des recettes propres est d’autant plus alarmante que les réformes fiscales récemment introduites, telles que l’interlocuteur fiscal unique et le télépaiement, n’ont pas encore porté leurs fruits.
L’analyse des performances des communes met en évidence des disparités importantes. Les communes à statut particulier, comme Cotonou et Porto-Novo, sont les plus touchées par cette baisse des recettes fiscales, tandis que les communes ordinaires et à statut intermédiaire ont enregistré des hausses plus notables. Les communes ordinaires ont ainsi vu leurs recettes augmenter de 68,3 %, tandis que celles à statut intermédiaire ont progressé de 38,7 %. En revanche, les communes à statut particulier enregistrent une baisse inquiétante de 67,6 %.
Les défis liés aux dépenses sous-exécutées
En parallèle à cette baisse des recettes, les dépenses de fonctionnement des communes béninoises sont aussi faiblement exécutées. Sur une prévision annuelle de 88,92 milliards de francs CFA, seulement 11,45 milliards ont été dépensés au premier semestre 2024, soit un taux d’exécution de 12,87 %, en net recul par rapport aux 14,95 milliards de francs CFA dépensés à la même période en 2023.
Les charges de personnel, à hauteur de 5,32 milliards de francs CFA, représentent une part importante de ces dépenses, suivies par les charges liées aux élus locaux, qui s’élèvent à 3,49 milliards de francs CFA. Toutefois, les dépenses en biens et services, indispensables pour le bon fonctionnement des administrations, sont particulièrement faibles, avec un taux d’exécution de seulement 6,86 %.
Le deuxième trimestre 2024 a révélé une situation financière préoccupante pour les communes béninoises. Si des progrès modestes ont été réalisés par rapport à l’année précédente, l’exécution du budget reste largement en deçà des attentes. La dépendance excessive des communes aux subventions de l’État, associée à une chute drastique des recettes propres, expose les collectivités locales à des risques accrus de dysfonctionnement.
Face à ces enjeux, plusieurs pistes d’amélioration sont suggérées, notamment une meilleure gestion fiscale locale, la modernisation des systèmes de recouvrement, ainsi que la mise en œuvre de réformes structurelles plus efficaces. La gestion des ressources humaines apparaît également cruciale pour garantir un meilleur suivi et une meilleure exécution des budgets.