Le secteur primaire afficherait une croissance soutenue de 5,5 % en 2024, impulsée par la poursuite des projets et réformes. Une attention particulière sera accordée au coton, filière phare, qui connaît une baisse de la production.
Aké MIDA / Illustration : voir en bas de l’article
Le secteur primaire enregistrerait une amélioration de sa valeur ajoutée qui progresserait de 5,5 % contre une hausse de 4,8 % prévue pour 2023, selon le Rapport économique et financier annexé au projet de loi de finances, gestion 2024 (Mef, Octobre 2023). Lavaleur ajoutée au niveau du secteur s’est accrue de 4,8 % en 2022 après 5,2 % en 2021.
Cette progression, tirée par l’agriculture, est favorisée par l’amélioration de la production vivrière et la bonne progression des cultures d’exportation, hors coton, notamment l’ananas et l’anacarde, qui a permis de compenser en grande partie la contreperformance de la filière coton. Pour 2024, la dynamique serait impulsée par la poursuite des actions et réformes dans le secteur, notamment le renforcement de l’encadrement des producteurs, la mise en place, à bonne date et en quantité suffisante, des intrants coton et des intrants spécifiques pour la production vivrière, les mesures de facilitation de l’accès aux financements adaptés à travers l’opérationnalisation du Fonds national de développement agricole (Fnda).
Plusieurs projets d’envergure contribueront à soutenir cette dynamique, en l’occurrence le Projet d’appui au développement agricole et à l’accès au marché (Padaam), le Projet d’appui au développement du maraîchage (Padmar) et le Programme national de développement des plantations et des grandes cultures. Spécifiquement, ce dernier programme permettra d’optimiser la mise en valeur des terres cultivables et d’attirer des investisseurs agro-industriels nationaux et/ou internationaux pouvant apporter une forte valeur ajoutée aux produits des filières agricoles du pays. A ce titre, plusieurs spéculations sont identifiées, à savoir, l’anacardier, avec une superficie de 500 000 ha, l’Hévéa avec une superficie de 100 000 ha, le cacao, pour une superficie de 50 000 ha, le cocotier pour une superficie de 20 000 ha.
A l’instar de la campagne 2022-2023, les cultures industrielles ou d’exportation telles que l’ananas, l’anacarde, le palmier à huile, devraient être globalement dynamiques (+11,5 %), avec une importante progression (+20,6 %) pour la production du palmier à huile.
Prime au coton
La filière coton, première culture de rente du Bénin, devrait enregistrer un accroissement notable de la production de 15,7 %, à la faveur d’une nette amélioration des rendements qui seraient portés à environ 1 300 kg/ha en 2024 après 1 159,2 kg/ha un an plus tôt.
La production devrait enregistrer une augmentation de 4,1 % pour s’établir à 612 504 tonnes en 2023 contre une réalisation de 588 105,4 tonnes en 2022 et une estimation de 766 273 tonnes pour la campagne 2021-2022, selon les chiffres de l’Association interprofessionnelle du coton (Aic, août 2023).
Malgré les subventions d’environ 30 milliards F Cfa mises en place par le gouvernement en début de la campagne, une baisse de la production cotonnière de 23,3 % est notée au titre de la campagne 2022-2023, en lien avec les attaques de « Jassides », les effets du changement climatique avec des poches de sécheresse, le boycott de certains cotonculteurs, la non-maîtrise de l’utilisation d’un nouvel engrais par des producteurs. Toutefois, le Bénin conserverait son rang de premier producteur de l’or blanc en Afrique, en dépit de cette régression principalement liée à la chute des rendements attendus.
Pour améliorer la productivité en 2024, les actions envisagées portent sur la catégorisation du bassin cotonnier en des niveaux d’intensification différenciée, l’établissement d’un partenariat avec Météo-Bénin pour une meilleure diffusion des messages de prévisions pluviométriques au profit des producteurs, la production et la mise en place de semences de qualité et en quantité suffisante. Le renforcement du personnel d’encadrement et de formation technique, la poursuite de l’appui-conseil différencié mais couplé avec le développement de la mécanisation agricole des différentes opérations culturales devraient induire un changement qualitatif. Une meilleure gestion des outils de suivi digitalisé des activités de la campagne est envisagée ainsi que l’amélioration du suivi des parcelles coton avec l’optimisation des Outils numériques éducatifs (One). L’accent sera également mis sur l’adoption des bonnes pratiques culturales, l’implication des Techniciens stagiaires (Tstag) pour appuyer les Conseillers agricoles dans le suivi des parcelles coton ainsi que la motivation des producteurs à travers l’octroi de primes
La filière coton bénéficiera, par ailleurs, de l’amélioration des activités d’égrenage, à la suite de l’augmentation de la production cotonnière au cours de la campagne 2023-2024.
Croissance par branches du secteur primaire sur la période 2021-2023 (en %)
Branches d’activités | 2021 Estimation | 2022 Estimation | 2023 Prévisions |
Agriculture | 4,6 | 4,5 | 4,9 |
Élevage, chasse | 9,9 | 7,4 | 5,9 |
Pêche, sylviculture et exploitation forestière | 3,5 | 3,5 | 2,4 |
Secteur primaire | 5,2 | 4,8 | 4,8 |
Source : INStaD-DGE, septembre 2023