La décarbonation du secteur mondial de construction (BTP) pourrait débloquer environ 1 800 milliards US$ de possibilités de marché dans le monde, ainsi qu’une valeur sociale et environnementale importante, ont révélé le Forum économique mondial (WEF) et le Boston Consulting Group la semaine dernière. Les experts appellent les parties prenantes du secteur, qui est responsable de 37% du total des émissions de gaz à effet de serre (GES), à accélérer la transition verte à partir de maintenant, alors que le réchauffement climatique a atteint le point de non-retour.
Issa DA SILVA SIKITI
« En adoptant des pratiques durables, les acteurs de la chaîne de valeur de ce secteur peuvent également proposer des produits différenciés qui attirent des clients soucieux de l’environnement, accéder aux incitations de financement public et à l’échange potentiel du carbone pour compenser les coûts d’investissement initiaux, améliorant ainsi leur viabilité financière », a indiqué Gim Huay Neo, Directeur général du WEF, dans une tribune publiée sur le site du WEF et corédigée avec Yvonne Zhou, Directrice générale et partenaire principale du Boston Consulting Group.
A en croire Neo et Zhou, les bâtiments verts intègrent souvent des fonctionnalités qui favorisent l’interaction communautaire et l’engagement telles que les espaces verts accessibles et les centres communautaires, améliorant ainsi la qualité de la vie humaine.
« Ces bâtiments réduisent également la pollution, protègent et améliorent la biodiversité. En améliorant la qualité de l’air et de l’eau, les bâtiments verts créent également des conditions de vie plus saines. Par exemple, le Bullitt Center de Seattle, l’un des bâtiments commerciaux les plus verts du monde, devrait générer jusqu’à 18,5 millions US$ de prestations pour la société au cours de son existence grâce à ses différentes caractéristiques vertes », ont-ils souligné.
Selon ces experts, des conceptions et des systèmes qui économisent de l’énergie peuvent entraîner des réductions significatives des coûts opérationnels.
La fin du béton ?
Le secteur des BTP serait également à l’origine de plus de 50% de la demande mondiale en électricité, 32% de la demande en énergie, 12% de la demande en eau potable et consommerait plus de 3 milliards de tonnes de matières premières par an, selon des sources indépendantes.
En Afrique, un continent en proie à une urbanisation folle et une démographique explosive qui ont généré une urgence de construction des logements et des infrastructures, certaines parties prenantes du secteur des BTP réfléchissent déjà à adopter les pratiques durables, telles que produire du ciment « vert » et en finir une fois pour toutes avec du béton.
Selon Laurent Germain, directeur général d’Egis, groupe international de conseil, d’ingénierie de la construction et d’exploitation, cité par RFI, l’utilisation du bois permet, à la fois, de réduire les émissions carbone, mais aussi de construire des ouvrages qui permettent de réduire la consommation énergétique.
Guillaume Habert, ingénieur des matériaux et professeur en construction durable à l’École polytechnique fédérale de Zurich, également cité par RFI, appelle à verdir la production du ciment.