Au cours des dix prochaines années, la Bad s’efforcera d’accélérer les progrès pour une prospérité partagée en Afrique. Le Groupe vient de publier sa Stratégie décennale 2024-2033 qui met l’accent, entre autres, sur la croissance verte et inclusive, la sécurité alimentaire, l’industrialisation, le capital humain, l’assainissement.
Aké MIDA
La vision de la Bad pour les dix années à venir est celle d’« une Afrique prospère, inclusive, résiliente et intégrée ». Cette vision s’appuie sur deux objectifs stratégiques à savoir l’accélération de la croissance verte et inclusive en Afrique et la promotion d’économies prospères et résilientes sur le continent, précise le document de Stratégie décennale du Groupe de la Banque africaine de développement (Bad) 2024–2033.
L’institution financière panafricaine y souligne l’opportunité pour l’Afrique de tirer parti de ses richesses naturelles, dont sa population. Elle se focalise sur une croissance inclusive qui conduira à l’égalité de traitement et d’opportunité et à la création d’emplois. La Bad affiche son intention d’améliorer les opportunités, les ressources, les choix offerts à tous, en particulier aux groupes marginalisés et exclus, notamment les jeunes et les femmes.
La Banque met également l’accent sur la résilience, en veillant à ce que les populations et les pays soient à même de prévenir les chocs multiples et croissants, de s’y préparer et de s’en remettre. Pour ce faire, l’accent sera mis sur l’établissement d’un équilibre entre l’environnement, l’équité et l’économie dans les activités de la Banque pour appuyer la durabilité.
D’ici 2033, des ménages et des entreprises d’Afrique auront accès à des énergies abordables, fiables, modernes et durables. Chaque ménage aura accès à l’électricité et à des solutions et technologies de cuisson propres. C’est du moins le rêve nourri par la Bad qui entend contribuer à accélérer les progrès grâce aux énergies renouvelables. Pour ce faire, il faudra raccorder plus de 600 millions de personnes, en multipliant par trois le taux annualisé actuel de nouveaux raccordements, pour le porter à 90 millions, dont la moitié grâce à des solutions hors réseau. Cela nécessitera la mobilisation d’environ 190 milliards de dollars Us par an jusqu’en 2030.
Agro-industrie et bien-être
Nourrir l’Afrique reste une priorité pour la Bad qui compte renforcer son action en faveur de la transformation de l’agriculture africaine. La population africaine devant doubler d’ici 2050, le développement agricole sera la clé de la sécurité alimentaire, de l’emploi et de la prospérité partagée. Il sera question d’œuvrer à pallier les insuffisances au niveau des infrastructures, des marchés et des politiques. La Bad investira davantage dans les chaînes de valeur agricoles climato-intelligentes, en renforçant les marchés des intrants et des extrants, en appuyant la production et en améliorant les activités post-récolte et d’agro-industriels.
L’industrialisation préoccupe aussi la Bad qui compte faire du secteur manufacturier africain un moteur de création d’emplois, en s’appuyant sur des infrastructures de qualité, notamment celles d’énergie. Cinq secteurs seront priorisés à savoir l’agro-industrie dans des zones spéciales de transformation, la valorisation des ressources extractives, les infrastructures de connectivité, les services numériques et de données, la fabrication des produits pharmaceutiques et de vaccins, le secteur du textile et de l’habillement.
Améliorer la qualité de vie des populations africaines, en particulier les femmes et les jeunes, est au cœur de l’agenda pour 2033. Le continent a d’importants besoins non satisfaits en matière de santé en raison des déficits en infrastructures sanitaires de base ; il ne représente que 18 % de la population mondiale, mais supporte 24 % de la charge de morbidité et 50 % des décès dus aux maladies transmissibles, note la Bad. L’Afrique ne compte que 1,3 lit d’hôpital pour 1 000 habitants (contre 6,1 en Europe) et seulement un lit de soins intensifs pour 100 000 habitants (contre 7 en Inde), rapporte le document de stratégie.
L’autre défi est relatif au manque d’enseignement et de formation professionnels et techniques de qualité, du fait des systèmes d’éducation et de formation de l’Afrique mal adaptés aux besoins des marchés du travail.
La Bad s’attellera aussi à la fourniture des services d’eau et d’assainissement adéquats, à l’élargissement de l’accès à des services financiers et non financiers abordables.
Intégration et besoins transversaux
La libre circulation des biens, des finances et des personnes et la mise en place des chaînes de valeur régionales devraient permettre de jeter les bases d’une économie africaine plus productive et de stimuler l’industrialisation, selon la Banque africaine de développement.
D’ici 2033, la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) aura connu une avancée considérable, espère-t-elle, en s’appuyant sur les éléments constitutifs mis en place par les communautés économiques régionales d’Afrique. Il sera question de booster le commerce intra-africain qui ne représente encore que 15 % des échanges totaux de l’Afrique.
L’élimination des droits de douane, la coopération en matière de gestion des ressources naturelles transfrontalières, comme les forêts et les systèmes fluviaux, la connectivité des infrastructures, permettront d’approfondir l’intégration financière de l’Afrique.
D’autres priorités transversales seront intégrées systématiquement dans les opérations de la Banque et mises en œuvre activement dans le cadre de partenariats et du dialogue politique, en l’occurrence la promotion de l’égalité des genres, les investissements en faveur des jeunes et de leur potentiel, la réponse au changement climatique et la résilience aux chocs, aux conflits et à la fragilité.
La gouvernance économique ne sera pas en reste. La Banque appuiera les efforts des pays africains visant à élaborer des politiques et à développer des institutions nécessaires à des économies dynamiques, diversifiées et inclusives.