Avec une économie peu diversifiée qui respire en grande partie grâce aux exportations de l’uranium et du pétrole, combinée à une dette élevée dans un contexte d’instabilité politique, d’insécurité, des sanctions régionales et du changement climatique, le Niger se trouve actuellement dans une situation délicate qui nécessite des remèdes économiques, politiques et fiscaux adéquats pour sortir de cette impasse. Des multiples suspensions d’ aides au développement de plusieurs pays et organisations vont résulter un manque à gagner de près de 1,2 milliard US$ en 2024 (plus de 6% du PIB du pays). Comme si ces défis n’étaient pas suffisants, le retrait imminent du Niger de la CEDEAO et de l’UEMOA risque aussi de compliquer sa situation économique.
Issa DA SILVA SIKITI
Les répercussions de cette série de crises sur la population – l’une des plus pauvres au monde – sont considérables. L’insécurité alimentaire est exarcebée et la production agricole est en forte baisse. Près de 85% des Nigériens gagnent leur vie grâce à ce secteur. « Renforcer la sécurité alimentaire du pays par l’augmentation des importations de produits alimentaires de base semble difficile et insoutenable. Une pauvreté généralisée, une base d’exportation étroite ainsi que l’éloignement du pays et le fait qu’il soit enclavé – en marge des principales chaînes d’approvisionnement internationales – constituent des obstacles importants à l’accès à des importations à moindre coût pour combler les déficits de la production alimentaire nationale lorsqu’ils surviennent et aggravent la vulnérabilité du pays aux crises alimentaires », a souligné le Fonds monétaire international (FMI).
D’ailleurs, la Banque mondiale a prévenu récemment que 700 000 personnes de plus tomberont dans l’extrême pauvreté cette année au Niger. En plus, a ajouté cette organisation de Bretton Woods, près de deux millions d’enfants pourraient ne pas être scolarisés, dont 800 000 filles.
Radicalisme et souveraineté nationale
Alors que l’économie suffoque, les menaces terroristes persistent, la faim et le chômage gagnent du terrain, forçant des milliers des personnes à choisir le chemin de l’exil, les autorités militaires restent radicales et campent sur leur position en brandissant l’épée de la souveraineté nationale comme arme fatale contre les « traîtres » et les « impérialistes ». La décision apparemment hâtive prise par les trois juntes de quitter le bloc régional entraînera une conséquence difficilement mesurable sur les investisseurs. « Les acteurs économiques doutent que le retrait de la CEDEAO et l’imprévisibilité des décisions à venir contribuent à renforcer la confiance et à décider qui que ce soit de placer ses fonds au Mali, comme au Niger ou au Burkina Faso. Ce qui aurait un impact négatif direct et de long terme pour les entreprises locales », a rapporté RFI.
Cette situation inconfortable qui entrave l’amélioration de la vie et freine le bien-être des populations place le pays à la croisée des chemins. Les putschistes devraient donc prendre une décision mûrement réfléchie pour tirer le Niger du gouffre. Bon nombre d’observateurs pensent qu’il est temps de ravaler leur fierté et donner la chance au dialogue afin de restaurer la paix avec les États de la sous-région et les partenaires traditionnels dans l’espoir d’obtenir ne fut-ce qu’une goutte de soutien financier qui pourrait réhydrater le pays à court terme.